«5ème Set» : un hommage magnifique au tennis


Baptiser le héros de son film «5ème set» du prénom et du nom de l’un des inventeurs du cinéma, pour sa sortie en plein confinement, alors que les rumeurs s’éteignent sur Roland-Garros, pourrait relever de gags bien volontaires. Pourtant, il semblerait que Quentin Reynaud, réalisateur de ce film qui sera projeté sur les écrans de France, dès le 16 juin, n’ait pas voulu jouer les provocateurs.
Reprise des soirées au ciné…Avec Alex Lutz, alias Thomas Édison, 37 ans, et 20 ans après sa demi-finale perdue dans le temple du tennis de Roland-Garros, qui veut renouer avec la victoire, avant les 40 coups de l’horloge de sa vie. Entraînements poussés, soins avec ou sans kinésis, régimes, le tout sous l’œil attentif, enamouré, complice, mais un peu désabusé de son épouse, Ana Girardot, une ancienne des circuits qui veut y croire, sans trop espérer…que ce dernier défi face au temps, aux records, à la jeunesse soit une si bonne idée que ça.
Avec près d’un million et demi de licenciés en France, le film qui transmet bien l’univers de ce sport peut atteindre des records de fréquentation et pourrait servir de support pédagogique dans toutes les écoles de formation de France. Quentin Reynaud, qui a pratiqué à un haut niveau, ce sport difficile, dur et formateur tant d’un corps que d’un esprit, a su placer sa caméra aux bons endroits pour des cadrages aussi puissants que les balles frappant les cordes des raquettes.
«Je voulais que tout soit parfait et crédible à 100%. Et on devait respecter ce cadre si prestigieux et s’en servir pour produire du presque vrai. On n’avait pas envie d’y faire n’importe quoi. Ce lieu lui-même est un acteur »
Il souligne la chance que lui et l’équipe ont eue de tourner là, ce qui ne s’était jamais fait, à Roland-Garros sur une durée assez longue avec les encouragements des permanents qui s’y trouvaient et d’un public de figurants ravis de se trouver là.
Alex Lutz, sportif accompli, mais pas en tennis reconnaît qu’il a un peu pratiqué jeune, mais que ce tournage lui a permis d’acquérir plusieurs paliers au sein desquels il se sentait, au fur et à mesure des leçons avec des coaches et entraîneurs, assez à l’aise.
Le Loirétain venu en voisin pour l’avant-première aux Lobis, à Blois, en compagnie d’Ana et Quentin, se souvenait de son passage pour «Guy» (une autre production Apollo films-CGR), ici même en 2018.
Le trio, décontracté mais un peu tendu, se montrait heureux de retrouver un public en chair et en os, même si Alex avait accepté quelques rendez-vous en théâtre et Ana avait joué un peu à Aix-en-Provence, pendant les confinements.
«Cela nous fait plaisir de venir échanger avec un public qui, comme nous, a été privé de loisirs…Ça paraît bizarre et rassurant à la fois. Comme dans un rêve. Les liens vont vite se renouer avec les spectateurs, aussi impatients, que nous, de vivre. La reprise sera flamboyante. L’Art et Essai a encore de beaux jours à vivre et on appréciera de suivre un film en salle, de le partager, d’entrer dans l’écran. Tout ce que l’on ne peut faire face à un écran plat dans une pièce exiguë de la maison».
Ana Girardot a précisé la puissance de son rôle «effacé» de femme de champion, «une carrière qu’elle n’aura jamais car, avec lui, elle a fait le choix d’avoir un enfant et d’abandonner les circuits».
Connaissant bien son caractère, elle ne pouvait à l’écran que l’encourager à aller jusqu’au bout de son rêve même si, puisqu’elle en savait la dureté, elle était sûre que la revanche tant espérée n’arriverait pas.
Elle entoure, un peu, son époux comme le fait sa belle-mère, en étant consciente que ce dernier défi, même insurmontable, aura permis à Thomas de se prouver à lui-même, et aux autres que rien n’est fini, même à la veille de l’arrivée des 40 ans dans la vie d’un homme, certes, mais encore plus dans celle d’un sportif…
Un débat dans la salle à l’issue de la première projection (une autre avait lieu à Orléans) a permis un échange oral, et non de balles, entre un public composé de nombreux tennismen et tenniswomen et Thomas, accompagné de ses coaches Ana et Quentin. Le couvre-feu a clos les échanges et personne n’a joué de nuit…

Jules Zérizer