Municipales : les enseignements du 1er tour


Retrouvez l’analyse des résultats du 1er tour des municipales dans les quatre plus grandes villes de l’Indre et du Cher.

ISSOUDUN

Municipales : le duel n’a pas vraiment eu lieu 

Laignel« Compte tenu du contexte de crise, des divisions à Gauche, d’une campagne détestable, je pensais que c’était impossible de faire mieux qu’en 2008. Du fond du coeur, merci aux Issoldunois, à l’ensemble des colistiers qui permettent l’élection dés le 1er tour à 67,73% avec 28 sièges des conseillers municipaux. Ce résultat est celui d’une équipe qui est allée à la rencontre des concitoyens : porte-à-porte, marchés, réunions publiques, diffusion des documents de campagne… Je salue l’engagement de chacune et chacun des membres de la liste «Issoudun pour tous». Je ressens ce dimanche soir la fierté immense d’être reconnu par les Issoldunois. Quoiqu’il arrive, je pourrai dire que je n’ai pas tout à fait raté ma vie. Pendant cette campagne, mes adversaires ont essayé de dire que rien n’avait été fait depuis six mandats pour cette ville. Ce n’était pas crédible.

Issoudun pour tous, tous pour Issoudun ! Je vous donne rendez-vous dimanche prochain à 10h30 pour l’installation du conseil municipal et l’élection du maire à l’Hôtel de ville. » C’est par ce message après l’annonce officielle des résultats dimanche soir et sur les réseaux sociaux qu’André Laignel, élu pour la septième fois consécutive à la mairie d’Issoudun, a fait part de sa satisfaction de retrouver son fauteuil.

Le vieux sage a fait la campagne comme il l’entendait. Dans son style. A sa manière. En artiste de la politique locale qu’il sait être. Présent à l’heure dite, pas un jour avant, pas un jour après, il a su mobiliser ses troupes et fédérer autour de lui. Depuis son premier sacre, il aurait pu subir le contrecoup de l’usure du pouvoir. Que nenni ! Du coup, il fait mieux que les 65,23 % de 2008 alors que trois listes étaient en lice. Son adversaire, Brigitte Colson, a fait mieux elle aussi et passe de 25,07 % à 32,27 %. Une augmentation qui s’explique facilement par l’identité de la liste proposée qui de Divers Droite devient Union de la Droite. Libellé qui implique une affiliation plus ou moins prononcée à l’opposition gouvernementale.  Malgré ses efforts, malgré un livre polémiste envers le maire sortant, malgré le rassemblement de la Droite classique et l’inexistence d’une liste frontiste, la conseillère d’opposition retrouve son siège en mairie mais ne sera accompagnée que de quatre autres élus sur les 33 que compte l’assemblée municipale.

F.S.

CHÂTEAUROUX

Les socialistes s’effondrent …et tentent de rebondir

La multiplication des listes de droite n’a pas handicapé Gil Avérous qui vire largement en tête. Mark Bottemine (PS) est le grand perdant du premier tour.

L’antienne disant que Châteauroux est une ville de centre gauche a vécu, dimanche soir. En ratissant tous les suffrages de gauche, au terme du premier tour de l’élection municipale, on arrive péniblement à 30% des voix. Les trois listes issues de l’ancienne majorité n’ont pas découragé les électeurs de droite qui ont placé Gil Avérous nettement en tête de ce premier tour avec 33,91% des voix, devant Régis Tellier 17,27%, ancien maire adjoint de la municipalité sortante, qui contestait le choix de Gil Avérous pour conduire la liste. Le total de ces deux listes (51,18%) représente, en pourcentage celui qu’avait réalisé Jean-François Mayet lors de sa réélection en 2008. Autant dire que le socle électoral de la droite pour l’élection municipale n’a pas rétréci.

Mieux même il s’est élargi avec une liste Front National (absente des derniers scrutins) à 11,63% et une autre liste dirigée par Arnaud Clément, maire adjoint sortant qui réunit 7,31% des suffrages.

A gauche seul le Front de Gauche conduit par Eric Bellet échappe à la punition. Avec 10,84% il réussit un score assez proche de celui de Mélenchon à la présidentielle. En revanche Lutte ouvrière à 1,64% voit son score divisé par trois. Quant au 17,37% du parti socialiste et de ses alliés c’est un peu à l’image du résultat national aggravé de surcroît par les querelles internes du PS local.

Cinq listes restent donc qualifiées pour le second tour. La discipline républicaine n’a pas joué entre les listes Bottemine et Bellet, le front de gauche n’a pas souhaité servir de béquille au parti socialiste dans la défaite. Gil Avérous n’avait, a priori, besoin de personne pour transformer l’essai en bénéficiant du vote utile qui lui permettra de passer la barre des 36%, pourcentage suffisant pour espérer remporter cette pentagulaire. Les contacts avec les listes de l’ancienne majorité n’ont été que de pure forme. Du coup Régis Tellier doit aller jusqu’au bout de sa démarche. Comme le Front National reste sur ses positions, puisque son but est avant tout d’entrer au conseil municipal nous nous retrouvons bien avec cinq listes au second tour. Les 1300 voix d’Arnaud Clément vont être très convoitées. Après la disparition de la liste son électorat risque cependant de regagner sa famille naturelle et de se répartir entre droite et gauche, pour un résultat final qui ressemblera comme un frère à l’ordre d’arrivée du premier tour.

COUP DE THÉÂTRE DE DERNIÈRE MINUTE

Bottemine, Clément, Tellier même combat contre l’UMP

Coup de théâtre mardi entre les deux tours,  dans la course à la mairie de Châteauroux. Régis Tellier et Arnaud Clément, dont les offres de service à Gil Avérous ont été repoussées, ont entamé des négociations avec Mark Bottemine (PS) qui avait essuyé un refus d’alliance de la part d’Eric Bellet et de sa liste de Front de Gauche.

Après une réunion en fin de matinée et une consultation des colistiers dans chacune des trois permanences, trois délégations se retrouvaient à 14h30 pour finaliser une liste commune dans laquelle socialistes et colistiers de Régis Tellier se retrouveraient à égalité, les autres places revenant à la liste Clément. Toutes ces formations se rassemblant sous la bannière Front Republicain. Il ne devrait donc rester que quatre listes au deuxième tour et la fin de campagne s’annonce explosive.

Pierre Belsoeur

BOURGES

Et maintenant ?

Nous annoncions dans nos colonnes voilà quelques semaines que ce premier tour des municipales à Bourges était bien difficile à analyser et surtout, que les prévisions pouvaient s’avérer intempestives voir totalement remises en cause. Celui que les sondages de nos confrères de la presse locale plaçait en quatrième position avec une probabilité de 17 % est deuxième avec 24.18% soit 5320 voix derrière la candidate socialiste qui elle totalise 5358 voix avec 24.35 % des voix. C’est dire si la prudence est toujours de mise dans ces élections où cette année, se mêlaient beaucoup de paramètres incontrôlés et incontrôlables. Ne serait-ce que l’abstention qui pointe à 48.53% contre 43.77 % en 2008. Le mécontentement, le vote sanction pour les listes de soutien au gouvernement et le ras le bol ambiant de la politique ont fait le reste. Dans une ville où le taux de chômage est important, où les gens dans certains quartiers et l’on peut penser aux jeunes ont boudé ou ne se sont pas déplacés ;  tous ces paramètre donnent une image bien terne de la vie publique mais à qui la faute ? Pascal Blanc, que personne ne donnait en tête surtout pas dans les sondages de la presse locale se positionne au soir de ce premier tour comme le leader de la droite Berruyère. Dans le hall de la mairie dimanche soir, il y a avait comme un vent de fête et bien qu’il ne faille pas vendre la peau de l’ours…..il était de fait que la droite locale avait son candidat pour le second tour. Dauphin du maire sortant qui lui aussi avait la mine réjouie des grands soirs, Pascal Blanc a bénéficié du vote  des quartiers à la périphérie, le centre ville étant plus favorable à Véronique Fenoll la « donnée » vainqueur à droite…qui a manifesté assez tôt son ralliement à Pascal Blanc. Le troisième larron de l’échantillon droite Franck Thomas Richard sera avec ses 6.11% un élément intéressant dans les tractations de second tour. A gauche, Irène Félix arrive en tête avec  24.35% soit 5358 voix au coude à coude avec Pascal Blanc. Elle devrait pouvoir compter sur le report des voix de gauche  de Jean Michel Guérineau 17.59 %, des verts  de F.Terrier, s’ils jouent le jeu des alliances et pourquoi pas de Lutte Ouvrière de Colette Cordat mais là rien n’est joué et la semaine qui s’annonce sera assurément très « chaude » tant les personnalités en question ne sont pas c’est le moins qu’on puisse dire dans des relations transcendantes. Les antécédents, la politique gouvernementale et les égos des uns et des autres devront être mis au placard tant les enjeux sont importants. Sur les résultats de ce premier tour, la droite incontestablement est en position avantageuse mais sans marge conséquente en cas de ralliement massif des forces de gauche. Les abstentionnistes vont-ils se réveiller et apporter leur soutien  à l’un ou l’autre des deux candidats (normalement) ? rien n’est certain et ce mécontentement ambiant pourrait bien affaiblir la gauche. Profitera t-il à la droite ? Il y aura assurément dimanche soir des joies et des peines mais dans quel camp, tout reste jouable.

J.F.

Les résultats du 1er tour :

  • I. Félix PS 24.35% 5358 voix
  • P. Blanc UDI 24.18% 5320 voix
  • V. Fenoll UMP 21.65 % 4763 voix
  • J.M. Guerineau FDG 17.59% 3870 voix
  • F.T Richard DVD 6.11% 1344 voix
  • F. Terrier EELV 4.36% 959 voix
  • C.Cordat LO 1.76% 388 voix
  • Abstention : 48.53% soit 21 944
  • Votants 51.47% soit 23278
  • Inscrits : 45222
  • Exprimés : 48.65% soit 22008

VIERZON

un deuxième tour, arbitré par le FN, sera nécessaire

En 2014, on part pour un tour ou bien deux ? C’était la grande question que bon nombre d’observateurs se posaient, ce week-end, au regard des listes présentées à Vierzon dans le cadre de cette élection municipale. Lors du précédent scrutin, le maire sortant n’avait eu besoin que d’un dimanche pour reprendre la mairie abandonnée dix-huit ans plus tôt à Jean Rousseau. Si le nouveau maire, Nicolas Sansu, avait franchit la barre des 57 %, le sortant avait dépassé les 31 %, alors qu’une troisième liste, celle de Joël Hallier était tout juste à 10 %. Pas de liste Front National, pas de liste Lutte Ouvrière voilà six ans. La donne était toute autre cette fois-ci. Et le résultat en a été tout autant perturbé.

On retournera donc aux urnes ce dimanche puisque la liste Front de Gauche-Socialiste-les Verts, de Nicolas Sansu pointe à 38,83 %, celle Divers Droite, conduite par Nadya Essayan associé à Jean Rousseau, réalise 27,43 % alors que, en troisième place arrive le rassemblement Bleu Marine de Bruno Bourdin à 20,50 %. Hors course pour le deuxième tour, le Movie de Stéphane Mousset, pourtant adoubé par l’UDI et l’UMP, ne rassemble que 8,64 % des voix. L’UMP fait profil bas dans la deuxième ville du cher depuis un bon nombre d’années. Ce dernier scrutin démontre s’il en était besoin que, malgré la vague nationale de l’opposition gouvernementale, la marée n’a pas vraiment atteint toutes les rives du Cher. Les mois à venir ne vont pas être facile pour la Droite classique en ce coin de Berry. Quant à Lutte Ouvrière, avec un score proche des 5 % (4,62%), son leader Régis Robin peut se targuer de ne pas avoir vu son électorat s’effriter. Surtout, il sait désormais que ce n’est pas son électorat prolétaire qui a été siphonné par le FN.

A priori, dans cette triangulaire, le maire sortant est en position de force même s’il avouait, au soir du premier tour, « je savais que ce serait dur ». Un ballottage favorable pourtant mais qui sera arbitré par le FN. Un Bruno Bourdin plutôt « satisfait » avant d’aborder la dernière ligne droite. Pour le Centre Droit , faire basculer le maire sortant demandera un effort de persuasion envers les électeurs de Stéphane Mousset. D’autant que le score des abstentions est bien au-dessus de la moyenne nationale avec 43,62 %. Du coup, puisque l’on sait que la Droite, en particulier à ses extrémités, n’a pas manqué de mobilisation pour le premier week-end du printemps, c’est du côté des électeurs de Gauche que les regards et les attentions vont se tourner cette semaine.

F.S.