Nouvelle maison de la culture : les opposants s’insurgent et proposent une alternative

Bourges
Le désormais feuilleton de cette maison de la culture 2 (MCB) continue d’alimenter les passions et le collectif « Luttes Séraucourt » regroupant onze associations avait invité la presse à un petit déjeuner pédagogique et argumenté. Le « fiasco » de la maison de la culture était analysé avec précisions tant sur le fond que sur la forme et notamment sur un tableau comparatif des plans financiers. Un « projet à la dérive et un fiasco scandaleux » le thème était lancé fort et virulent. Tous insistaient sur le fait que Bourges devait posséder une maison de la culture mais ce projet municipal de la dite maison du XXIe siècle ne passe vraiment pas : « … ni opportun, ni adapté à la vie culturelle de la ville, conduit dans l’opacité, sans consultation et dans la désinformation des citoyens, des élus de Bourges et des médias… ». Le maire actuel Pascal Blanc et son prédécesseur Serge Lepeltier étaient accusés d’avoir laissé croire que le site historique ne permettait pas une réhabilitation de la MCB. Le collectif et Christian Gimonet architecte, documents et plans  à l’appui,  démontraient le contraire et la faisabilité de la conservation de la Maison de la Culture : « …prétendre le site non réutilisable était infondé sérieusement d’autant qu’aucun document prouvant cette impossibilité n’a pu être produit par les représentants de la mairie ni de l’Etat… » Christian Gimonet présentait une « étude architecturale alternative  plus simple que  celle présentée par l’atelier d’architecture Chaix et Morel et surtout moins couteuse… », induisant de fait une remise en cause du projet actuel jugé très onéreux et « …auquel il faudra vraisemblablement rajouter les dépenses de réaffectation du bâtiment historique… » Un nouveau concours est donc demandé ainsi qu’une inspection générale conduite par un inspecteur du Ministère de la Culture, un inspecteur du ministère de l’environnement et un membre de la commission Nationale de débat public pour faire la lumière sur ce dossier dans « lequel trop d’erreurs ont été commises, accompagnées de trop de fausses informations… » S’ensuivait  un argumentaire décliné en treize points sur ce « fiasco scandaleux… »
– La gestion calamiteuse du projet depuis le début,  avec en cause, la précipitation de l’ancien maire et son équipe passant en quelques jours d’un projet de réhabilitation à un projet de construction sans la moindre garantie de financement
– Les réajustements du budget qui se sont succédés de 2009 à 2012 passant de 12,8 millions d’euros HT à 19 millions. « …on découvre qu’on ne peut pas creuser à cause des vestiges gallo-romains, on envisage la surélévation et cette succession de correctifs démontrent combien l’évaluation initiale du projet  a été sommaire… »
– Le Maire de Bourges a caché aux berruyers que l’espace de l’ancien conservatoire de musique et de danse n’a jamais été inclus dans le projet en 2013 ».
– Le rapport du service régional d’Archéologie (2012) prescrivant l’arrêt du chantier après avis du Préfet de région et prescrivant de procéder aux fouilles archéologiques (verbal et non dit). Puis le temps des fouilles qui ne devaient durer que six mois, le contrat des architectes lauréats dénoncé et annoncé le 26 mars 2014, en lançant un deuxième concours sur un autre terrain sans concertation locale  mais avec «…un arrangement entre le maire ancien ministre et la ministre de la culture de l’époque…»  Le contrat de Plan Etat Région 2015-2020 et le fait que seul le maire a choisi le lieu approuvé par son conseil municipal en ne privilégiant pas l’intérêt général… La défense des arbres de Séraucourt, la destruction de l’âme de la place Séraucourt et ce projet MCB2 qui ressemble plus à un espace culturel qu’à une maison de la culture. Enfin ce projet est énergivore. Le côté finances est passé au crible  avec un tableau comparatif des plans de financement entre le budget de réhabilitation et celui de la MCB2 : « …La facture pour les Berruyers s’il n’y a aucun dépassement par la suite passera de 5,6 millions à 19 millions ». «… Ce qui a été dépensé par la ville et les collectivités publiques pour les démolitions et les indemnités versées aux entreprises sur le site historique est évalué à 7 millions d’euros : c’est ce que les Berruyers ont déjà payé… » Une réunion publique aura lieu ce mercredi 22 avril à 18h30 salle Familia 19 rue Marcel Haegelen où un exposé détaillé sera présenté.
Informations  et renseignements
Collectif Luttes Séraucourt 110 rue Charlet Bourges
Mail : luttes.seraucourt.bourges@gmail.com
J.F.
Réactions du Maire de Bourges
Pascal Blanc maire de Bourges a bien voulu répondre à nos questions suite aux mises en cause et « arguments  oppositionnels » du collectif « Luttes Seraucourt » : «  Avant de répondre, je voudrai pour la énième fois refaire un peu d’historique sur cette affaire. La première réhabilitation  a été une demande de l’Etat et se chiffrait à 12 millions euros. Ensuite, le cahier des charges a évolué, notamment sur des contraintes afin de conserver le label national. Par exemple, le grand et petit théâtre devaient pouvoir fonctionner en même temps et il fallait que la grande scène puisse recevoir des décors actuels qui n’ont rien a voir avec ceux d’hier, puisqu’il fallait les découper afin qu’ils puissent entrer et tenir. Pour les vestiges : « on savait bien évidemment ce qu’il y avait en dessous, on nous l’avait confirmé  et ce n’était pas une découverte. Pour respecter les normes nationales de cette grande scène, il fallait rehausser et enfoncer légèrement le petit théâtre, sinon ce rehaussement se situait à 15 m et l’architecte des bâtiments de France nous l’interdisait car nous étions dans le cône de visibilité de la cathédrale. Il fut question d’enfoncer seulement de 7/8 m le bâtiment et de le rehausser du complément. Evidemment tout cela a fait grimper l’ardoise financière et c’est comme cela que nous sommes passés de 12 à 19 millions d’euros. L’Etat et la DRAC ont fait un diagnostic et nous ont dit «on arrête». Entre temps, nous avions lancé des appels d’offre et attribué des premiers lots ; nous étions au printemps et au mois d’août, la DRAC nous dit finalement il y aura des fouilles préventives. On arrête de construire, on lance les dites fouilles ce qui coûte encore très cher. Il faut indemniser l’entreprise qui était venue avec de gros engins et rétribuer celles à qui on avait attribué des lots. Tout cela a fait monter la facture à 24 millions d’euros. Et encore, le cinéma et le restaurant n’étaient pas concernés. Alors, je veux bien communiquer mais nous sommes des élus mis en place par les berruyers et c’est nous qui devons prendre les décisions. Dire qu’il n’y a pas eu de concertation est incorrect car, ne serait-ce qu’en 2013, il  y avait plus de 1100 personnes dans le hall de la mairie où mon prédécesseur avait expliqué les raisons de ces changements. Etaient d’ailleurs présents les membres des Amis de la Maison de la Culture. La maîtrise des prix : nous l’avons là aussi expliqué, on peut il est vrai tirer facilement sur le pianiste mais aujourd’hui, repartir sur le fait de dire que l’on peut construire sur le site historique, je ne veux plus perdre de l’énergie sur le sujet qui a, je le répète, été expliqué et réexpliqué aux collectifs par Madame la Préfète, la Drac et l’architecte des bâtiments de France. Que dire de plus ? on ne va pas faire une réunion toutes les semaines pour expliquer la même chose et pour moi le sujet est clos. On va conserver le site historique et nous avons lancé une grande  consultation citoyenne afin que chaque berruyer puisse donner son avis  sur ce que l’on va y faire. Les partenaires nous soutiennent, l’Etat, la Région et je rencontre bientôt le nouveau président du Conseil Départemental pour finaliser notre partenariat. D’ailleurs, la venue de la ministre de la culture le 29 avril sera l’occasion de vérifier tout cela. En ce qui concerne les fissures du bâtiment actuel, cela n’est pas nouveau non plus, l’architecte des bâtiments de France a visité le site et a vérifié que les mesures prises étaient conformes. Quelques compléments seront apportés mais on nous a confirmé qu’à ce jour il n’y avait aucune dangerosité. Je crois qu’il est temps de montrer de la solidarité et sérénité car c’est comme cela que nous arriverons à bâtir notre maison de la culture. Nous avons démontré avec l’implantation de l’école d’ingénieurs par exemple, qu’avec de la solidarité et de la compréhension mutuelle, on pouvait réussir ; alors laissons de côté les positions dogmatiques et avançons ensemble pour que Bourges reste une ville attractive et culturelle.
J.F.