Orléans : Étoiles du Nord, quatre siècles de dessin


Le musée des Beaux-Arts d’Orléans propose pendant tout l’été, une remarquable exposition de dessins, d’estampes, d’aquarelles et de sanguines, réalisés le plus souvent par des grands maîtres. Une fois encore, un trésor oublié renait à Orléans !
Devant chaque dessin, on se demande invariablement : « comment a-t-il fait « ? Comment peut-il y avoir autant de précision dans le trait ? Comment les reliefs, les ombres, les teintes peuvent-ils être aussi bien rendus, avec le seul usage de la mine ? Pour cette seule raison, un passage par le musée des Beaux-Arts d’Orléans s’impose aux amateurs de dessin, d’aquarelle et de pastel. Le musée présente en effet une sélection de dessins nordiques, issus de ses propres collections. Olivia Voisin, sa directrice, a une fois encore exhumé quelques trésors qui le méritaient bien. Une collection très large, jamais étudiée et qui n’avait fait l’objet d’aucun inventaire. « Il était important de savoir de quoi nous disposions dans nos réserves », explique Mehdi Karchane, commissaire scientifique et responsable des arts graphiques au musée d’Orléans. Cette exposition s’est donc inscrite dans le programme d’étude des œuvres inventoriés du musée des Beaux-Arts.

L’inattendu dans chaque salle
180 dessins, sur les 13 000 que compte le fonds muséal orléanais, sont ainsi présentés, tous réalisés entre les 16e et 19ème siècles, par des artistes Hollandais, flamands, danois, d’Allemagne, de Suède et même de Suisse. Certains sont des chefs-d’œuvre, signés Rubens, Jordaens, ou Stradanus ; d’autres ont été retenus pour leur curiosité, même s’ils ne sont que « attribués à… », voire même des copies faites au 17ème siècle par des artistes en mal d’argent, et néanmoins reconnues pour être de très grande qualité ! « Certaines œuvres dites « problématiques » ont été ajoutées, explique David Mandrella, commissaire de l’exposition, comme ce dessin d’un élève de Jules Romain, que Rubens avait acheté pour le retoucher et le rehausser de blanc, comme il le faisait souvent ». Cette magnifique collection du musée, on la doit en partie à Aignan-Thomas Desfriches, collectionneur orléanais majeur, qui certes ne connut pas l’ouverture du musée en 1823, mais qui fit don à sa mort en 1815, de la collection qu’il avait dans sa maison-musée de Saint Pryvé-Saint-Mesmin. On la doit aussi et surtout à Paul Fouché 1840-1922, homme d’affaires passionné qui fit sa fortune dans le négoce du vin et de l’huile, mais célibataire et sans enfant ; il fit don de 4 200 dessins à la ville d’Orléans. On n’y trouve bon nombre de travaux préparatoires de sculptures, de gravures, et même de tapisseries. C’est le cas de ce dessin de Jacob Jordaens (Anvers 1640), étude de la tapisserie destinée au palais Caragnano de Turin. Le sujet renvoie au commencement de l’Iliade, il a été amputé à une date très ancienne de sa partie centrale représentant les trois grâces.

Orléans, capitale de la langue française
On le sait peu, la présence d’artistes de l’école du Nord à Orléans n’est pas le fait du hasard. Orléans les a accueillis, notamment par le fait que l’université de droit, depuis le Moyen Âge, a très largement rayonné par la qualité de l’apprentissage que l’on y faisait du droit et de la langue française. À cela s’est ajouté le commerce sur la Loire à l’aube du 17ème siècle. Le premier dessin que l’on découvre dans cette galerie, et celui d’un artiste flamand qui précisément montre Orléans. Yann Peeters, c’est son nom, et d’ailleurs l’auteur de 80 dessins de ce même type de ville françaises.
Stéphane de Laage
Exposition à voir jusqu’au 22 septembre. De passage à Orléans, prenez aussi le temps de flâner dans les rues. Vous y croiserez les œuvres géantes de l’artiste Johan Creten. « Jouer avec le feu ».