Rosières, village situé sur la commune de Lunery dans le département du Cher est bien connu pour sa conception et fabrication de cuisinières ou autres appareils électroménagers. En fait, Rosières a une grande histoire qui a débutée il y a plusieurs siècles.
Pour rédiger cet article, nous avons rencontré Jean Kopec, « historien amateur » qui nous a raconté l’histoire passionnante de ce village. Jean Kopec est né à Rosières il y a 67 ans. Il s’est toujours intéressé à son village et en connaît l’histoire sur le bout des doigts. Durant 42 années il a travaillé sur le site de l’usine de Rosières à la création d’outillages spécifiques de presses(découpe, emboutissage, cambrage) mais il a aussi participé à un groupe de réflexion composé d’une quinzaine de personnes dont le travail collectif durant 2 ans a permis la création d’un livret document retraçant l’histoire de la vallée du Cher à travers les communes de Lunery, Saint-Florent-sur-Cher et Villeneuve-sur-Cher.
Tout commence au XIIe siècle
En 1102 Rosières s’appelait Rosarie du nom du Seigneur Normannus de Rosarie (dérivé du latin qui veut dire « lieu planté de rosiers »). Ce Seigneur édifia le premier moulin à l’emplacement actuel de l’usine. Quelques années plus tard, en 1145, trente cinq moines cisterciens envoyés de Clairvaux fondent l’Abbaye de la Prée (située sur la commune de Ségry dans l’Indre). Ces moines achètent la terre seigneuriale de Rosières et creusent le canal de dérivation du Cher pour améliorer le moulin existant. Cette ancienne terre seigneuriale restera en leur possession jusqu’à l’époque de la Révolution.
En 1836 naît le hameau de Rosières
En 1837 le Marquis de Boissy achète Rosières et devient le premier Maître de forges. Le sol est riche en minerais de fer, l’eau de la rivière est là, les forêts entourant Rosières sont abondantes, il construit donc à côté proximité du moulin une forge alimentée par le charbon de bois et le fer des mines. Le 19 juin de cette année là, il pose la première pierre d’un bâtiment appelé à devenir une forge importante.
Ensuite, ce sont deux, puis trois hauts-fourneaux qui seront ajoutés à partir de cette année 1837.
Entre 1840 et 1846 des habitations appelées « rangs » sont construites sur le modèle des « corons », ce sont : le Rang Noir, le Grand Rang, le Rang des Roches et le Rang Rouge. Un « rang » abrite une dizaine de familles, chaque logement comprenant 2 pièces.
En 1850 les forges et fonderies de Rosières sont reprises par le marquis de Vogüe qui développera la fabrication de rails et de pièces lourdes pour bâtiments et travaux publics.
En 1869, la naissance de l’usine
En 1869, Jules Roussel, député, Maître de forges acquiert Rosières, c’est la naissance de l’usine, tant au niveau industriel que social. Il transporte en Berry son personnel de mouleurs, son outillage et ses machines pour la fabrication de poteries et d’appareils de cuisson en fonte. Le site est ainsi fortement modernisé. Les ouvriers sont logés aux lieux-dits La Grange Brûlée, Les Loges de la Fontaine, La Maison du Roc et La loge du Bois.
Jules Roussel meurt en 1877, une société anonyme est crée par ses héritiers, sous l’autorité de Léon Dupuis. Deux nouveaux types d’appareils sont fabriqués : la cuisinière en fonte et la buanderie.
Jules Roussel a fait du personnel de ses usines une grande famille qu’il administre paternellement. On retrouve en lui l’influence des pratiques Saint-Simoniennes. Il peut être considéré comme le « père » de Rosières. Les hauts fourneaux de Rosières seront les derniers à produire des fontes au bois, avant de s’éteindre en 1907.
La suite de l’histoire du village de Rosières paraîtra dans le prochain journal.
Dominique AUTHIER