Plantu va croquer Blois en octobre !


ÉVÈNEMENT Le fameux dessinateur de presse présidera les Rendez-Vous de l’histoire de Blois du 10 au 14 octobre. Un coup de crayon affûté au service de la puissance des images, thème retenu pour cette 21e édition.
Emilie Rencien

Francis Chevrier vu par Plantu !

Avec l’avènement de la télévision puis d’internet, l’image est devenue un vecteur de communication d’importance. Plus forte que les mots ? Non sans travers. A l’heure de la manipulation et des « fake news », ce n’est donc pas un hasard si les Rendez-Vous de l’histoire de Blois ont choisi de converser et débattre cet automne 2018 autour d’une thématique en résonance avec les turpitudes du monde actuel, à savoir la puissance des images. « Il y aura beaucoup à dire, à apprendre, à écouter, » détaille Jean-Noël Jeanneney, ancien secrétaire d’Etat, président du conseil scientifique des Rendez-vous de l’histoire. « Lors de cette édition, nous allons frôler un peu l’histoire de l’art mais nous le ferons différemment car ce qui nous intéresse le plus, c’est le dialogue qui s’installe constamment entre le beau et et le vrai, l’action et la contemplation. Nous parlerons de l’art pariétal, nous remonterons jusqu’à la Préhistoire. Nous tenons toujours pendant ces rencontres à choisir des sujets pour couvrir l’entièreté de l’histoire de l’humanité et aussi la diversité extrême des civilisations. Le goût de l’Histoire est fort dans ce pays,; il devrait toujours nourrir une certaine forme de civisme, donner à réfléchir sur la difficulté de la démocratie toujours menacée et il me semble que l’image constitue une clé d’entrée face à ces questions immenses.» En résumé, une nouvelle fois, des moments riches de sens s’annoncent à Blois du 10 au 14 octobre, dans différents lieux de la ville (Halle aux grains, château royal, Jeu de Paume, Lobis, etc.). Avec, au menu, des conférences, un salon du livre, des cartes blanches (dont une à ne pas manquer, « La photographie, un outil de la fabrique patrimoniale », samedi 13 octobre à la bibliothèque Abbé-Grégoire, modérée par la photographe du patrimoine, Vanessa Lamorlette-Pingard), des cycles cinéma, des concerts, des spectacles… « La manifestation est gratuite, et ouverte à tous, petits et grands, » tient à rappeler Francis Chevrier, directeur général de cet évènement qui existe depuis 1998, suite à une idée jadis insufflée par Jack Lang, soutenu aujourd’hui à hauteur de 227 000€ par la région Centre-Val de Loire.

L’Histoire a rendez-vous avec Plantu
En chiffres, ces Rendez-Vous pèsent 45 000 festivaliers,
1000 invités, 500 conférences et débats , 300 auteurs en dédicace, 200 éditeurs et 60 films. Egalement, du beau monde participera cette fois encore, comme à l’accoutumée, à cette grande université populaire : Erik Orsenna, Michel Pastoureau, Nancy Huston, Alain Mabanckou, Pierre Schoeller, Christiana Taubira, Pierre Kroll, Michel Kichka… Sans oublier un président de renom. Plantu. Est-il nécessaire de présenter celui qui laisse libre court à sa créativité, d’un coup de mine de crayon avisé (d’un mouvement de doigt sur une tablette désormais), dans les pages du Monde depuis 1972, fondateur de l’association de dessinateurs de presse engagés, « Cartooning for Peace » ? « Je suis un fidèle des Rendez-Vous de l’histoire, je m’y déplace régulièrement, alors évidemment, je suis content de venir dans votre région, » confie l’artiste. « Vous savez, j’étais un piètre élève au lycée Henri IV à Paris. J’adorais mes profs mais ils n’adoraient pas mes copies ! Je n’adorais que la petite histoire dans l’Histoire. Quand je voyais l’enlèvement des Sabines, je ne savais pas pourquoi elles avaient été enlevées, je ne voyais que celle qui figurait à poil au premier rang et j’aimais bien sa poitrine… (Rires) J’avais toujours 6 ou
8 sur 20, et je ne rêvais que grâce aux images. Mais pour autant, sans les mots, le dessinateur n’est pas grand-chose. Quelle chance de partager des émotions ou une conviction ! Je me nourris de ce que disent les journalistes, de mes nombreux déplacements, de mes interventions dans les écoles. Nous viendrons dans les écoles à Blois d’ailleurs. L’autre jour, des jeunes de 12 ans m’ont interpellé avec ces phrases : « tes copains sont morts, c’est bien fait » ou encore « pourquoi tu dessines des barbus ? fais-nous des papillons ! ». Et je leur répond : « et la liberté d’expression ? » Le boulot du dessinateur est de traduire. Je martèle aux jeunes d’écouter leurs profs, de comprendre notre histoire passée; sinon, on ne peut pas saisir l’histoire actuelle. C’est la jeunesse qui va prochainement être aux manettes de la démocratie et cette démocratie ne doit pas s’endormir. Il faut un peu la secouer. Nous sommes dans une époque d’interdits, alors il faut débattre plus que jamais…» Cela tombe bien, ce sera le cas à Blois le mois prochain.
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