Police municipale : qui rendra les armes ?


Le conseil municipal du 27 septembre s’est étendu jusque tard dans la soirée, au gré de 50 délibérations. La discussion s’est en particulier attardée sur le possible équipement envisagé pour les forces de l’ordre de proximité. Les points de vue, intéressants, se sont confrontés, sans faire de blessés.
« Quand les armes parlent, les lois se taisent ? » (Cicéron). Le sujet de société très sérieux fait assurément palabrer, à Blois, entre débat philosophique et postures. Selon des statistiques recueillies par La Gazette des communes auprès du ministère de l’Intérieur, au 1er janvier 2020, 13 692 policiers municipaux étaient dotés d’une arme à feu de poing, en hausse de 12% par rapport à 2019. Le sujet a ainsi fait causer le 27 septembre 2021, à Blois. Depuis l’opposition, le premier groupe qui a tiré un “non” fut celui de ”Blois Naturellement”, dégainant un communiqué en amont, envoyé par Nicolas Orgelet (EELV), qui a expliqué avec Sylvaine Borel (Génération.s). “L’armement de la police contribuerait à tendre les relations à la population. Tant de choses peuvent être proposées : une brigade équestre pour faciliter les contacts, le renforcement des éducateurs de rues et médiateurs, une cellule de veille sur les mineurs primo-délinquants, des uniformes affirmant la police municipale comme étant différente de la nationale avec un rôle basé sur la proximité…” Même refus pour le groupe “Libres et Blésois” mené par Étienne Panchout (Modem) car pour lui et sa colistière,Mathilde Desjonquères (Modem), «armer la police municipale est une position facile qui nous dérange. Voir des agents avec des armes à feu dans la rue ne rassure pas du tout les gens dans une société managée par la peur. La répression mais quid de la prévention ?» À droite, Malik Benakcha (LR) y est pour sa part plus que favorable. “Certains pendant la campagne électorale de 2020 ont parlé de cowboys. Pour moi, c’est une insulte ! L’armement est un moyen de retrouver le respect de l’uniforme. Il est insupportable de demander aux policiers municipaux de porter un gilet pare-balles et en même temps de servir de cible car on leur refuse l’armement,” a-t-il exprimé.

Un souhait de décision nationale
Prévenir plutôt que guérir ? Depuis l’exécutif, le maire Marc Gricourt (PS) a rappelé que “le meilleur policier est celui qui n’utilise pas son arme.” En explicitant. “Ce n’est pas une provocation; il s’agit d’une réponse à l’inquiétude de nos agents. Ils ont par exemple eu très peur lors des derniers évènements dans la Zup quand une voiture s’est jetée sur eux. La police nationale, armée, a pu tirer dans les pneus du véhicule. C’est une question de rassurance. Nous avions songé à une brigade équestre mais le coût est élevé. C’est pourquoi nous avons créé une brigade cynophile. Un chien est souvent plus dissuasif qu’une arme!” Au fil des échanges, la preuve fut donnée que le sujet sensible mérite plus ample discussion, sans solution unilatérale arrêtée ni panacée dans l’immédiateté. Fermant la marche, l’adjoint au maire chargé de la sécurité, Yann Bourseguin, a même souhaité de vive voix pour trancher, une décision nationale, sans se prendre pour le shérif du Nottingham blésois.
É. Rencien