Politique : l’écharpe tricolore de Marc Gricourt confirmée à Blois


C’était l’évènement qu’un(e) férue(e) de politique n’aurait loupé pour rien au monde lundi 25 mai 2020, même si sans public ni journalistes. Cela change un peu du seul coronavirus sous les feux de l’actualité, bien que son ombre entrave toujours une poignée de libertés. Mais le spectacle continue, alors le conseil municipal d’installation de la ville de Blois s’est tenu en ce début de semaine, non sans éclats du côté de l’opposition.

Il y a un an, l’une des Unes retrouvées de votre journal préféré titrait « Malik Benakcha et Gildas Vieira municipalement parés pour 2020 ? ». Sourire, circonstancié. Depuis mai 2019, les choses ont tant changé et de l’eau ligérienne, avec dans son cours, un désagréable virus, a passé sous les ponts de Blois qui ont vu le scrutin du dimanche 15 mars 2020 – dans une atmosphère particulière, sous l’épée de Damoclès Covid-19 et avec un fort taux d’abstention – asseoir la position de Marc Gricourt (PS) dans son fauteuil de maire vers un troisième mandat, laissant sur le carreau dans l’ordre d’arrivée élective, Étienne Panchout (Modem./LREM), Malik Benakcha (LR), Mathilde Paris (RN), Gildas Vieira (SE), Olivier Trancart (LO). Un confinement plus tard, la séance d’installation de l’édile conforté dans sa municipalité, programmée dans la foulée, aura finalement été reportée sine die. Le grand jour aura fini par survenir lundi 25 mai 2020 dans la salle du Jeu de Paume à Blois, à huis clos, frustrant la presse qui n’a pas été autorisée à s’y déplacer et qui finit par s’habituer bon gré mal gré aux sessions Web organisées par sécurité. Le tout saupoudré non pas de pop-corn ni de vin coulant dans les verres mais bien de gestes barrières et de gel hydro-alcoolique pour les élus conviés sur la scène politisée distanciée. Depuis l’écran connecté, sur 42 bulletins jetés dans l’urne ce soir-là, 35 votes auront sans surprise validé l’écharpe de Marc Gricourt, ému en pensant à sa famille et confiant « n’avoir pas oublié d’où il vient ». S’y sont ajoutés 3 blancs. Sans oublier 4 voix favorables à la candidature qui aura encore essayé de se frayer une travée à droite dans l’échiquier constitué à gauche, celle de Malik Benakcha, dont on ne pouvait louper, en visio, la silhouette placée au premier rang, du fait de sièges disposés par ordre alphabétique.

Pif, paf, bing, bam boum…

Lundi 25 mai 2020, Marc Gricourt réélu pour un troisième mandat, entouré de ses adjoints désignés (liste à consulter sur https://www.blois.fr/citoyenne/conseil-municipal/composition), le show pouvait commencer. Pour avoir suivi les méandres d’une campagne municipale et électorale à rebondissements, parfois puérils, depuis 2019, impossible de ne pas s’attendre à un peu de remous lors de ce conseil municipal, dans un long fleuve paraissant tranquillement s’écouler vers la source visée depuis le verdict du 15 mars 2020. Les faciès masqués étaient de fait emmurés du côté de l’opposition, laissant entrevoir, à défaut de rires, des mâchoires de conseillers municipaux aux dents acérées. C’est le jeu et les langues de la meute opposée se seront déliées comme escomptées, après les félicitations de politesse d’usage à l’édile consacré. Gildas Vieira aura ouvert le bal en esquissant le schéma souhaité, à savoir « être constructifs, dire et faire au service de notre ville dans une démocratie participative. Les Français, les Blésois, sont las de la parole politique. Passons aux actes. » Malik Benakcha, qui ne cache pas son accord de pensées avec ce dernier camarade qui venait de s’exprimer, lui aura emboîté le pas, fidèle à son phrasé vindicatif. Il aura de prime abord ressassé le match d’avant, remarquant « une ville désormais dirigée par le maire le plus mal élu de son histoire et dont la légitimité ne peut qu’être remise en cause ». Ceci étant étalé, le jeune intéressé, troisième le 15 mars, aura remâché le constat « qu’une majorité silencieuse n’a pu s’exprimer. »  Avant de souligner la bataille d’après, c’est-à-dire que « ce conseil municipal ne peut plus se résumer à être une simple chambre d’enregistrement d’un seul homme si mal élu mais bien le lieu de gestion d’une ville dans un consensus républicain qui existe par ailleurs. » Dans ce flot si animé, Étienne Panchout aura contrebalancé l’atmosphère survoltée en souhaitant que les discussions à venir « parlent de Blois et non plus de la campagne qui est terminée. Nous ne serons pas toujours d’accord mais il faudra le dire, sans animosité. » Face aux attaques véhémentes piquées, les nouveaux chiens de garde – non pas de Serge Halimi ni de Pierre Bourdieu, mais de Marc Gricourt – aux crocs libérés à leur tour, auront clos le débat légèrement irrité, à l’instar de l’adjoint Yann Bourseguin, en charge de la sécurité, qui aura intimé les contrevenants à « prendre de la hauteur ». Et même : « À celles et ceux qui ne le veulent pas, nous les laisserons avec pelle, seau et râteau dans le bac à sable de l’aigreur bâtir des châteaux d’amertume qui à Blois seront balayés tous les six ans par la vague de la raison et du progrès. »

Show de polémiques must go on !

Ambiance dans l’arène… dans laquelle le maire de Blois aura montré un jeu tempéré et impassible dans l’assaut répété prenant racine notamment dans un terreau d’indemnités sur le banc des accusés, qui ont eu du mal à passer (« La loi votée fin 2019 prévoit 3 500 euros pour le maire, somme qu’il va majorer à 5 100 euros à Blois », dixit Gildas Vieira; alors que selon Marc Gricourt, « en net, le maire percevra avant impôts, 3 800€. Et l’enveloppe globale pour les élus est passée de 38 000€ par mois en 2008 à 24 000 cette année 2020″. Etc. Etc.). Les joutes verbales se seront ensuite noyées dans un pot de l’amitié, sans doute au parfum aigrelet pour certains, achevant l’exercice d’installation. Cela sous le regard d’une presse locale qui se sera contentée de fermer son clavier au lieu de trinquer. Les médias, bien qu’absents physiquement, auront au passage à Blois été publiquement salués pour leur rôle d’information, rythmant la session d’un air de discours de macronie qui semble depuis ce printemps avoir généré cette mode de rares compliments jusqu’ici confinés. Sinon, donc, fin du préambule municipal, jusqu’au prochain chapitre et les suivants qui promettent de ne plus s’ennuyer au conseil municipal de Blois ! Au regard des amuse-bouches servis le 25 mai, le ton d’avenir paraît donné, sur un menu à la sauce pimentée. Rendez-vous le lundi 29 juin pour un autre conseil blésois (et non le 28, lapsus révélateur … car la veille, ailleurs, le dimanche 28, d’aucuns encore ballotés verront, ou pas, leur destin définitivement basculer lors du second tour enfin acté, ndrl) et donc, surtout, le commencement d’une nouvelle épopée politique lancée pour six années, avec cette fois des journalistes et un public espérés dans la salle.

Émilie Rencien