Pourvu que la plage soit mixte, par Fabrice Simoès


« Asimbonang’ umandela thina ». Les poings sont levés. Plus de 15 000 personnes, au pied de la scène du Printemps de Bourges, sous le grand chapiteau. Dernier concert en ce mois d’Avril 1988. Comme l’expliquent les paroles de la chanson reprise en chœur, personne n’a vu alors Mandela libre depuis bien longtemps.

Au fond de sa prison de Robben island, le futur président de l’Afrique du Sud ne sait même pas que le Zoulou blanc, Johnny Clegg existe. Le Sud-Af, né en Lancashire, est pourtant sur le devant de la scène. Depuis des années, il brave les interdits, la ghettoïsation, et envoie se faire voir toutes les dictatures du monde, les suprémacistes de tous bords et autres têtes de nœuds. En ce mois de juillet, Johnny Clegg a rejoint Steve Biko, Victoria Mxengea et d’autres militants. Quelques hommages. Quelques passages en radio … Désormais, l’Afrique du Sud n’est plus régie sur les bases de l’Apartheid. Certains Blancs sont maintenant aussi pauvres que les Noirs. La mixité est toute autant difficile dans les townships que dans les bureaux d’affaires de Johannesburg !
« Il y a urgence climatique ». Les poings sont levés, presque. Ce sont ceux de député-e-s LR, de député-e-s LREM, de député-e-s ex-FN donc RN. Des représentants élus du peuple de France qui ne veulent pas reprendre en cœur les propos d’une gamine de 16 ans qui dit tout haut ce qu’ils ne veulent pas entendre tout bas. Que Greta Thunberg soit « manipulée » par des adultes importerait si le message était porteur de messianisme écolo. Pourtant certains Blancs seront bientôt aussi cuits que les Noirs, les Jaunes ou les Bleus. La mixité n’est pas plus facile face aux conditions météo. Et comme tous les bureaux du monde, de Johannesburg à Paris, sont climatisés, la sueur n’imbibera jamais les chemisettes multicolores.
« Pourquoi vous avez eu le prix Nobel ». On pourrait lever les poings et lui coller dans la tronche à ce pauvre Donald, aussi inculte et imbu de lui-même qu’un paysan Texan beurré à la bière à la fin d’un championnat du Monde local de rodéo. Probablement réélu lors des prochaines élections chez les USAniens, Trump ne verra jamais le rapport entre la yézidi Nadia Murad et son prix Nobel de la paix obtenu en 2018. Elle venait simplement de lui raconter son histoire tragique et celle de son peuple quelques minutes plus tôt. C’était seulement celle de milliers de femmes et de petites filles yézidies enlevées et réduites à l’esclavage par Daesh, voilà cinq ans. Ce n’était même pas une question de couleurs. Juste un pan de vie et de volonté de vivre … Dans le bureau ovale, la mixité des classes demande que plus d’un des interlocuteurs, au moins, soient intelligents.
« En octobre, nous quitterons l’Union européenne. » Les Brexiteurs ont levé les poings de satisfaction. Les Europhiles ont serré les leurs au fond de leurs poches. Boris Johnson, clone européen en mensonges et délire capillaire du maître du monde occidental ne fait pas l’unanimité en son pays de Grande-Bretagne. Le nouvel occupant du 10 Downing Street, alors ministre des affaires étrangères, avait déclaré que « les Français se comportaient comme des cons sur le Brexit ». « C’est pas faux » aurait répondu Dupont-Aignan à l’annonce de l’investiture du nouveau patron des Grands-Bretons. «Bon courage, Boris Johnson !.. Je me réjouis de sa désignation comme Premier Ministre du Royaume-Uni… » a-t-il réellement écrit. Du coup, les Anglais et leurs élus façon Monty Python, on pourrait les regretter. Si c’est juste pour les futures blagues de Boris, aucun souci à se faire … c’est comme les Twitts de Trump. C’est aussi con que public ! La mixité des opinions médiocres a dépassé depuis longtemps les frontières, et encore plus la Manche.
Sur la plage, les pieds à moitié dans l’eau, les pieds à moitié dans le sable, ça va être mixte ou pas ?