Profession pêcheur d’écrevisses : une chance pour la Brenne ?



C’est un crustacé d’une dizaine de centimètres. Il est originaire du sud des Etats-Unis et a débarqué en France dans les années 1980. L’écrevisse de Louisiane inquiète les gestionnaires du milieu halieutique en Brenne et ailleurs. Elle s’installe dans nos étangs elle y fait du dégât. Elle détruit les herbiers aquatiques, mange les œufs et les alevins. Dans la Brenne, on la surnomme déjà « la peste rouge ». Elle s’est installée aussi dans les marais de Bourges, dans le nord du canal de Berry et en Sologne. Sa présence inquiète car elle réalise des terriers qui fragilisent berges et digues qui peuvent finir par s’affaisser. Le problème est qu’elle n’a pas vraiment de prédateurs ; aucun poisson, oiseau ou mammifère de nos régions ne semble avoir l’estomac assez gros pour endiguer sa propagation.

Faire d’un fléau une ressource

Passionné par les écrevisses, Nicolas Gauthier a délaissé son métier d’expert en réseaux Internet pour devenir pisciculteur. Il constate pourtant « Les écrevisses que l’on pêchait lorsque nous étions enfants n’existent plus, elles ont été repoussées par des espèces invasives qui ont explosé dans les années 90 et ont apporté des maladies qui ont fait disparaître les espèces françaises. Il est donc très compliqué d’élever nos espèces autochtones ». Puisqu’il est difficile d’élever les espèces locales pourquoi ne pas plutôt devenir pêcheur d’écrevisses invasives ? C’est le pari de Nicolas. Son calcul est simple « Nous importons tous les ans 133 tonnes d’écrevisses alors que ces 133 tonnes sont dans nos rivières et étangs, nous n’avons pas besoin de les importer. » Il opte pour le statut de pêcheur professionnel et crée en 2006, la première exploitation de pêche spécialisée dans la pêche de régulation des écrevisses de Louisiane. Il a développé des techniques qui permettent la pêche des « Louisianes » sans vidanger l’étang.

Une nouvelle entreprise dans le Berry

Initialement implantée dans le Gard, son entreprise, « Lou Chambri » commercialise les écrevisses pêchées et transformées auprès des restaurants gastronomiques, des traiteurs, des conserveurs et des particuliers. Pour faire face à la demande croissante des restaurateurs, Nicolas Gauthier vient de se relocaliser dans le Berry. En effet, outre la Brenne, les principaux foyers sont la Loire-Atlantique et la Camargue. Son positionnement dans le Berry le met à égales distances du delta du Rhône et de la Brière. Il s’agit d’une chance pour limiter l’implantation de cette espèce invasive dans la Brenne et tout le Berry. Nicolas a acquis des terrains et des bâtiments à Saint-à-Pierre-les-Etieux dans le Cher, près de Saint-Amand-Montrond au lieu-dit le Moulin de Gâteau. Equipé d’un vivier, le nouveau site permettra d’allonger la conservation des écrevisses vivantes. Son statut de pêcheur professionnel et un agrément sanitaire délivré par les services de l’état veillent à ce que ses écrevisses ne s’échappent pas. Contrairement à un pêcheur amateur, il a le droit de les transporter vivantes. Le Moulin de Gâteau offre aussi à Nicolas un nouvel atelier de transformation aménagé dans une ancienne grange.

Un nouvel atout pour la gastronomie berrichonne

Nicolas a développé des techniques de cuisson en collaboration avec des chefs étoilés de Camargue. Il propose une gamme de bisques, sauces et mousses d’écrevisses sous la marque LOU CHAMBRI, en partenariat avec une conserverie et un restaurateur. Il fournit aussi les restaurateurs « On fait aussi des écrevisses décortiquées ce qui permet au restaurateur d’avoir un produit dépouillé pour ses préparations.

Si vous êtes face à une invasion de « Louisianes », pour contacter Nicolas : 06 76 97 40 34