Retour sur le 1er tour de l’élection présidentielle dans le Berry


Présidentielles

Dans les deux départements du Berry, c’est Marine Le Pen qui est arrivée en tête à l’issue de ce premier tour de scrutin. Dans le département de l’Indre elle devance Emmanuel Macron avec 24,43 % des suffrages contre 20,85% pour ce dernier. François Fillon arrive quant à lui en 3e position avec 19,46%. Dans le département du Cher, l’écart est moindre puisque Marine Le Pen comptabilise 24,17% des voix devant Emmanuel Macron, 2e, avec 22,05% des suffrages. Jean-Luc Mélenchon se positionne comme le 3e homme du scrutin avec 19,51%.


Dans le Cher, Le Pen des champs, Macron/Mélenchon des villes

Le département du Cher ne s’est pas démarqué du reste de l’Hexagone. Pour un premier tour de présidentielle, les électeurs se sont un peu moins mobilisés que lors de la dernière échéance puisque le pourcentage de votants chute de 80,38 % à 77,76 %. Une baisse qui n’a pas vraiment modifié le sentiment général du scrutin et un global qui est en symbiose avec les chiffres nationaux même si la candidate d’Extrême Droite réalise un score supérieur dans le département berrichon. Les chiffres, à la mi-journée et à 17heures, donnaient déjà cette indication avec 31,94 % et 69,08 %, toujours en baisse par rapport à 2012. Seule différence notable, ce n’est pas Emmanuel Macron qui a viré en tête après le premier tour, dans le Cher. Ici, c’est Marine Le Pen qui réalise le meilleur score avec 24,17 % des suffrages exprimés.
Elle frôle même les 45 % dans le petit village de Chalivoy-Milon où 111 votants lui ont été comptabilisées sur 255 votants. A l’inverse seuls deux villages ne donnent pas un pourcentage à plus de 10 %. A Saint-Céols, où  Marine Le Pen obtient 6,9 %, et à Contre 5 %. Deuxième, Emmanuel Macron a parfaitement bénéficié du souffle nouveau donné à la campagne par ses militants, sur le terrain et sur les réseaux sociaux. En moins d’un an, le mouvement En Marche s’est doté d’un collectif de militants enthousiastes à défaut d’avoir beaucoup d’expérience. Les 22,06 % réalisés sont la preuve de cette vitalité qui devrait être encore une arme importante dans ces derniers jours. Dimanche prochain, le report de voix « citoyennes » parties sur un vote utile voilà deux week-ends devrait faire la différence.

Un large consensus en faveur d’Emmanuel Macron

Décevant, plus encore qu’au national, le score de Benoît Hamon. Le candidat Socialiste peine à franchir les 5 % . Il fait même moins que Nicolas Dupon-Aignan, 5,53 % pour l’un, 5,3 % pour l’autre. Une déconfiture là où son devancier, François Hollande, avait fait 26,76 % en 2012 … Quelques minutes après les premières estimations, Irène Félix, une des figures berruyères du PS, s’avouait « Consternée mais pas surprise du résultat du candidat du PS. Soulagée (sur Bourges  uniquement) de voir encore un score qui semble contenu pour Le Pen. Le second tour semble assez clair. Il faudra voter contre Le Pen et donc Macron sans état d’âme au second tour. »  A la lecture du résultat final, décevant pour Benoît Hamon, Philippe Fournié, vice-président socialiste du conseil régional était sur une ligne de conduite identique. « Ma famille personnelle, politique et amicale s’est partagée dimanche dernier entre les trois candidats de la mouvance socialiste. Le rassemblement est indispensable derrière Emmanuel Macron. Nous devons le faire pour poursuivre la Marche du progrès qui permet l’émancipation de tous, nous devons le faire pour que la République puisse se construire de manière équilibrée sur tous les territoires » expliquait-il alors.
Chez les Insoumis du Cher on envisageait, malgré une belle dynamique, et une nette progression depuis 2012,  une continuation de la lutte au-delà du premier tour « la déception est grande, en effet la représentativité nationale qui nous est offerte à voir aujourd’hui est idéologiquement insupportable, la France insoumise ne se reconnaît pas dans le prochain choix qui nous est offert.
Mais la lutte ne s’arrête pas, dans 15 jours la campagne des législatives va commencer, nous avons respecté le calendrier électoral, notre objectif était d’amener notre porte-parole au meilleur score sans embrouiller le débat en mélangeant les 2 échéances électorales … » Le mouvement a, dans la foulée, lancé une consultation auprès des siens pour savoir qui des deux candidats restant auraient leurs suffrages ! Une position qui n’aura pas été celle de Nicolas Sansu, pour le Parti communiste. « Pour moi, il est évident qu’il faut tout mettre en œuvre pour combattre les ennemis de la République. Cela n’empêche pas de dire les choses…  On ne transige pas avec la République et on se doit d’ouvrir les bras à ceux qui veulent une majorité pour des victoires sociales. Nous devons porter les espoirs des gens et convaincre que ce n’est pas la bonne solution de vouloir taper sur son voisin. »
A titre personnel, Pascal Blanc, président de la fédération UDI du Cher et maire de Bourges, posait un regard désabusé sur la quatrième position de François Fillon (19,07%). « Les résultats d’hier soir mettent un terme à une campagne électorale de premier tour atterrante. Les électeurs sont plus sages qu’on ne voulait bien le penser, ou le craindre. Ils sont venus voter nombreux et leur choix est clair. Nous le pressentions mais l’avertissement est raide, le vieux monde politique doit se remettre en cause… Un choix de raison s’impose pour le second tour, aussi à titre personnel et sans aucune hésitation je voterai Emmanuel Macron. Je ne doute pas une seconde que cette position sera celle de l’UDI… » a-t-il écrit sur sa page Facebook.

Fabrice Simoes


Dans l’Indre, même Issoudun a voté Le Pen


L’Indre n’a pas fait preuve d’originalité. Dans les campagnes l’extrême droite arrive en tête. Les villes résistent encore mais Issoudun a été la mauvaise surprise de ce premier tour.
Les élections départementales avaient été révélaterices du phénomène, avec l’élimination de la gauche (Valençay, Levroux, deux des trois cantons de Châteauroux) au premier tour. Avertissement sans frais puisqu’aucun représentant de l’extrême droite ne remporta le second tour. La gauche avait retrouvé des couleurs à l’occasion des élections régionales. Devancé par la liste Loizeau au premier tour, François Bonneau avait rétabli l’équilibre au second, prenant l’avantage sur l’extrême droite mais aussi sur la liste de droite. Cette fois l’extrême droite est une nouvelle fois en tête et droite comme gauche boivent la tasse. Les supporteurs de François Fillon auront la consolation de le voir s’imposer à La Châtre, dont le maire, Nicolas Forissier est candidat aux législatives. Son adversaire, Isabelle Bruneau, n’a pas eu cette satisfaction à Issoudun. Non seulement son candidat, Benoît Hamon y arrive seulement en cinquième position (même si son score est supérieur à celui qu’il réussit au niveau national) mais c’est la candidate de l’extrême droite qui vire en tête. Et le très mauvais score de François Filon ne constitue qu’une faible consolation.
Jean-Paul Chanteguet n’a pas été plus suivi au Blanc. La candidature de Benoît Hamon a recueilli moins de 6 % des voix, en revanche c’est Emmanuel Macron qui sort en tête de ce premier tour.
Plusieurs villes de l’Indre résistent à la vague nationaliste. Au Poinçonnet et à Châteauroux le FN n’arrive qu’en quatrième position, troisième à Argenton où Macron et Mélenchon forment à chaque fois le duo de tête.

P.B.


Les réactions :

Parti socialiste

Les trois leaders socialistes issoldunois : André Laignel, Isabelle Bruneau et Dominique Roullet, leur secrétaire fédéral Tony Ben Lahoucine et Jean-Paul Chanteguet ont choisi de réagir collectivement à ces résultats. Après s’être félicités de leur fidélité à Benoît Hamon ils écrivent notamment :

« Nous refusons toute politique fondée sur le rejet de l’autre, le repli sur soi, la xénophobie et le racisme. Nous voterons et nous appelons à voter contre l’extrême-droite. Parce que l’enjeu de cette élection ce sont les valeurs de la République, nous voterons pour M. Macron. »

Front de gauche

Dominique Boué et Danielle Faure, pour le Front de gauche, annoncent qu’ils vont retourner sur les marchés pour faire barrage à l’extrême droite, même s’ils entendent s’opposer à la politique économique d‘Emmanuel Macron « dimanche 7 mai, le bulletin Macron n’est pas un bulletin d’adhésion à son programme mais un bulletin de dégagement de Le Pen et de l’extrême droite. »

Gil Avérous

Maire de Châteauroux, Gil Avérous ne peut évidemment se satisfaire de ce résultat. « Je suis déçu au plan national par l’élimination de mon candidat (François Fillon) et surpris par le score de Mélenchon à Châteauoux. Celui de Macron correspond à la tendance nationale. Macron est un vote urbain. Je n’ai aucune légitimité au plan national, je ne donnerai donc aucune consigne de vote pour le deuxième tour. Je considère que chacun a la capacité de réfléchir avant de voter. Pour les législatives je soutiendrai Paulette Picard. La mobilisation de notre parti peut offrir une possibilité de victoire à l’assemblée et donc de cohabitation. La victoire de Macron ne peut évidemment pas nous apporter l’avantage qu’aurait constitué l’élection de François Filon. « En Marche » risque de présenter des candidats inconnus, sans envergure qui se rangeront derrière Macron comme le FN derrière Le Pen. J’ai conscience que la candidature de François Jolivet affaiblit notre candidate officielle et je crains fort que l’on se retrouve avec un député FN dans l’Indre. Je ne serais d’ailleurs pas surpris que l’extrême droite arrive en tête du second tour de la présidentielle dans notre département. »

Paulette Picard (candidate LR dans la première circonscription)

« Je n’ai pas de consignes à donner aux électeurs. Personnellement j’ai fait mon choix, je voterai Emmanuel Macron (…) On est en plein dans la fracture territoriale entre France d’en haut et France d’en bas (…) Je me range dans la France d’en bas. Je représente la société civile. Ce sont mes engagements passés qui me donne une crédibilité. Je suis fière de mon territoire et je veux faire entendre les préoccupations des hommes et des femmes qui y vivent.»