Romorantin : Des revendications pour l’eau, et surtout contre les plateformes


Le fameux convoi militant de l’eau, parti des Deux-Sèvres le 18 août, tant redouté par certains agriculteurs craignant des dégâts collatéraux après les violences de Sainte-Soline au printemps, a fait étape cet été dans le Loir-et-Cher. Une vingtaine de tracteurs et plus de 700 vélos se sont pourtant arrêtés sans heurts à Blois, puis à Mer où il fut question d’environnement et de méga-bassines, mais également de plateformes logistiques. Celle de Catella, notamment prévue à Romorantin.
À l’heure où certain(e)s lézardaient sur la plage, l’association écologiquement engagée Romo Citoyenne émettait un communiqué suite à l’avis favorable donné cet été par le commissaire-enquêteur, Eugène Bonnal, dans le cadre d’une deuxième enquête publique relative au projet Catella de plates-formes logistiques sur les communes de Romorantin et de Villefranche-sur-Cher, à proximité de l’A85, estimant que cette future implantation «d’une conception de dernière génération, va dans le sens de la loi sur l’artificialisation des sols ». Ce que conteste l’entité associative précitée. Elle écrit : « En dépit de 150 contributions défavorables, argumentées, déposées lors des 2 périodes d’enquêtes. D’une certaine façon, l’enquête était close avant d’avoir été ouverte ! Les scientifiques du GIEC tirent la sonnette d’alarme : nous n’avons que quelques années pour réagir. Le projet Catella est l’incarnation de cette logique purement financière, destructrice et à très courte vue. Artificialiser les sols, augmenter les gaz à effet de serre pour stocker et vendre ici ce qui est produit à des milliers de kilomètres, est un non-sens écologique et social.» Quelques journées plus tard, à l’occasion du passage du convoi de l’eau, alertant sur les bassines ou réserves hydriques qui puisent de l’eau dans les nappes superficielles en hiver, période plus abondante, à destination de l’irrigation agricole notamment les étés plus secs, le 23 août à Blois puis Mer, avant Orléans et Paris, des membres de Romo Citoyenne ont saisi l’opportunité de remettre une couche sur ce projet.

«Quand on est aussi nombreux, c’est là qu’on se dit qu’on peut gagner »
Vent debout, micro en main en haut d’un monticule de terre à Mer, aux côtés du collectif Luttes Locales Centre ainsi que, entre autres, du mérois Noé Petit, président de l’association “A bas le béton” et ex-candidat EELV au scrutin législatif de 2022, (cf. aussi nos pages Blois, ndlr), la romorantinaise Aurélia Stedransky a particulièrement pris la parole sous un soleil de plomb et de dérèglement climatique. “Nous sommes un petit collectif d’une petite ville, Romorantin, qui est perdue au milieu des étangs de Sologne. Nous avons donc un point commun avec votre lutte pour l’eau. L’une des batailles pour nous a commencé en 2018 en Sologne; (les plateformes logistiques), Romorantin s’est dit, cela semble si bien marcher à Mer que nous pourrions vendre nos terres au plus offrant… Chez nous, c’est un grand logisticien ; Catella, qui achète des lieux pour construire des bâtiments et pouvoir y faire de la spéculation immobilière de grande ampleur, a eu les portes grandes ouvertes de la mairie et d’un baron local, Jeanny Lorgeoux (…). Et l’idée, c’est qu’entre deux étangs, on peut bien bétonner. De beaux jardins réservés pour les riches et autour, les pauvres peuvent se casser la santé,” a-t-elle harangué devant plusieurs centaines d’adultes et de jeunes, attentifs, venus de toute la France, issus de 200 organisations écologistes, altermondialistes et contestataires (les Soulèvements de la Terre, Nouveau Parti Anticapitaliste, Bassines Non Merci, Confédération paysanne, etc.). «La démocratie, c’est le peuple qui doit retrouver confiance en son pouvoir ! Quand on est aussi forts, nombreux et qu’on se reconnaît dans les combats des autres, c’est là qu’on se dit qu’on peut contre les géants avancer et même gagner.» Applaudissements, sifflements et huées ont de manière alternée rythmé ces discours, ainsi que des ritournelles serinant « même si Macron ne le veut pas, on est là! », sans forcément proposer des solutions alternatives aux lièvres soulevés. Quant à Catella, rien n’est encore acté puisqu’après les enquêtes publiques, pour rappel, le (nouveau) préfet de Loir-et-Cher, Xavier Pelletier, dispose d’au moins deux mois pour statuer à son tour. Le verdict de l’État, feu vert ou carton rouge, devrait par conséquent tomber en octobre.
Émilie Rencien