Quelles tendances alimentaires en 2030 ?


Bruno Hérault, chef du Centre d’études et de prospective du ministère de l’agriculture et de l’alimentation.

La Chambre d’agriculture de Loir-et-Cher a organisé une conférence-débat, le 12 février, sur la mondialisation des systèmes alimentaires, menée par Bruno Hérault, chef du Centre d’études et de prospective* du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Demain, que trouverons-nous dans nos assiettes ? La Chine et l’Inde ont tiré le monde et vont continuer à être les moteurs de l’agroalimentaire mondial dans les prochaines années. « La mondialisation est un processus enclenché depuis plusieurs siècles et celle d’aujourd’hui est inférieure à celle que l’on aura dans 30 ou 50 ans, elle n’est pas seulement économique mais aussi culturelle, religieuse, numérique, technique…Dans les années 60, ce qui était produit était mangé. Aujourd’hui, c’est je veux manger ça, produisez-le moi », explique Bruno Hérault. Il faut donc une alimentation sur-mesure pour accompagner les nouveaux modes de vie et un rapport à l’alimentation qui est différent. « L’agriculture de demain sera ce que veulent les mangeurs du monde ». Cependant, Bruno Hérault indique que la subsistance d’une multitude de tendances mondiales ne tue pas le local et inversement. Il y a à la fois le mondial et le local : la glocalisation. « Les tendances ne s’opposent pas mais se renforcent et réciproquement. Il n’y a pas d’un côté l’agriculture de niche qualitative et de l’autre l’agriculture de masse ».

Une alimentation adaptée aux modes de vie
Dans tous les pays, la société fait l’alimentation avec l’urbanisation, la métropolisation, la marchandisation, la numérisation… « Les rythmes de vie font qu’il y a une recherche d’une alimentation plus fonctionnelle, intercalaire, pratique et flexible car loisirs, travail et transport passent avant les repas », souligne Bruno Hérault. Par ailleurs, les risques se mondialisent aussi et des valeurs comme la santé, le bien-être animal, le développement durable ou encore la médicalisation sont montantes partout. Le discours du sain a donc tendance à remplacer celui du goût. « Santé, sécurité et traçabilité se développent fortement. Communiquer sur la santé est un gisement de valeur considérable, sans pour autant renoncer au terroir et au patrimoine gastronomique ». Le consommateur veut aussi acheter le moins cher possible. « A l’avenir, il y aura donc toujours une simultanéité de tendances contradictoires, un éclatement des modes alimentaires et on voit la même tendance dans les modes de production avec une multiplicité de registres productifs », prédit Bruno Hérault. Les agriculteurs doivent donc anticiper sur l’avenir pour trouver des circuits plus rémunérateurs.
Chloé Cartier-Santino

*Le Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation est un bureau d’étude transversal qui assure une veille, réalise des prospectives sur l’alimentation de demain et évalue les politiques publiques. Il a notamment réalisé l’étude : « Mond’Alim 2030 – Panorama prospectif de la mondialisation des systèmes alimentaires », téléchargeable gratuitement sur : http://agriculture.gouv.fr/mondalim-2030.


« Des conférences pour appréhender l’avenir »
La Chambre d’agriculture de Loir-et-Cher organise régulièrement des conférences-débats sur des thématiques qui touchent les agriculteurs. « L’objectif est de les aider à appréhender l’avenir, toutes les transformations autour de nous pour pouvoir être encore agriculteur dans le département, gagner sa vie et prendre du temps pour soi », explique Philippe Noyau, président de la Chambre d’agriculture de Loir-et-Cher. En effet, le changement climatique, les attentes sociétales ou encore le numérique sont autant de critères dont les agriculteurs doivent tenir compte pour l’avenir de leurs exploitations. « Il faut créer de la valeur pour soi et pour le territoire en favorisant des systèmes d’exploitations durables qui passent notamment par un bilan tous les 5 à 10 ans pour revoir son projet afin de pouvoir vivre de son métier et transmettre son exploitation », ajoute Philippe Noyau. Des objectifs qui font partie du projet agricole départemental qui vise aussi à permettre aux agriculteurs d’agir et d’entreprendre de façon autonome, de faire vivre le territoire et de contribuer à sa dynamique, traduire et faciliter le dialogue avec la société, mais aussi accompagner les hommes et femmes dans leurs projets de vie.