Un documentaire hommage aux infirmières


RENCONTRE Le cinéma les Lobis a lancé sa nouvelle saison, samedi 1er septembre, avec la projection du documentaire « De Chaque Instant », suivi d’une rencontre avec son réalisateur Nicolas Philibert. Interview de l’intéressé.

Chloé Cartier-Santino

Le documentaire « De Chaque Instant » de Nicolas Philibert est une immersion dans un institut de formation en soins infirmiers. Photo : DR.

Connu pour « Être et Avoir », « La Maison de la Radio », et « La Moindre des Choses », (tourné à la clinique psychiatrique de La Borde), le réalisateur Nicolas Philibert emmène cette fois le spectateur au cœur de la formation des infirmiers et infirmières, entre cours théoriques, pratiques et stages sur le terrain avec leurs premiers soins. Il rend hommage à cette profession qui nécessite de nombreuses connaissances, une grande technicité et un mental d’acier. Questions, réponses.

Pourquoi avez-vous choisi  de montrer l’apprentissage des infirmières ?

Nicolas Philibert : Il y a deux ans et demi, j’ai été hospitalisé dans un service de soins intensifs et quand j’ai commencé à remonter la pente, je me suis intéressé à ce qui se passait autour de moi. J’ai eu envie de faire un film qui rendrait hommage à cette profession, à travers l’apprentissage des futurs soignants. J’aime filmer l’apprentissage, la transmission. C’est un moyen très efficace pour sensibiliser les spectateurs qui peuvent s’identifier assez vite à celles et ceux qui apprennent, qui débutent. Les situations d’apprentissage nous confrontent à nos limites, à l’inconnu, cela provoque des émotions souvent très palpables et intéressantes à filmer.

Comment avez-vous choisi votre lieu de tournage ?

Nicolas Philibert : J’avais l’embarras du choix car il y a 330 instituts de formation en soins infirmiers en France. J’ai choisi celui de la Croix-Saint-Simon, à Montreuil, avant tout parce que j’y ai été accueilli par une équipe pédagogique très réceptive à mon projet et très dynamique. Ensuite pour des questions logistiques et aussi car il y a une population avec une grande mixité sociale.

Qu’avez-vous retenu du monde infirmier ?

Nicolas Philibert : J’avais un certain nombre de représentations sur le monde infirmier qui étaient un peu des clichés. J’ai progressivement compris et vu que cette profession exige des compétences très larges, à la fois théoriques, techniques, et de lourdes responsabilités. C’est un métier exposé et éprouvant qui exige beaucoup de détermination. D’autant plus que l’hôpital va mal, avec les pressions économiques de plus en plus lourdes, le manque de personnel, il faut aller vite… Les beaux principes qu’ils apprennent à l’école, comme de prendre son temps avec les patients, sont souvent bousculés quand ils arrivent en stage.

Comment ont-ils oublié la présence de votre caméra ?

Nicolas Philibert : Il ne s’agit pas de se faire oublier mais de se faire accepter, ce qui n’est pas exactement pareil. De mon côté, j’ai pris le temps d’exposer le bien fondé du projet. Il y avait seulement une petite dizaine d’étudiants sur les 280 qui n’a pas souhaité être filmé. Au bout d’un moment, ils faisaient moins attention à notre présence. Ils ont compris que je n’étais pas là pour les juger, ni les filmer à leur insu… C’était une caméra plutôt bienveillante.

Quelles ont été leur réaction quand ils ont vu le film ?

Nicolas Philibert : Les professionnels de la santé, infirmiers ou infirmières, disent qu’ils se reconnaissent dans ce portrait collectif. Certains ont fait la remarque : « Ce que dit untel, ça m’éclaire car parfois je n’arrivais pas à le formuler ». Une infirmière en fin de carrière m’a dit : « À travers le film, j’ai revu un peu toute ma carrière ». J’ai le sentiment de ne pas avoir trahi cette profession.


À l’agenda

Le cinéma Les Lobis va proposer différents évènements avec la venue de personnalités du cinéma au cours du mois de septembre.

Lundi 10 septembre à 20h30 : projection du film « Guy », en présence de l’acteur/réalisateur Alex Lutz. L’histoire de Gauthier, un jeune journaliste qui apprend par sa mère qu’il serait le fils illégitime de Guy Jamet, un artiste de variété française ayant eu son heure de gloire entre les années 60 et 90. Celui-ci est justement en train de sortir un album de reprises et de faire une tournée. Gauthier décide de le suivre, caméra au poing, dans sa vie quotidienne et ses concerts. « Un film très touchant et très personnel du trublion télévisuel Alex Lutz qui joue dans Catherine et Liliane sur Canal + », souligne Romain Prybilski, directeur du cinéma.

Dimanche 16 septembre à 16h : projection de « Mademoiselle de Joncquières », en présence du réalisateur Emmanuel Mouret. « Un film d’époque drôle et brillant, avec dans les rôles principaux Edouard Baer, qui n’a jamais été aussi bien dirigé, et Cécile de France », relève Romain Prybilski. Le synopsis : Madame de La Pommeraye, jeune veuve retirée du monde, cède à la cour du marquis des Arcis, libertin notoire. Après quelques années d’un bonheur sans faille, elle découvre que le marquis s’est lassé de leur union. Follement amoureuse et terriblement blessée, elle décide de se venger de lui avec la complicité de Mademoiselle de Joncquières et de sa mère…

Vendredi 21 septembre à 20h30 : projection du film « Sauvage », en présence de l’acteur Félix Maritaud. Cela raconte l’histoire de Léo, 22 ans, qui se vend dans la rue pour un peu d’argent. Les hommes défilent. Lui reste là, en quête d’amour. Il ignore de quoi demain sera fait. Il s’élance dans les rues. Son cœur bat fort. « Un film coup de poing avec l’une des révélations du festival de Cannes, l’acteur Félix Maritaud, qui livre une performance physique et « sauvage », attention aux âmes sensibles ! », précise Romain Prybilski. À noter : le film est interdit aux moins de 16 ans.

Renseignements et réservations : www.cap-cine.fr/les-lobis ou 02 54 74 33 22