Un embarquement avec les gendarmes de la route


AU VOLANT Les gendarmes de l’escadron départemental de sécurité routière (EDSR) surveillent les routes du Loir-et-Cher. Nous les avons suivis sur différents points de contrôles.
Chloé Cartier-Santino

Les gendarmes de l’EDSR mènent régulièrement des contrôles sur les routes du département.

Dans l’ETM (équipement de terrain mobile), voiture banalisée avec un radar embarqué, un gendarme est au volant, un autre garde un œil sur une tablette tactile qui affiche en temps réel la vitesse des voitures devant eux et celles qu’ils croisent ou qui doublent leur propre voiture. Si l’automobiliste dépasse la vitesse autorisée, sur le même principe que les radars installés au bord des routes, une photo est prise, puis transmise immédiatement au Centre automatisé des constatations d’infraction routière. La contravention est ensuite envoyée au domicile du propriétaire du véhicule. En plus de l’ETM, ce vendredi après-midi, deux points de contrôles ont été installés. Un gendarme vise une voie rapide avec ses jumelles pouvant prendre dans les deux sens et signale au fur-et-à-mesure les excès de vitesse à ses collègues postés plus loin pour arrêter les chauffards. « La gendarmerie est toujours à la pointe des nouvelles technologies avec des formations régulières pour suivre les évolutions du matériel », souligne le capitaine Éric Quais, commandant adjoint de l’EDSR. Une moto a été prise à 152 km/h au lieu de 90 km/h. Le jeune homme partait en week-end au circuit de Magny-Cours avec trois autres motards. Il écope d’une contravention de 5e classe : convocation devant le tribunal, rétention du permis et immobilisation de son bolide. Quelques minutes plus tard, c’est un automobiliste qui roulait à 140 km/h : amende, suspension du permis de conduire pour une durée qui sera déterminée par le préfet et 4 points en moins.

Un œil sur tout
En se rendant sur le deuxième point de contrôle, une camionnette stationnée aux abords d’un rond-point avec un lapin rose accroché au pare-brise et une publicité pour un magasin érotique attire l’attention des gendarmes. Ils s’arrêtent pour jeter un œil et prendre quelques photos. « Tout est fait de petits riens, il faut être au courant de ce qui se passe et se poser les bonnes questions », remarque Éric Quais. D’ailleurs, sur la route, les gendarmes sont attentifs à tout ce qui se passe et repèrent en quelques secondes les infractions. « Dans la 206 grise qu’on vient de croiser, il y avait une femme brune, cheveux attachés avec des lunettes qui tenait son téléphone dans sa main gauche », indique le chauffeur à son collègue qui appelle aussitôt les gendarmes postés quelques kilomètres plus loin. A ce deuxième point de contrôle, un chauffeur routier a été arrêté pour utilisation de son téléphone portable au volant. Cependant, l’homme se défend d’avoir utilisé son téléphone en expliquant que c’était son GPS. « L’utilisation de tout objet de distraction tenue en main est interdite au volant, y compris le GPS », lui explique calmement le capitaine Quais. Ensuite, c’est un homme qui roulait à 140 km/h au lieu de 80 km/h dans une voiture d’entreprise. « Il est positif au cannabis », signale un gendarme. Le dépistage salivaire sera donc envoyé dans un laboratoire pour déterminer s’il dépasse la norme autorisée en THC, et selon les résultats, sa suspension de permis sera confirmée ou non et il peut avoir des poursuites. « Notre but est de faire diminuer le nombre d’accidents, de verbaliser les délinquants de la route et d’être visible pour que les chauffards se sentent en insécurité », conclut Éric Quais en rentrant à La Chaussée-Saint-Victor, base de l’EDSR.


L’EDSR : des missions variées
Si le principal objectif des gendarmes de l’escadron départemental de sécurité routière (EDSR) du Loir-et-Cher est de rechercher les infractions graves génératrices d’accidents, ils sont aussi amenés à diligenter des enquêtes judiciaires sur les autoroutes du département, intercepter des véhicules transportant des objets volés, des trafiquants, ou encore des personnes recherchées.

Dans l’ETM (équipement de terrain mobile), voiture banalisée avec un radar embarqué, une tablette tactile affiche en temps réel la vitesse des voitures.

L’EDSR du Loir-et-Cher compte 74 gendarmes dirigés par le capitaine Éric Josse et son adjoint, le capitaine Éric Quais. Il regroupe les unités de gendarmerie qui lutte contre l’insécurité routière sous toutes ses formes. C’est aussi le conseiller technique du commandant de groupement de gendarmerie départementale, qui est en relation avec le préfet qui va définir les objectifs en matière de prévention et sécurité routière. « La délinquance passe par la route donc nous sommes amenés à aider les personnes lorsqu’il y a un accident mais aussi intercepter des véhicules volés, des personnes recherchées, des trafiquants de drogue ou d’armes, des individus liés au terrorisme… », explique le capitaine Éric Quais avant de poursuivre : « Nous recherchons aussi des personnes en situation irrégulière et sur réquisition du procureur de la République, nous pouvons contrôler toutes les personnes d’un véhicule et le fouiller ». L’EDSR comprend le peloton motorisé (PMO) de La Chaussée-Saint-Victor qui a pour compétences l’arrondissement de Blois et l’A10, le PMO de Saint-Romain-sur-Cher pour la Vallée du Cher et l’A85, le PMO de Salbris qui gère l’arrondissement de Romorantin et l’A71, ainsi qu’une brigade motorisée pour l’arrondissement de Vendôme. Côté matériel, chaque unité dispose de motos et voitures dont certaines sont banalisées, d’éthylotests, d’éthylomètres, de cinémomètres et d’un sonomètre.

80 % de sécurité routière
« Notre travail concerne à 80 % la sécurité routière », précise le capitaine Quais. Cela englobe tout ce qui touche au non-respect du code de la route et de la loi. « Quand on entend des citoyens dire « les gendarmes ne sont jamais là où il faut », il faut comprendre que nous avons différents modes de fonctionnement, en uniforme et en civil pour relever les infractions », explique-t-il. Par ailleurs, le secrétariat de l’EDSR analyse tous les accidents, ce qui permet aux gendarmes de déterminer les lieux, horaires et fréquences des patrouilles sur les routes. En règle générale, le vendredi soir, le week-end et le lundi matin sont les moments les plus accidentogènes. « Il y a ceux qui prennent leur voiture le dimanche matin après une soirée sans avoir dormi, mais aussi le lundi matin, les gens pressés d’emmener leurs enfants à l’école et d’aller au travail… », décrit le capitaine. Les militaires de l’EDSR sont aussi spécialisés dans le contrôle de flux. « Cela s’inscrit dans la nouvelle vision de la sécurité par l’Etat et l’évolution de nos missions avec la Police de sécurité du quotidien », explique le capitaine. En effet, ils pourraient être les premiers sur les lieux d’un attentat ou avoir affaire à un terroriste au cours d’un contrôle routier. Les gendarmes mènent aussi des actions de prévention à la sécurité routière en milieu scolaire, pour les personnes âgées et à la demande dans les entreprises.
Chloé Cartier-Santino