Une épée de Damoclès au-dessus des écoles rurales


Les classes en péril se multiplient et les banderoles dans les villes également. À Billy-Gy, Chémery… Le phénomène chaque année n’est pas nouveau en province mais exaspère et sidère de plus en plus élus et parents d’élèves. La cohérence des uns, urbains, n’est pas toujours celle des autres, citadins.

À Billy-Gy, mobilisation face à la menace d’une fermeture de classe
Alors qu’une classe s’était ouverte à la dernière rentrée à Billy, l’Éducation Nationale menace de faire machine arrière. L’après-midi du samedi 20 février, le Syndicat Intercommunal à Vocation Scolaire (SIVOS) de Billy-Gy, le groupement des parents d’élèves et les élus se sont mobilisés.
Nicolas Garnier, maire de Billy, accompagné de Marie-Christine Sion-Riquier maire adjointe de Gy-en-Sologne, a proclamé les motifs de son ressentiment devant les parents d’élèves. « Je ne m’explique pas ce manque de dialogue alors que la municipalité avait réalisé des investissements pour la toute récente ouverture de classe. Je m’insurge contre la justification avancée. Certes, les effectifs ont baissé mais la commune dispose d’un parc locatif susceptible de générer de nouvelles inscriptions. Enfin, les mouvements d’habitants peuvent ramener la différence entre les chiffres de 2020 et l’estimation de 2021 à quelques unités. Alors, les mathématiques, c’est bien, mais pas au détriment des enfants ! En 2020, la section maternelle enregistrait des classes à 31 pour des classes de 28 en primaire. La création d’une classe avait apporté un peu d’air et voilà que tout est remis en question ! Comme il n’y a que les chiffres qui peuvent barrer ce projet de fermeture, nous appelons tous ceux qui envisagent une inscription à Billy ou à Gy de se faire connaître rapidement. »

Des mathématiques à en perdre son latin
Franck Baillieul, maire de Gy, contacté par téléphone, a également déclaré ne pas comprendre le modus operandi de l’autorité en matière d’éducation : « pourquoi l’Académie ouvre-t-elle une classe pour la fermer l’année d’après pour quelques élèves en moins ? L’effectif restant devra être dispatché dans d’autres classes du SIVOS. Ceci va contre le principe de distanciation physique, mesure qui pourrait soit durer, soit se renouveler. De plus, dans les classes du CP au CM2, aucun double niveau n’est pratiqué cette année, ce ne sera vraissemblablement plus le cas. On nuit à la qualité d’apprentissage des enfants et aux conditions sanitaires !  » Françoise Noël, présidente du SIVOS, et Joyceline Berlu, vice-présidente, ont à leur tour fustigé cette menace qui réduirait à zéro les efforts du groupement scolaire.  » Nous avons investi dans du mobilier et du matériel de classe, nous avons consacré du temps à l’obtention prochaine de tableaux numériques, nous avons déplacé la garderie pour faire place à la nouvelle classe, nous avons engagé un contrat avec un agent territorial et ce serait pour rien ?  »

À Chémery-Méhers et Méhers aussi
Après Billy-Gy (Cf. page 27), le Syndicat Intercommunal à vocation Scolaire de Chémery-Méhers pourrait à son tour se voir supprimer une classe à la rentrée de septembre 2021. L’Éducation Nationale rendra son verdict au regard des inscriptions qui combleront, ou non, le seuil à dépasser.
Depuis son bureau de maire à Chémery, Anne-Marie Thévenet a vanté la qualité de l’enseignement dispensé à l’école Jean-Zay pour les enfants de Chémery et de Méhers, cette dernière commune ne possédant plus de structure depuis de nombreuses années.  » L’équipe enseignante est estimée, les agents se sont très bien adaptés aux consignes sanitaires de l’État, et le SIVOS ainsi que les deux municipalités ont uni leurs efforts pour doter l’école en moyens humains, en mobiliers fonctionnels et équipements informatiques tels Tableaux Blancs Interactifs pour chaque classe et ordinateurs pour la salle informatique. Quant à notre cantine, elle est très appréciée des enfants. Les produits locaux y sont préparés sur place. Des projets de lotissement et de zone artisanale sont en cours. Tout ceci pour dire que nous mobilisons tous nos efforts pour développer l’attractivité de notre espace rural afin de capter des nouvelles familles et pérenniser une école agréable à vivre », a-t-elle appuyé.  » On nous a déjà enlevé des classes, où cela va-t-il s’arrêter ? « , s’est-elle alarmée. Les mairies de Chémery et de Méhers engagent les nouvelles familles à inscrire dès à présent leurs enfants pour la rentrée scolaire 2021/2022, et remercient les parents d’élèves mobilisés ainsi que ceux qui les rejoindront !
F.T.

Mairie de Chémery : 02 54 71 80 24. Mairie de Méhers : 02 54 71 80 32.