Valloire-sur-Cisse : Se faire tirer le portrait, l’art pour réconforter

Depuis le 16 décembre 2020, jusqu’au printemps 2021, l’artiste plasticien Miguel Lebron est présent tous les mercredis en résidence d’artiste à l’Atelier 6 pour un projet en relation avec les habitants de la commune.
Le plasticien propose en effet de réaliser un portrait des habitants qui se portent volontaires. Portrait ayant deux dimensions de lecture, la première académique et ressemblante et la deuxième se situant davantage sur le ressenti, la couleur et l’énergie qui se dégage de la personne.« Le point de départ du projet a été la question suivante : comment le créatif que je suis va subir les effets de la crise sanitaire que nous traversons qui nous impacte avec le manque d’expositions et l’éloignement des gens, reconnaît Miguel Lebron. Le contact avec le public est ce qui m’a plus manqué pendant cette période car pour moi trois choses définissent une œuvre d’art, l’artiste, l’œuvre et le public. Si l’un de ces éléments manque, l’œuvre n’a pas lieu d’être et l’artiste n’a plus vocation à la créer car il n’y a pas d’œuvre d’art s’il n’y a pas une personne en face qui la reconnaît comme telle. Bref, pour créer, le public est indispensable. » Miguel Lebron a choisi pour ce projet original l’Atelier 6 où il avait déjà exposé : « J’avais noué d’excellents contacts avec les responsables de l’atelier et le maire de Valloire-sur-Cisse, Catherine Lhéritier, indique le plasticien. J’ai donc programmé ce projet qui consiste à aller à la rencontre les habitants via l’art en collaboration avec l’Atelier 6 et la mairie. En cette période anxiogène où l’on nous apprend à avoir peur de l’autre, je souhaite aller à la rencontre d’autrui à travers l’art afin de retrouver une part d’humanité, sans le filtre du masque car on ne peut faire des portraits de gens masqués. »

L’art positif
Avant de faire un portrait, l’artiste échange pendant une heure avec la personne en essayant de capter ce qui sera en arrière plan du portrait proprement dit. Mon objectif est d’interpréter à partir de ce dialogue, via les couleurs et les matières l’énergie que je sens remonter de la personne en rendant visible ce qui est invisible dans la personne. » Miguel Lebron a fait le choix de ne pas faire poser les enfants : « Dans ces portraits à la fois figuratifs et abstraits, je vais capter l’énergie que je ressens en discutant avec la personne et je n’ai pas les outils pour le faire avec des enfants. » Le projet a pris dès les premières séances comme l’explique le plasticien : « Pour les premières séances, j’avais mis une annonce sur Facebook. Suite à ce post, beaucoup de gens sont venus me voir à l’atelier, très motivés pour poser, principalement des femmes entre 40 et 50 ans car elles sont sans doute plus motivées à faire ce genre de démarche. Ces personnes sont venues spontanément à ma rencontre, ce qui est intéressant car cela démontre que même si nous vivons à la campagne, en période de Covid, les gens ont besoin de culture afin de sortir de leur quotidien et de participer à quelque chose de positif. Comme je ne veux pas m’inscrire dans une démarche commerciale, cette action est totalement bénévole et nous projetons de monter une exposition une fois le projet terminé. »
Miguel Lebron, qui aimerait transposer ce projet dans d’autres communes, suit actuellement une formation d’art-thérapeute afin d’ouvrir cette année un cabinet à Montrieux-en-Sologne, là où se situe son atelier : « À ce stade de ma vie, je ressens le besoin de me tourner vers les autres et de donner un sens à ma vie en mettant davantage d’humanité dans notre monde. Je réalise que l’art peut apporter beaucoup de bienfaits en ces temps troublés. »
F.M.
Atelier 6, 16 rue du Moulin, 41150 Valloire-sur-Cisse. miguel.lebron@orange.fr