Vanik Berberian, chantre de la ruralité et de l’Arménie

Il avait fait de Gargilesse la capitale de la ruralité. L’ancien président des maires ruraux s’est éteint à 65 ans.
Accueillir Emmanuel Macron à Gargilesse en février 2019 aura été le grand moment de son parcours politique. Le président ne venait pas y faire du tourisme, mais lancer le Grand Débat National dont le président des maires ruraux aura été l’un des inspirateurs. Le sourire permanent affiché par Vanik Berberian cachait probablement déjà le mal qui allait l’emporter deux ans plus tard. Le 18 novembre 2019 en effet, dans le palais de l’Elysée où le même Emmanuel Macron lui remit la légion d’honneur, le maire de Gargilesse ne put répondre à ses propos élogieux, le mal l’avait déjà privé de la parole. Terrible punition pour cet élu, habile débatteur, que l’on retrouvait de plus en plus souvent sur les antennes ou les plateaux télé pour défendre la ruralité.

Un élu engagé
Curieux destin pour ce parisien, fils d’un Egyptien né en Bulgarie et d’une mère vivant au Liban où ses parents se sont mariés. Rien ne prédisposait cet ancien élève du collège arménien de Sèvres à devenir maire de Gargilesse, 306 habitants. Rien, sinon ce choix «d’entrer en ruralie» pour cet éducateur spécialisé. Un choix accompagné d’une formation au CNAM pour obtenir un diplôme d’études supérieures, option gestion des collectivités. Une compétence qu’il mit au service d’«Un des plus beaux villages de France», mais aussi de l’Association des maires ruraux de France dont il occupa pendant treize ans la présidence. Il consacra autant d’énergie à la défense de la cause arménienne au point que l’on dise de lui : «C’est le plus connu des Arméniens de France après Aznavour.» Le seul point noir de ce parcours exemplaire aura été son impossibilité à faire triompher les idées du Modem dans son département. Battu lors des élections sénatoriales de 2014 par de grands électeurs qui n’avaient pas pris conscience de sa stature nationale, il aurait sans doute été élu haut la main en septembre dernier. La maladie en a décidé autrement.

P.B.