Voilà cent ans, des milliers de soldats américains arrivaient à Issoudun


Issoudun

Le 25 juin, Issoudun va célébrer le centième anniversaire du premier centre mondial d’instruction aérien… dans la champagne berrichonne. Le point de départ d’un certain nombre de manifestations, dont une grande exposition en octobre.

Volvault, commune de Paudy, une ferme à l’écart de la route Issoudun Vatan, juste avant d’arriver au hameau de Voeu. En bordure d’un bois, sur une prairie entretenue sans ostentation, un monument du souvenir, comme on en trouve des dizaines dans le département, en hommage à des résistants tombés pendant l’occupation, en particulier à la fin de la guerre lorsque les Allemands se repliaient avec la férocité du désespoir. Cette fois c’est bien d’un conflit mondial qu’il s’agit, mais de la guerre 14-18 et le monument est dédié à la mémoire des soldats américains, aviateurs pour la plupart.

Car voilà, face au monument, de l’autre côté de la route, dans les champs à perte de vue où l’agriculture céréalière a repris tous ses droits (sauf dans les bosquets qui abritent des restes de fondations de bâtiments en dur), s’est élevé entre 1917 et 1919 le camp de Rouze, le plus important des sept camps installés près d’Issoudun où cantonnaient huit mille militaires et civils.

Difficile au moment où la nature n’est plus animée que par des éoliennes, d’imaginer l’espace décrit par Pierre Dupuy, un habitant de Paudy, description que l’on trouve dans le livre de Bernard Gagnepain (1) « Ce camp, le plus important du Centre, était une vraie ville. Il y avait le chemin de fer avec de nombreuses voies, une usine à gaz, un château d’eau, l’électricité et des puits profonds en ciment, pour le stockage du pétrole et de l’essence. Les américains brûlaient leurs morts. Ils avaient construits un four crématoire en face d’un mémorial derrière lequel ils avaient un cimetière garni de gazon, semblable à celui d’Arlington, à Washington ».

La voie ferrée en question disposait d’un embranchement sur la ligne Paris-Toulouse, ce qui permettait d’acheminer le matériel qui avait traversé l’atlantique.

Le 2 avril 1917 à la suite du torpillage d’un cargo américain par un sous-marin allemand les Etats-Unis entre en guerre aux côté des alliés et dès le mois de mai les miliaires américains sont à Issoudun pour repérer les terrains pouvant servir à l’instruction de leurs aviateurs. Les Français fourniront les avions et les instructeurs. C’est ainsi que nait le 3e centre de l’aviation d’Issoudun. La décision est annoncée le 27 juin. Les soldats arrivent en août pour lancer un énorme chantier sur 1500 ha et les premiers aviateurs sont à pied d’oeuvre le 23 septembre !

Une grande cérémonie le 25 juin

C’est le 25 juin 2017, soit cent ans pratiquement jour pour jour après l’arrivée des premiers américains, qu’Issoudun rendra hommage à ceux qui nous ont aidés à gagner la guerre de
14-18. « C’est un des quatre programmes qui ont reçu la double labellisation française et américaine, se réjouit André Laignel, maire d’Issoudun, dans les cérémonies de commémoration de la première guerre mondiale. » Le programme de ces célébrations fait encore l’objet de réunions préparatoires, les détails en seront connus prochainement. Ce qui est certain en tout cas c’est que les célébrations ne s’arrêteront pas le 25 juin. Une grande exposition du souvenir : objets, témoignages, coupures de presse aura lieu courant octobre au Centre de Mémoire de Médiathèque Albert Camus. (lire par ailleurs). D’autres événements, comme lors des mardis de l’Eté, le festival de guitare, début novembre ou un cycle du film américain. « Il pourra aussi y avoir des touches contestataires, prévient André Laignel, malgré la reconnaissance que nous devons aux américains il ne s’agit pas d’accepter béatement tout ce qui nous vient d’Amérique. » On ne pouvait pourtant pas passer sous silence cet épisode de la vie issoldunoise, beaucoup plus bref (1917-1919) que la présence des américains à Châteauroux trois décennies plus tard, mais tout aussi spectaculaire.

Pierre Belsoeur


La grande collecte à l’heure américaine

Les derniers témoins de cette période étonnante de la vie issoldunoise ont disparu depuis une quinzaine d’années. Dans le sillage de la grande collecte des archives et des témoignages de la Première Guerre mondiale, le Centre de la Mémoire et la médiathèque Albert Camus souhaitent à nouveau mettre à contribution les habitants du Pays d’Issoudun, mais surtout leur mémoire.

« Quels souvenirs les aviateurs américains ont-ils laissés chez nos parants les plus âgés et dans nos familles ? Quelles traces reste-t-il de cet aérodrome qui fut pendant plusieurs décennies le plus important centre de formation du monde, dans nos paysages et dans nos mémoires ? Une dizaine de mariages franco-américains ont été célébrés entre 1917 et 1919. Quels liens subsiste-t-il ? Qui se souvient de la vie de ces 8.000 soldats américains et ces 300 Chinois employés à la construction de l’aérodrome.» Ce sont les questions que vous posent Anne Marie L’Hour directrice de la médiathèque et Anne-Lise Pradal , agent recenseur au centre de la mémoire.

Vous pourrez leur confier vos coupures de presse, correspondances, journaux intimes, photographies, vêtements, uniformes et objet de la vie courante. Vous pourrez aussi venir à la médiathèque pour enregistrer votre témoignage ou demander à ce que quelqu’un de l’équipe vienne à votre domicile pou enregistrer le témoignage d’un parent âgé.

Une grande exposition est prévue à la mi octobre au Centre de la Mémoire.

Contact : Anne-Lise Pradal et Stéphanie Gelfi archives@issoudun.fr 02.54.21.61.43