Voir l’avenir en musique


Crise sanitaire oblige, l’édition 2021 de Focus Musique, organisé par les onze ensembles musicaux professionnels de la région Centre-Val de Loire dont le répertoire balaye mille ans de musique (Diabolus in Musica, Ensemble Jacques Moderne, Ensemble Cairn, Ensemble Perspectives, Quatuor Diotima, Ensemble Consonance, Ensemble Ptyx, Les Folies Françoises, Ensemble La Rêveuse, Le Concert Idéal et Doulce Mémoire) s’est tenuE en vidéo conférence le 9 février. Cet événement a pour but de faire se rencontrer ensembles musicaux, programmateurs et acteurs culturels de la région.
Les ensembles musicaux contribuent au rayonnement de notre région, reconnaît Agnès Sinsoulier-Bigot, vice-présidente du Conseil régional, déléguée à la culture et à la créativité numérique. Ils ont la capacité de s’adapter à l’ensemble du territoire régional, notamment via le PACT (projet artistique et culturel de territoire), qui leur permet de se produire en zone rurale, dans des lieux pas toujours adaptés à la musique, tout en ayant un rayonnement national et international. Nous devons réfléchir et nous adapter afin d’aider les ensembles pour leur permettre de passer ce cap difficile plus long que prévu initialement. Pour Fabrice Morio, directeur de la DRAC Centre-Val de Loire, « en ces temps qui courent, il est important de réfléchir et de s’interroger. L’État a été présent afin de soutenir les artistes durant cette période très compliquée. La DRAC reste très attentive aux demandes des ensembles. 1 190 000 euros sont destiné à un plan de relance de fonctionnement pour les artistes ainsi qu’aux lieux d’accueil en résidence. Cette aide financière soutient aussi les co-productions. »

Sortir la musique des salles de concert
Les représentants des différentes formations ont ensuite présenté leurs actions destinées à faire rayonner la musique au-delà de son public habituel. Depuis deux ans, l’ensemble vocal Perspectives va à la rencontre d’un public empêché en organisant des ateliers hebdomadaires dans des foyers de vie de l’APHC dans le Loiret. « Les périodes de confinement ont affecté ces personnes aujourd’hui isolées » relève le directeur artistique de l’ensemble, Geoffroy Heurard. En cette période troublée, notre travail est d’être de plus en plus connectés à la vie de la cité. Nous allons en 2021 entreprendre d’autres actions, notamment vers le monde carcéral afin de favoriser une société plus inclusive. D’autres ensembles comme Diotima et Consonances travaillent avec les musiciens amateurs et scolaires avec pour objectif de ressentir et vivre la musique. Très attaché à la transmission, Les Folies Françoises, dont les musiciens se consacrent aussi à l’enseignement, introduisent régulièrement dans leurs productions des étudiants des conservatoires. « J’aime me rendre dans les écoles primaires à la rencontre des élèves pour leur transmettre ma passion car les enfants sont toujours émerveillés par cette découverte » ajoute Patrick Cohen-Akenine, directeur artistique de l’ensemble de musique baroque. Diabolus in musica spécialisé dans le répertoire vocal médiéval va chercher le public en organisant des visites de monuments historiques en musique.

Un avenir espéré
De manière générale, crise sanitaire oblige, la plupart des ensembles ont du abandonner ou transformer leurs projets car les seuls maintenus ont été les interventions en milieu scolaire, ce qui a amené leurs directeurs artistiques à réfléchir sur l’avenir pour oublier cette période difficile pour les musiciens et le monde artistique en général. « Ce qui est difficile pour nous est d’être seuls même si nous gardons un lien entre les différentes formations et que nous avons l’appui des acteurs locaux » reconnaît Jean-Baptiste Apéré, directeur artistique de l’ensemble de musique contemporaine Ptyx. Pour Denis Raisin-Dadre, directeur artistique de Doulce Mémoire dédié à la musique de la Renaissance, « les grands ensembles, à l’exemple de l’Opéra de Versailles, s’en sortent bien en faisant beaucoup d’enregistrements, ce qui n’est pas notre cas. Ma réflexion actuelle porte sur la sortie de crise où à l’exemple de la période entre les deux guerres mondiales, il y a eu une soif de vie et une création importante. Il nous faut imaginer ce que l’on va faire avec des projets originaux et joyeux. Nous profitons de la crise sanitaire pour répéter et réfléchir, même si nous sommes dans une période de frustration physique car nous faisons tous de la musique d’ensemble et nous n’avons pas le droit de jouer avec les autres, les salles de répétition étant fermées. »
« La captation vidéo s’est intensifiée avec la crise sanitaire, remarque Florence Bolton co-directrice artistique de la formation baroque, la Rêveuse. Nous souhaitons aller plus loin en proposant des vidéos pédagogiques alliant peinture et musique. Nous ne manquons pas de projets. » Pour Charlotte Bartissol, administratrice du quatuor Diotima, « le spectacle vivant doit rester la règle et le numérique l’exception. Nous avons tous envie de renouer avec la scène. Nous sommes convaincus depuis toujours que la musique contribue à la santé mentale des individus mais la crise nous a fait prendre conscience du besoin de travailler en réseau entre musiciens, producteurs et diffuseurs.Nos ensembles disposent d’une capacité inégalée pour proposer des prestations destinées à tous les publics et tous les lieux. » Vivement la réouverture des salles de concert.
F.M.