Y a pas le feu … un peu quand même !


On peut bramer au clair de lune, au fond des bois, ou sur les bancs de l’Assemblée nationale, que la petite Greta Thunberg n’est que la partie visible d’un iceberg immergé dans l’océan du mercantilisme et du capitalisme.
On peut bêler au champ à la manière de Michel Onfray hésitant à préciser que Greta est autiste Asperger. On peut être aussi borné que le copain de plume de Jef Coppé, Laurent Alexandre, qui estime que « les jeunes qui suivent Greta Thunberg sont les idiots utiles de la dictature verte ». On peut être aussi prétentieux qu’un porte-parole du RN, le parti de Marine Le stylo (comme écrit dans un précédent article, tout nom à consonance anglo-saxonne sera systématiquement francisé) et critiquer les députés qui reçoivent Greta Thunberg «comme s’ils avaient des leçons à recevoir de cet enfant du déluge qui nous prévoit la fin du monde du haut de ses 16 ans». Et quand bien même ,aurait-elle dit leurs quatre vérités à des parlementaires qui utilisent plus facilement un véhicule particulier que les transports en commun. Tous ne sont, à leur manière, que des Karadoc qui « ne voudraient pas passer pour un glandu » et s’exclament « c’est pas faux ! »
Greta, 16 ans, n’écrit peut-être pas ses discours. Rien de sûr, certes. On ne sait jamais puisque d’autres, plus âgés, n’ont toujours pas intégrés le mode d’emploi de leur propre cerveau. Greta est peut-être manipulée par des forces obscures d’ultra-gauche. Rien de sûr, certes. Assurément, Greta rate l’école du vendredi et d’autres jours encore. L’instruction rend-elle intelligent ou moins con (voir exemple au paragraphe suivant) ? Elle pose au moins des questions et interpelle ceux qui pourraient, éventuellement, apporter des réponses. Simplement, elle indique que si on ne fait rien, il sera bientôt trop tard pour se demander si c’était mieux avant ou pas !!! Ce n’est pas en s’interrogeant quant à l’impact énergétique et l’empreinte carbone laissés pour son voyage à New York, qui changera la donne … Greta ne fait rien de moins, rien de plus, que d’autres avant elle. Elle est dans la lignée d’un Pierre Fournier, chantre et initiateur de la « révolution écologique » des années 70. Elle n’a pas l’entregent d’un René Dumon, premier candidat écolo à nos présidentielles, au siècle dernier aussi. Elle a le mérite d’exister et de se faire entendre, que l’on aime ou pas !
Pendant ce temps là Donald joue au Monopoly. Ne comptez pas sur lui pour s’installer rue de La Paix. C’est le Groenland qu’il veut s’acheter. Les Danois en sont heureux ! Un achat non pas pour donner les codes de la démocratie à l’américaine aux Inuits. Que nenni. Pour les autochtones, ce sera l’opportunité de connaître le sort des Amérindiens. Comme voilà deux cents ans, le titre de propriété vaudra plus que des siècles de présence sur le sol. On pourra ainsi ouvrir des mines. On pourra forer des puits pour le pétrole ou autre chose. À moins que le sieur de la Maison Blanche ne finisse par aller à la case prison sans passer par la case départ, sans toucher 20 000 aussi. Tel un héros de Shakespeare, il sera alors temps de s’écrier que « quelque chose est pourri au royaume de Danemark. » Mais comme l’hirsute de New York n’a jamais lu Hamlet …
Pendant ce temps-là, Jair Bolsonaro, parangon d’écologie, accuse les ONG d’avoir foutu le feu à la forêt amazonienne. Lui qui n’en a que faire et semble se satisfaire de tant de zones boisées qui brûlent en même temps. Une vraie aubaine pour la production future d’huile de palme et la culture du soja bio, ou pas. Le président brésilien doit avoir de bonnes lectures : les nazis avaient raconté un truc similaire pour l’incendie du Reichstag. Là, c’était le début d’un complot communiste. Ici, ce serait le complot d’écologistes ultra. Ultra connerie, oui.
Ce n’est pas pour autant que le retour de l’éclairage à la bougie soit obligatoire. Ce n’est pas pour autant que devenir végan soit indispensable. Ce n’est pas pour autant que l’on soit obligé de retourner à l’âge de Pierre, Paul, Jacques. Pourtant, il serait peut-être temps de réfléchir un petit peu à l’avenir, non ?

Fabrice Simoes