49.3, le compte est bon


49.3, annoncé comme ça par Fabien Galthié, entraîneur de l’équipe de France de Rugby, de but en blanc, on pourrait croire que c’est le score d’un match du XV de France contre les Anglais. Depuis l’éco-brûlage de Jeanne d’Arc, en 1431, mettre une pile aux Anglais étant un des moments les plus jouissifs qui puissent exister au monde, un résultat de ce niveau équivaut à une belle raclée… Même pas.
49.3, annoncé comme ça par Laurent Romejko, présentateur de télé, de but en blanc, on se dit que la plus ancienne des émissions de jeux télévisés de France et de Navarre – elle existe depuis 1972- a encore de beaux jours devant elle. C’est tout juste si on n’entend pas la candidate en place, du haut de la tribune du palais Bourbon, s’écrier « le compte est bon ». Là-dessus, Maître Capello émergerait de sa tombe et s’empresserait de mettre des sous dans le nourrain… Même pas.
49.3, annoncé comme ça par Mark Zuckerberg, patron entre autres de Facebook, de but en blanc, ça pouvait être la dernière mise à jour de Meta business. Dans la foulée printanière d’un nouveau plan de licenciements, 10 000 postes en moins quand même, après le plan de licenciements de novembre dernier, et fort d’un bénéfice d’une vingtaine de milliards de dollars en 2022, ça passait crème.. Même pas.
49.3, annoncé comme ça par Gérard Larcher, président du Sénat – retraite estimée à plus de 10 000€ par mois selon Médiapart- de but en blanc, on croirait que c’est le montant de la retenue supplémentaire de cotisation retraite votée par les sénateurs. Alors que les zélés représentants de cette espèce révolue, avatars de fin de règne de République monarchique, derniers relents de IIIe république, et du lobbying politique en tous genres, font les 35 h en deux jours – ce sont eux-mêmes qui le disent – ça rentrait parfaitement dans les clous… Même pas.
49.3, annoncé comme ça par Anaïs Baydemir, la Madame Météo de France 2, de but en blanc, ce pouvait être le nouveau record de température envisagée pour cet été. On était bien à 46° en 2019, dans l’Hérault. Le réchauffement climatique, la canicule, la sécheresse hivernale, la fonte des glaciers, une augmentation d’un peu plus de 3°, c’était envisageable… Même pas.
Que nenni tout ça, donc. Le 49.3, annoncé comme ça par Élisabeth Borne, Première ministre du président Emmanuel Macron, de but en blanc, et utilisé pour la onzième fois en une courte année par le gouvernement à not’Manu – la 100e pour la 5e République- est bel et bien un déni de démocratie directe. La rue ne peut être seule directrice de la vie politique. Par contre, s’appuyer sur la peur de son voisin comme moyen de cristallisation des oppositions, ça ne vaut pas non plus. La méthode est certes éprouvée, et le discours approuvé, pour se donner des avantages lors des diverses élections mais … On sait qu’il en découle la facilité à revendiquer l’application d’un programme que personne n’a lu, et surtout pas vu venir. Certes travailler au corps la jalousie compulsive des médiocres, des nombrilistes, des poujadistes et autres populistes de tous poils, est une excellente base de travail pour réduire les expressions contradictoires. Il n’en reste pas moins que mettre en place les éléments d’une gouvernance par démocratie parlementaire, même si c’est toujours assimilé à de la démocratie, n’est pas loin du bras d’honneur Dupont-Morettiste. C’est un crachat à la face de ceux que l’on qualifie d’en-bas, pour faire du baba, de petites gens, puisque l’on est en-haut, pour faire des gâteaux. Cette argutie parlementaire est à la démocratie ce qu’est une carte Gold dans les aéroports avec ses salons privés et ses entrées particulières. C’est une mise en évidence d’un régime de castes entre les puissants – pas les moins prétentieux – et les modestes, les gueux, entre les sachants et les bédas. Les plus virulents y verront même la confrontation du Bien et le Mal ! Choisis ton camp, camarade.
49.3, annoncé comme ça, de but en blanc, quand on traduit, et comprend ce que cela implique, c’était l’assurance de souffler sur des braises de foyers qui n’avaient pas besoin de ça pour s’embraser.

Fabrice Simoes