AMCC a su rebondir pour devenir septuagénaire


Lars Platow (à g) et Stéphane Delort ont guidé la visite des personnalités.

Au commencement était le bois dont on fait les charpentes et les fenêtres. Soixante-dix ans plus tard, adossés au groupe Tryba, devenu Altrya, les menuisiers castelroussins sont les spécialistes de la fenêtre PVC sur mesure.

Voici vingt deux ans, on ne donnait pas cher de la peau d’AMCC. L’entreprise fondée en 1947-1948 par les frères Laroque était en dépôt de bilan. « Nous étions trop nombreux sur le marché et nos adversaires rêvaient de nous voir disparaître, se souvient Arnaud Bourgeois, qui avait pris la succession des frères Laroque et négocia l’accord avec les Alsaciens de Stryba en 1996 ». Il a fallu licencier les trois cents salariés de l’entreprise castelroussine et repartir avec seulement une cinquantaine de personnes. Ils sont cent trente désormais.

Le Berrichon a par la suite laissé à Stéphane Delort la direction de l’entreprise. Ce dernier guidait les personnalités invitées à la célébration du 70e anniversaire entre Arnaud Bourgeois et Lars Platow directeur de la division de Stryba SAS à laquelle appartiennent désormais les anciens Ateliers Menuiseries et Charpentes du Centre (AMCC).

Lars Platow n’était d’ailleurs pas en terrain inconnu puisqu’il a passé treize ans à Châteauroux et c’est lui qui a prononcé le mot d’accueil et évoqué l’évolution de l’entreprise.

Philippe, 38 ans de boîte, a suivi l’évolution du PVC, mais son cap de menuisier lui permet d’être le maître du cintrage à chaud. Car la machine ne calcule pas tout.

Une fenêtre à base de pétrole et de sel

« Savez-vous en quoi est fait le PVC qui a été adopté par les menuisiers à la fin des années soixante, a-t-il demandé à un auditoire silencieux. C’est 43 % de dérivés du pétrole et 57 % de sel ce qui en fait un matériau recyclable à 97 %. C’est donc un matériau des plus écologiques et qui a la meilleure efficience énergétique. C’est le résultat d’une étude suisse qui prétendait démontrer la supériorité de sa filière bois ».

Un bref exposé qui permet de démontrer qu’AMCC a un bel avenir puisque sa spécialité c’est la fenêtre PVC sans structure métallique, ce qui évite les ponts thermiques et lui permet de bénéficier des normes énergie positive réclamées par le marché allemand du bâtiment.

Cette structure révolutionnaire -qui peut évidemment se décliner dans une gamme de coloris variés- il est possible d’y associer des revêtements différents : aluminium pour les extérieurs, bois pour l’intérieur. La prochaine révolution ce sera l’arrivée de la domotique et donc de l’électronique dans les ouvrants de nos maisons. « Malheureusement la menuiserie PVC dure très longtemps, se désole avec un sourire Lars Platow, et c’est l’électronique qui risque de réduire l’espérance de vie de nos produits ».

Riches de ces informations les visiteurs pouvaient alors découvrir les phases de fabrication des fameuses fenêtres. AMCC est normalement à l’arrêt le samedi mais pour l’occasion quelques salariés étaient à leur poste pour démontrer l’efficacité des machines chargées d’assembler et souder les profilés PVC et donner une idée des conditions de travail. « Nous investissons chaque année, explique Stéphane Delort, un million d’euros pour l’entretien des locaux, la modernisation de l’outil de production et l’ergonomie des postes de travail ».

Emmanuelle, douze ans d’AMCC, équipe un châssis de fenêtre tout juste sorti de l’assemblage.

Améliorer sans cesse la productivité

Emmanuelle, qui compte douze années de présence dans l’entreprise et détaille devant les visiteurs les différentes opérations permettant l’équipement des châssis, ne se plaint pas de son sort. « Je me sens bien dans mon travail, on n’est pas contraint à des cadences infernales du moment que le travail est bien fait et avec un bon rendement. Je suis formée sur deux postes différents ce qui évite la monotonie. »

C’est bien de travail d’usine qu’il s’agit et d’une chaîne de fabrication dans laquelle on a besoin d’un opérateur performant à chaque poste. L’usine castelroussine assemble des éléments venus d’autres usines du groupe Atrya, où de fournisseurs extérieurs, ce qui nécessite une logistique sans faille pour que tous les postes de montage soient approvisionnés. Une logistique dans laquelle l’informatique est omniprésent… et le sens de l’initiative des salariés indispensable. « Nous avons pour chaque équipe des bornes qualité amélioration. Chacun peut y apporter ses idées, l’équipe se réunit régulièrement en compagnie du responsable de fabrication et les résultats de ces réunions remontent au comité de direction ».

Qualité, rendement et innovation sont les maîtres mots, chez AMCC comme partout pour espérer durer. AMCC a passé le cap des 70 ans, elles ne sont pas si nombreuses les entreprises qui peuvent en dire autant. Alors, bonne continuation.

Pierre Belsoeur


« Une douzaine de postes à pourvoir »

Actuellement cent trente salariés sont travaillent en contrat à durée indéterminée (CDI), un chiffre complété par un certain nombre d’intérimaires en fonction des besoins de la production. Six au moment ou nous avons visité l’usine.

Comme tous les établissements industriels AMCC peine à trouver la main d’œuvre dont elle a besoin. «Nous pourrions monter à cent cinquante salariés, confie Stephane Delort. Nous ne demandons pas de formation spécialisée, nous assurons la formation des nouveaux salariés qui deviennent opérationnels au bout de deux mois de présence dans l’entreprise. Mais il s’agit de travail d’usine qui fonctionne en 2×8 et si le collaborateur n’est pas présent à 5h, à l’embauche, c’est toute la chaine de production qui risque d’être pénalisée. Il nous faut voir dix personnes pour en retenir une et sur trois embauchés on en perd un au bout de trois mois de présence».


« Une fenêtre en circuit court »

AMCC appartient à la division B and B d’Altrya, c’est à dire qu’elle travaille uniquement pour des entreprises ou des magasins de bricolage qui commercialisent ses produits. Mais ça c’était avant que Laurent Stroh mette au point le site Portes et fenêtres.fr sur lequel le bricoleur un peu entreprenant peut commander la fenêtre de ses rêves. En gros, vous fournissez le trou et AMCC fait le reste via ce site. Au terme d’une série très complète de questionnements vous savez exactement combien va vous coûter la fenêtre sur-mesure qui vous sera livrée dans les quinze jours. « On livre très vite dans des tailles qui ne sont pas standard, précise Laurent, et pas seulement à l’unité. Un particulier nous a commandé des fenêtres pour son château et après avoir terminé une première façade il vient de passer une seconde commande, c’est un bon test ». L’informaticien, spécialiste du E-commerce n’est pas basé à Châteauroux, mais en Alsace où il mène d’autres missions pour le groupe. « Lorsque j’ai commencé à construire le site il en existait deux autres désormais on doit en être à une dizaine ! » Pratique : www.porte-fenetre.fr