Les artistes et la presse ne font-ils plus bon ménage ?


Les concerts ne sont plus ce qu’ils étaient, surtout pour la presse conviée. Aujourd’hui encore plus qu’hier, les appareils photo des journalistes sont bridés. Les exemples se multiplient. 

« Olivia Ruiz est-elle soucieuse de son image ? » Un post Facebook de nos confrères de l’Hebdo d’Orléans nous a confirmé le train mis sur les rails. Ladite chanteuse s’est produite au Festival de Loire à Orléans dimanche 24 septembre et les conditions d’accueil des journalistes sur place furent très strictes. Pas de grand étonnement lorsque nous-même à Blois, dans la salle du Jeu de Paume, samedi 16 septembre, avons eu droit à la même chanson, et la mélodie donnait cela : pas d’interview, remplir et signer une décharge avant le concert, autorisation de photographier sans flash sur les trois premiers titres, validation des clichés avant diffusion auprès de la production, aucune captation vidéo possible, aucune revente en agence de presse, durée d’utilisation de
30 jours. « Madame Véronique Sanson vous autorise… » Le jour J, l’agent de sécurité présent à Blois samedi 16 septembre a carrément évoqué la possibilité de confisquer le matériel des journalistes après les trois fameuses chansons car « on ne sait jamais ». Certains spectateurs en auront également fait les frais : à chaque écran allumé en direction de la scène, un membre de la sécurité venait dans les allées gentiment les rappeler à l’ordre.

Invités, évités

D’autres médias locaux ont aussi été confrontés à des refus : le quotidien La République du Centre a récemment relaté le déroulement du spectacle à Pithiviers de Vincent Dedienne, humoriste en vogue qui a refusé toute interview, a accepté une seule photo et a, le summum, demandé la validation de l’article après son show. Tout comique qui soit, ce n’est pas drôle, mais mieux vaut en rire qu’en pleurer. Nous concernant au Petit Blaisois, nous ne remettrons pas une couche supplémentaire sur nos mésaventures photographiques, déjà évoquées dans ces colonnes, en avril avec Gérald de Palmas à l’espace Beauregard de Monthou-sur-Bièvre. Ne nous remémorerons pas non plus l’épisode Flavie Flament en mai au Domaine de Chaumont-sur-Loire qu’il fallait photographier de très loin car elle s’était déplacée sans sa maquilleuse, alors même que de simples anonymes emportaient un souvenir de l’animatrice de RTL dans les smartphones en la partageant sur les réseaux sociaux à tout-va… « Pas à son avantage, donc pas de photo. » Même sketch lors des balances d’Alain Souchon à la Fête des vendanges de Cheverny en septembre, ou encore lors d’une interview de François Cluzet au château de Chambord. La production qui fait du zèle ou les désirata de l’artiste ? Souvent, le premier item ; parfois, un peu des deux. Nous connaissions déjà les « pools » restreignant drastiquement l’accès lors des déplacements politiques, au tour des concerts maintenant. Pourquoi inviter la presse alors, si c’est juste pour mieux la museler ensuite ?

Émilie Rencien