Ras la couette
On avait déjà les manipulateurs des religions monothéistes qui nous les gonflaient sévères à vouloir, sous prétexte de discrimination, aller sur les terres de notre laïcité. On avait les sectaires de tous poils qui empiétaient sur la liberté d’expression, la liberté de faire, la liberté d’exister, la liberté tout court. Sous couvert d’un droit à l’indifférence justifiable la société s’est drapée dans une notion d’impératif de la différence. Que la norme ne soit pas une unité de mesure rigoureuse pouvait paraître une bonne chose mais je conchie l’idée de la remplacer par l’obligation d’entrer dans des cases pré-établies.
On avait les défenseurs de ci et les défenseurs de ça. Sous prétexte de donner de la pâtée aux chats et aux chiens – c’est tellement mignon le petit chat sur internet – on s’autorisait à laisser crever un Syrien sur une plage méditerranéenne. Il est vrai qu’un Syrien de plus ou de moins ça vaut pas face à la détresse d’un bichon de Poméranie chez le coiffeur. On avait les végétariens qui voudraient que les steaks soient au Tofu, et les Végans, et on ne peut pas dire que c’est la viande qui les rend aussi cons que les autres, qui ont exclus « autant que faire se peut » de la définition officielle du véganisme. Il est joli le mode de vie qui cherche à bannir l’exploitation des animaux alors que, parce qu’on ne l’entend pas, on arrache les carottes de leur terre nourricière sans que personne ne lance le moindre S.O.S. Et que dire pour les patates et les poireaux…
On avait, on les a toujours, les autres connards de l’EI, si on veut être politiquement correct, de Daesch, si on les place au niveau qui est le leur. Sur le pont de Westminster, un ramolli du cerveau a été capable de jouer de la voiture comme instrument de peur. Dans une ville où la circulation est strictement limitée, où les caméras de « protection » sont nombreuses, où la mixité culturelle est un mode de vie et où aucune loi n’interdit la burka, un déjanté de la calebasse a tué. Juste parce que… au nom d’une interprétation d’un état islamique qui se base sur des vérités du premier millénaire. C’est dire si l’homme a su évoluer. Ce n’est pas en écoutant ou regardant Donald, le président des States, assez sourd pour ne pas répondre à une demande de serrage de main à une femme que l’on constatera du mieux dans les pays dits civilisés. Même si c’est Angela Merkel, la goujaterie du personnage est à l’aune de son intelligence. Voilà quelques semaines encore on parlait des huîtres comme de, la référence du niveau zéro d’un QI, désormais, l’étalon est américain. Toujours à déclarer « American first ». Là, c’est gagné !
On avait déjà ça et voilà que François Fillon, le pilote de la Sarthe pour l’écurie LR, Bruno Leroux et consorts, comme quoi il faut bien se méfier, quoiqu’en dise les comités de défense des roux, ont réussi à me gaver. Le premier a tiré un million d’euros public et l’autre un cinquante-cinq mille euros. Qui vole un œuf, vole un boeuf. Il fallait bien trouver quelque chose pour que la crédibilité des infos soient corroborées. On ne parle même pas de l’autre, celle qui s’affranchit des financements de l’Europe parce qu’elle veut en sortir. Ras le fion de toutes ces entourloupes à la petite semaine. Les débats sont faussés. Plus de questions politiques ce qui à l’évidence est plutôt une bonne chose vu que, au pouvoir, celui qui y est oublit celui qui dit. Entre celui dont les plus ultra-défenseurs parlent de « prise d’otage du peuple par les journalistes » et se compare à Berégovoy – si Pierre a fait le fraiseur à l’usine, et a travaillé à 16 ans pour autre chose qu’un job d’été, le curriculum de François indique qu’il est entré en politique et n’en est pas ressorti depuis – et celle qui va probablement payer l’ISF mais veut défendre les intérêts du peuple, y a comme un hiatus. La fracture est largement ouverte entre le vrai alternatif soufflé comme une trumpette et le réel d’un monde aux dérives populistes à défaut d’être populaires.
On avait de vieux beaux, doctes et prétentieux, forts d’une culture limitée mais intacte. Nous avons maintenant de jeunes branle-bouillies, à peine pubère, qui assènent des vérités toutes faites et dont l’inculture ne peut être qu’une profession de foi. « En France, on est blanc et c’est tout… » Simpliste et un peu limite comme argumentation, non ? Essayez de lui faire comprendre que les Européens sont, en fait, des Indos-Européens et que le blanc est une couleur à plusieurs teintes, le front buté indique que rien ne le fera changer d’avis. Quant à envisager l’approche cartésienne de Yves Coppens qui explique que, finalement, nos ascendants sont nés en Afrique…
Les exemples se multiplient à l’infini tant la bêtise humaine est capable de se régénérer. Et après tout ça, il faudrait rester calme et manger chaud. Enfin, c’est ma maman qui va être contente : même un peu colère j’ai presque pas écrit de gros mot. Du coup pour le prochain billet, pas besoin de faire un mot d’excuse à l’avance. En attendant j’en ai ras la couette. Je retourne me coucher…
Fabrice Simoes