Bonnes résolutions


En ce début d’année, alors que les chaînes de télévision continuent de nous faire croire que les fêtes ne sont pas terminées et proposent les films adéquats – comme Sheila –, c’est l’heure de la reprise de l’école, du boulot, des activités sociales et tout le reste. C’est le calendrier qui le dit, ce n’est pas parce que l’on diffuse des chefs d’œuvres du romantisme moderne, à l’instar du Jour sans fin et son réveil de la marmotte à Punxsutawney, qu’il faut se complaire dans le farniente, le stupre, les bûches de Noël au chocolat et les dindes fourrées aux marrons ou pas. À la limite, les galettes des rois …
Il est d’usage, alors que se pointaient les premières heures de 2024, d’émettre des souhaits pour cette année toute neuve, de prendre des résolutions, de présenter ses vœux aussi. Pour les souhaits, comme une candidate à l’élection Miss France, il était facile de répondre que la guerre, c’est pas bien et que la paix c‘est tellement mieux, que la faim dans le monde c’est pas bien non plus et les animaux qu’on abandonne, il faut pas le faire, et que toussa. Finalement, rien de cela… Simplement une pensée furtive quant à demander l’impossible : l’éradication de la connerie humaine. Ce serait bien un premier pas vers une société moins clivante, un petit pas pour l’Homme, comme un Amstrong qui aurait marché sur la lune au lieu de jouer de la trompette ou gagner le Tour de France, et un grand pour l’humanité. Quant à la paix, l’utopie serait qu’elle soit pour demain. À titre personnel, envisager que l’on me la foute un tant soit peu ne serait pas déplaisant…
Au premier rang des résolutions initiales, nous avons le Dry january. Pour les non-sachants, le Dry January – Janvier sec-, c’est un mois de diète voulu par les ligues anti-alcooliques et de santé publique en préambule d’une prohibition larvée bien plus spiritueuse que spirituelle. Pays aux multiples vignobles, l’initiative anglo-saxonne a des difficultés à s’imposer dans l’Hexagone. Déjà, le choix du mois c’est pas top. Il serait plus judicieux de le décaler un tantinet, en février par exemple. Ne vous méprenez pas, ce n’est pas en raison du nombre inférieur de jours– 29 jours tout de même en cette année bissextile – mais, parce que, débuter un régime sec à la fin d’un réveillon au moment où les copains attaquent tout juste le bocal de cerises à l’eau de vie, ça ne se fait pas. Ce serait trop petit joueur. Non, ça ne se fait pas !!! Surtout, débuter par le plus difficile, c’est se mettre en difficulté et obérer d’entrée toutes les autres bonnes résolutions.
Pour les vœux, c’est une autre affaire…Généralement, premier acte de sociabilité de l’année, c’est , simultanément, le premier coup de canif de l’année dans le contrat moral qu’on s’était souhaité, ou pas, sous le gui. Les us et coutumes sont les deux mamelles du politiquement correct et une des formes initiales édulcorées du wokisme. Les vœux obligatoires, absolument insincères pour bon nombre d’entre eux, ne sont qu’une stricte application d’un populisme crasse et primaire qui dépasse largement le cadre politique. Comme il est de bon ton, en Janvier, de souhaiter une bonne année à tout le monde on entre directement dans le vif du sujet. Les vœux ne sont qu’apparences et flatteries d’égo. À l’instar d’un costume cravate sur un maquereau de la place Pigalle, une robe au dessous du genoux, un foulard autour du cou ou une étole de marque (ou d’imitation) sur les épaules, sur une péripatéticienne au bord d’une route nationale, comme une veste en velours côtelé ou un gilet de valet de pied sur un hobereau de Sologne ; artifices vestimentaires qui n’assurent en rien la respectabilité de ceux qui les portent, les vœux ne sont que mots lancés en l’air. À la manière des promesses électorales souvent, ils n’engagent que ceux qui les écoutent. Année nouvelle ou pas, pendant que se créent des vérités alternatives, on ne retient décidément rien du passé. Dans une société actuelle qui oublie son Histoire pour ne conserver que les petites histoires, le conservatisme et ses recettes éculées sont décidément toujours aussi efficaces.
Du coup – cette année, l’emploi du vocabulaire jeune est conseillé – vous voulez toujours souhaiter la bonne année ? Vous avez trois semaines. Et pis la santé surtout !

Fabrice Simoes