Brossard et ses saveurs d’enfance indémodables, tout près


C’est le plaisir sucré dont vous vous souvenez, bien que vous ayez passé l’âge d’être un enfant. Que vous glissez parfois même encore parfois non plus dans votre cartable, mais dans votre sac à main en cas de petite faim au bureau. Et il se trouve que l’usine, produisant tous ces gâteaux inoubliables, dont le fameux Savane, se situe dans notre région Centre-Val de Loire, dans le Loiret.
Un communiqué de presse, parmi d’autres, reçus dans notre messagerie professionnelle en début d’année. Comme d’autres aussi, il aurait pu partir rapidement dans notre corbeille numérique, et passer inaperçu sans un regard. Contre toute attente, ce courriel aura capté notre attention en nous prenant par les sentiments : « après 50 ans couronnés de succès, le cake Brossard fête son jubilé ». De l’originalité, de l’humour et surtout de la gourmandise; rien que pour ces premières raisons, cela valait le coup de s’y intéresser et de poursuivre la lecture en ligne. L’ultime argument qui a fait basculer notre curiosité fut de découvrir la localisation de ce palais sucré, insoupçonnée jusqu’ici. Dans le Loir-et-Cher, nous connaissons l’implantation des madeleines (entre autres choix) de St Michel à Contres, tout comme nous savons que dans le Loiret, à Chevilly, se niche l’entreprise d’alternatives végétales (nuggets, bâtonnets, suprêmes panés, etc., sans viandes ni poissons), Happy Vore, inaugurée par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire en mai 2023. A contrario, nous reconnaissons volontairement notre ignorance : nous ne doutions pas une once de seconde que la marque agro-alimentaire Brossard possédait également une usine de production tout près, à savoir dans le Loiret ! « Le site de Pithiviers est historique ! Nous sommes actuellement le premier employeur privé de la ville, avec 300 salariés titulaires, plus 100 intérimaires, 9 lignes de travail,» informe et confirme avec fierté dans la voix, Vincent Ramette, directeur du site industriel. « Nous avons recruté en 2023, 51 personnes en CDI. Vingt autres recrutements sont en cours, à venir d’ici juin 2024. Nous fabriquons à Pithiviers 20 000 tonnes par an, dont 3 000 T du cake à l’anglaise; le Savane étant encore devant. Nous investissons plusieurs M€ tous les ans sur nos lignes qui tournent en continu. Le commencement ? C’est le fruit au tout début de deux histoires en parallèle qui ont fusionné à la fin : les biscottes puis biscuits Gringoire (nés en 1817, ndlr) à Pithiviers d’un côté, les biscuits Brossard de l’autre, au XXe siècle. » Si le pâtissier Georges Brossard, et sa femme Laure, se sont lancés en 1931 dans l’industrialisation de biscuits aux oeufs en rachetant une biscuiterie à Saint-Jean d’Angély, en Charente-Maritime, l’usine du Centre-Val de Loire, à Pithiviers, ne s’appelait pas encore Brossard mais en effet Gringoire. Ce dernier nom était alors détenu dans les années soixante par un groupe américain, Pillsbury-Mills. Dans les années soixante aussi, le « papy » Brossard, qui avait ouvert une seconde usine angérienne et bien développé son affaire portée par l’avènement industriel, rendant les produits plus accessibles au plus grand nombre, songeait à sa retraite et a cédé son entreprise familiale angérienne à ce Pillsbury qui a pris le contrôle de Brossard. Le lien s’est noué de cette manière. Les deux sociétés des deux régions précitées ont fini par s’absorber dans les années soixante-dix afin de ne faire plus qu’une; seul le nom Brossard est demeuré et la fabrication s’est concentrée dans le Loiret. Ont suivi ensuite des passages d’entité pendant quarante ans dans des mains anglaises, belges, et consorts, mais nous ne rentrerons pas volontairement dans ces détails de stratégie commerciale et d’actionnaires. Depuis 2011, Brossard est une filiale du groupe coopératif agricole français Limagrain, au même titre que les pains de grande consommation Jacquet (de mie, pour burgers, toasts, etc.).

Il n’y a pas d’âge pour en manger
Pour revenir à des considérations plus douces, c’est en 1962 que l’illustre de la famille Brossard pousse son premier cri de friandise. Son succès fut immédiat et jamais démenti, c’est-à-dire le Savane, connu par tous les enfants (et les adultes devenus grands), pour sa fameuse vague marbrée, révolutionnaire en son époque (une pâte blanche et une pâte chocolat qui se chevauchent). La légende raconte que M. Brossard était, avec son épouse, un amoureux de l’Afrique et de ses paysages, à tel point qu’ils eurent l’envie de les retrouver dans un gâteau, jusque sur l’emballage agrémenté d’animaux de la savane donc. Le cake aux fruits à l’anglaise, reconnaissable par sa pâte très dense et ses gros bigarreaux, raisins secs et écorces d’orange, fête ses cinquante printemps cette année 2024, puisqu’il a pour sa part vu le jour en 1974. Depuis, bien d’autres références, textures et parfums ont été créés, pour celles et ceux qui connaissent ces gâteaux divers et variés (le brownie, par exemple, dans les années 1990). «Notre service R&D est sur le pont régulièrement pour l’élaboration de nouveaux produits, dans une dynamique d’innovation,» souligne le directeur, Vincent Ramette, qui a rejoint Pithiviers il y a environ une année, après avoir été en fonction au sein du groupe Andros. «Tout le monde possède des anecdotes sur Brossard. Notre grande force ? Les années passent et notre marque reste toujours appréciée. Je me souviens moi-même du paquet pour le goûter chez ma grand-mère de Châteauroux ! Une habitude conservée. Aujourd’hui, en vous parlant, j’en ai pour tout vous dire glissé dans mon sac de directeur ! »

Un nouveau parfum au rayon moelleux après Pâques
Pour résumer, quel est ce secret de longévité ? Une marque intergénérationnelle qui ne prend pas de rides ? Les choses les plus simples sont les meilleures ? « Brossard a su être à l’écoute, sait s’adapter aux besoins, attentes et souhaits des consommateurs, en ne changeant pas ses recettes historiques mais plutôt en les modernisant en fonction des évolutions sociétales dans le temps, » répond M. Ramette. « Après les formats familiaux, nous avons proposé des formats individuels et « pocket » pratiques à transporter et emporter avec soi. Nos salariés sont attentifs à la qualité et soucieux de conserver notre savoir-faire exclusif; c’est notre consigne première quand nous recrutons d’ailleurs sur nos métiers. Nous veillons à la typologie durable de nos emballages et avons engagé une réflexion sur le biogaz et le photovoltaïque pour notre usine. Nous avons aussi « cleané » nos recettes : nous avons supprimé le sirop de glucose, nous veillons au taux de sucre de nos articles. Nous avons évincé l’idée de l’huile de palme pour toutes nos recettes de cakes, au profit de l’huile de colza. Une huile plus chère ? Le prix n’est pas un problème chez nous parce que nous savons travailler depuis des décennies sur ce facteur. Nous avons remplacé les colorants des fruits confits par du jus de carotte et de l’aronia (baie). Pour la fabrication, 90% de nos ingrédients viennent de France. Pas encore le cacao évidemment… Nous pouvons nous appuyer sur Limagrain, notre coopérative française basée près de Clermont-Ferrand. Brossard est qui plus est une marque française, très peu exportée; dans les aéroports, à l’étranger, vous trouverez la référence Jacquet international. Le Loiret et la terre de Beauce sont enfin propices à la culture de betterave, nous pouvons de fait nous approvisionner en sucre localement; idem pour les œufs, nous sommes vigilants sur leur provenance en lien avec plusieurs fournisseurs et producteurs. » Et quid du E471 jugé cancérigène, utilisé pour rendre plus moelleux des gâteaux notamment, pointé du doigt en ce moment ? « Nous écartons les ingrédients qui pourraient être dangereux, sur lesquels sont émis un doute, » précise le directeur loirétain, ajoutant. « Si notre notoriété nous permet de ne plus avoir besoin de faire de la publicité à la TV, nous sommes présents sur les réseaux sociaux pour pouvoir être en contact direct avec nos consommateurs qui peuvent nous poser leurs questions. » En conclusion, comme nous, vous ne pourrez plus désormais effectuer vos courses au supermarché sans y songer et ne pas réaliser un détour par le rayon de tous les « péchés » sucrés, celui des biscuits et gâteaux, pour jeter un oeil sur la gamme Brossard. Cela tombe à point nommé, surtout si comme nous également, vous appréciez dénicher et tester les nouveautés : après la référence chocolat, un « P’tit moelleux », cette fois version à la fraise, avec un flamant rose souriant coiffé d’un chapeau sur le visuel que nous avons vu en primeur, est annoncé pour le mois d’avril. Et bon appétit !
Émilie Rencien
https://www.brossard.fr/