La marmite chauffe depuis longtemps chez les professionnels de l’hôtellerie-restauration en Loir-et-Cher et, la soupape de sécurité ayant fonctionné à plein depuis des années, le couvercle risque de sauter…
Le métier va mal et il le fait savoir, au fil des années et des assemblées générales. La dernière réunion de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH), au château du Breuil à Cheverny a, une fois de plus, mis l’accent sur le ras-le-bol des normes et contraintes à assumer en plus des heures et des heures de travail, un peu en décalage dans la mesure où les acteurs de cette branche sont au piano et au service quand la galerie et la croisière s’amusent, et ce, les dimanches et jours fériés, les 35 heures n’étant pas toujours respectés scrupuleusement par les « patrons », leurs épouses ou époux car il y a, là aussi, des femmes cheffes d’entreprises ! Comme les paysans qui vivent mal leur quotidien habituel, le burn-out guette hôteliers et restaurateurs. Ils n’en sont pas à une moyenne de un suicide/jour, mais le mal de crâne commence à en atteindre certains.
Trop de normes administratives et de concurrence déloyale
Par les voix de Gilles Martinet, président de l’UMIH 41 ; Laurent Ciarka, vice-président chargé de l’hôtellerie ; Sabine Ferrand, vice-présidente chargée des cafés et bars ; Ludovic Poyau, pour les restaurateurs ; Laurent Duc, président national de la b ranche Hôtels à l’UMIH, et deux jeunes qui viennent de s’installer, l’accent a été mis sur tous les problèmes et maux dont continue à souffrir la profession, depuis plus d’une décennie, et même plus.
Cette année 2016 a été marquée, de plus, par les retombées des attentats sur le plan national et les inondations qui ont secoué notre région Centre-Val de Loire, en perturbant au passage le tourisme dont les hôteliers et restaurateurs sont un maillon important. De plus, la réglementation en matière de location de chambres en immeubles, gîtes ou chambres d’hôtes, repas à domicile chez les particuliers, entre copains, via les réseaux sociaux… est si floue que tout est permis. La concurrence déloyale se développe à la vitesse grand V et les vrais professionnels en souffrent puisque des particuliers louent des chambres à 20 euros la nuit avec petit déjeuner. Et certains loueurs n’hésitent pas à préciser sur leurs sites « cartes bancaires et chèques non acceptés », ce qui, en anglais, correspond à black work (travail au noir). De plus, où sont les garanties que peut réclamer un client, dans ce type de location, en cas d’intoxication, chute, blessure… ?
En plus des plates-formes de location dont ils nient les effets positifs car cela n’amène pas un client de plus, les professionnels redoutent, un peu, le tout numérique qui va couper les liens vivants et les relations humaines entre loueurs ou prestataires et clients. Un petit coup de griffe sur le comportement de l’État qui est mou dans la promotion du tourisme en France alors qu’il y a plus de 85 millions de visiteurs chaque année, ici, a précédé la constatation que l’on a exigé l’enlèvement de toutes les enseignes et publicités sur le territoire ce qui « tue » des pans entiers de l’économie, surtout en zone rurale déjà fragilisée par l’exode des forces vives artisanales. « Alors qu’au Japon, tout est axé sur la publicité, partout ». Comprenne qui pourra ou voudra.
Les professionnels veulent interpeller les candidats aux élections présidentielles futures et se tourner ensuite vers les élus départementaux pour dénoncer cet état de fait d’abandons et de mépris envers des personnes qui ne comptent pas leurs heures de labeur.
Pourtant, la situation du département est plus qu’encourageante dans la mesure où le Loir-et-Cher abrite sept hôtels****, 45***, 46** et 6*,…avec des efforts en matière de constructions et/ou de restaurations (immobilières !) importantes.
En souhaitant que la saison qui arrive se montre clémente en météo et que le calme règne, une fois les élections passées (C’est toujours mauvais pour le Pays où elles se déroulent…), les professionnels attendent beaucoup des opérations promotionnelles (www.lavieauresto.fr) lancées, depuis le 18 mars dernier, pour faire revenir la clientèle vers les restaurants ou séduire une nouvelle clientèle lassée de manger ce que feu Coffe appelait « De la merde ». Il y aura près de mille gagnants/semaine, par tirage au sort, du 14 avril au 7 juillet. Une raison de plus d’aller voir ce qu’il y a dans la marmite même si le drapeau noir de la contestation flotte au-dessus du couvercle…
Jules Zérizer.