Ça se discute Marketing, quand tu nous manipules…


CLIN D’Œil Flairant le pesant d’euros et surfant sur la vague des nouveaux comportements alimentaires, certaines marques n’hésitent pas à s’engouffrer dans la brèche pécuniairement alléchante. Il ne faut cependant pas forcément se fier aux apparences.

Emilie Rencien

«Vegan », « sans lactose »… Peut-on vraiment faire confiance aux intitulés ? Non, assurément. Dernière preuve en date dans les rayons des grandes surfaces, les yaourts sans lactose de la marque au transit au grand A… mais avec du lait. Il ne faut pas se fier aux belles phrases sur les emballages et creuser. Encore une fois, nous relisons : « spécialité laitière », « sans lactose » ? Si l’on retourne l’emballage et se penche sur la liste des ingrédients, il est bien signé la présence de lait (écrémé). Donc « sans lactose » ? N’y-a-t-il pas une incohérence probante ? Peut-être avons-nous mal compris ? Alors, nous décrochons le combiné et composons un numéro en 0800 pour demander des précisions au service consommateur Danone. L’opératrice, après nous avoir fait patienter afin de se renseigner, nous explique au bout du fil qu’il y a une enzyme digestive, le lactose, et des ferments lactiques en -ius qui prédigèrent le lactose… du lait. De fait, si nous saisissons bien, la mention « sans lactose « induit en erreur si on ne cherche pas plus loin que ces deux mots inscrits en lettres capitales sur le carton vert. La voix féminine en ligne nous informe ensuite que cette gamme a été rapidement arrêtée, depuis le 1er mai en fait. « Nous l’avons lancée car il existe une demande croissante des consommateurs mais nous l’avons stoppée car ce yaourt ne correspond pas aux attentes de nos consommateurs. » Nous faisons répéter, même son de cloche. C.Q.F.D., lactose oblige. La dénomination « sans » est confirmée ici erronée pour les individus allergiques. La marque lancera-t-elle bientôt une version améliorée du premier jet qui a fait un couac ? Pas de réponse à cette dernière question ; par contre, nous avons fortement été incités à répondre à une enquête de satisfaction et si nous n’avons pas d’imprimante, à télécharger des bons de réduction et l’application qui va avec pour tester les autres gammes… avec du lait. Bon, bref, en résumé, c’est l’exemple même du marketing qui joue sur les mots et surfe sur les modes. Un vrai miroir aux alouettes. Pour les amateurs de « sans », il est possible de se rabattre sur les pains et pâtisseries de Terra Cerès certifiées sans gluten, sans lactose, sans huile de palme, sans soja, sans additifs, arômes ni conservateurs. Promesses qui semblent tenues sur l’emballage (farine de riz, farine de guar, farine d’amande, farine de millet, huile de tournesol, sucre de canne, sirop d’agave, purée de pomme, etc. selon les recettes) et au contact du palais (le goût est là, coup de coeur pour le fondant chocolat noir intense). Et de surcroît, c’est produit à Contres, alors cela, on valide, autant être chauvin ! Moralité : prendre le temps de bien lire les étiquettes et faire fonctionner son esprit critique sans se laisser aveugler par de la poudre aux yeux. A l’heure des réseaux sociaux, des fake news et d’une société de consommation à tout va, ne pas tout prendre pour argent comptant… pour utiliser ses euros à bon escient.