Chaumont-sur-Loire : La nouvelle saison d’art est déclarée ouverte !


L’agenda du Domaine régional fourmille toute l’année et dès le printemps, particulièrement, les rendez-vous ne manquent jamais à Chaumont pour satisfaire les amateurs d’art contemporain, spécialistes comme novices. Les oeuvres des quatorze nouveaux artistes présentés cette année régaleront une fois encore les férus de culture dans cet écrin de verdure ligérien qu’on ne présente plus.
Après la révélation de la grotte Barcelo au détour d’un bosquet début mars (www.lepetitsolognot.fr/chaumont-sur-loire-une-grotte-espagnole-un-monstre-sacre/) et avant les nouveaux jardins déployés selon la thématique « source de vie » fin avril, la saison d’art 2024 de Chaumont-sur-Loire dévoile avec l’arrivée du printemps, ses nouvelles palettes de couleurs et de talents depuis le 30 mars sur place. « Les fleurs renaissent, les oeuvres apparaissent », synthétise avisément Chantal Colleu-Dumond, la directrice des lieux qui sait toujours bien choisir les artistes retenus. Que ce soit dans l’asinerie, dans les murs du château ou bien dans le parc, ceux et celles-là donnent au public, expert ou simplement curieux, à voir, à sentir, à comprendre. De la terre, du pollen, des broderies de fleurs, des bleus, des bijoux et même de l’intelligence artificielle… pour mieux appréhender à la fois la beauté et le fonctionnement du monde. C’est ce que nous retenons après visite in situ : le beau culturel né de la main de l’homme est prétexte à réflexion sur la nature qui l’entoure. On apprend mieux en s’amusant : ainsi, le réchauffement, ou plutôt plus justement, le déréglement climatique, est abordé par exemple dans les dentelles de chêne de Pascal Oudet et les bijoux de tour d’arbre d’Olga Kisseleva. Le point commun entre cet ingénieur tourneur d’art sur bois et cette chercheuse pionnière de l’art numérique qui dialogue avec les espèces forestières de France et de Japon via l’IA est un constat, celui du manque de résilience et de la souffrance accrue des arbres en général, depuis au moins trois ans sous les épisodes de chamboulement imposés par le ciel, amenant tantôt excès d’eau, tantôt disette et sécheresses. Dans la grange aux abeilles, il est possible de voir planer l’ombre de la pollution et de la surconsommation dans les surprenantes branches garnies de déchets de bouteilles en plastique, imaginés par Pascale Marthine Tayou qui aime créer des émotions naissant de l’improbable. Idem pour la création de Gloria Friedmann : une sorte de Petit Prince juché sur sa sphère de terre, portée par une tortue, vient nous rappeler que la planète ne nous appartient aucunement et que nous devons la laisser en bon état comme tout locataire quand il rend les clés.

Deux coups de coeur
Il ne faut pas non plus manquer les pollens figés (sans danger pour les allergies) de Karine Bonneval, la collection de camaïeux de terres de Loire aux capturées par le japonais Koichi Kurita (déjà aperçu au château de Chambord en 2017), les fresques de peinture sur herbe de Damien Cabanes, les bonhommes ficelles de Prune Nourry, les sculptures d’acier mathématique de Bernar Venet, les orgues basaltiques de Denis Monfleur, ou encore les fûts archétypaux du loirétain Vincent Barré. Comme à chaque fois, le déplacement à Chaumont-sur-Loire n’est pas vain, et chaque oeuvre attrapera, ou non, votre coeur et attention, en fonction de votre sensibilité et singularité. D’ailleurs, nous avons eu le béguin pour notre part pour des tranches picturales d’un Sud qui nous parle : les huiles sur toile du peintre montpelliérien Vincent Bouliès émerveillent par leurs variétés de bleus très présents, entremêlés de jaunes fascinants, narrant des paysages de Côte d’Azur, tandis que les tableaux d’une nature très florale bleutée et rosée du couple à la ville comme à la scène, les vauclusiens Anne et Patrick Poirier, se révèlent tout aussi captivants. Pour résumer, le domaine de Chaumont est en effet bien annonciateur de printemps … artistique, dont les pétales savamment déployés sont à butiner comme à chaque édition, sans hésiter !
É. Rencien