Cinéma pluvieux, cinéma heureux ?


La date du lundi 15 juin 2020 marquait la première soirée du drive-in lancé par le Conseil départemental et le multiplexe Cap’Ciné sur le site de l’aérodrome du Breuil, entre Blois et Vendôme. Au total, une quarantaine de films, à (re)voir, vont rythmer l’été sur grand écran jusqu’au 1er août.
“J’ai testé pour vous!” Après Cannes, Bordeaux… Le Loir-et-Cher fait son cinéma et crève à son tour l’écran en permettant aux petits comme aux grands de s’offrir une toile au grand air. La pandémie Covid-19, qui n’aura pas épargné l’Hexagone, aura eu l’avantage de motiver les troupes à sortir d’une zone de confort et de saisir des opportunités. À l’instar de celle d’un «drive-in » à la saveur autant inédite que vintage. C’est-à-dire la possibilité de regarder une oeuvre cinématographique, plus ou moins récente (Excalibur, Le livre de la jungle, les Tuche, A star is born, L’Exorciste, etc. Programme complet ici : http://blois.cap-cine.fr/FR/121/seance-drive-in.html), installé(s) dans l’habitacle de son automobile, plutôt qu’assis sur le siège d’une salle obscure. Un come-back vers les sixties ? Ce n’est pas forcément l’impression ressentie une fois sur place, même si inévitablement, on songe l’espace d’une poignée de secondes aux États-Unis, aux cylindrées stylées, au « corn » qui « pop », et à des clichés d’un autre âge. Mais alors, alors, le vif du sujet, comment c’est ? Nous étions au Breuil, lundi 15 juin, lors de la première des 47 soirées planifiées tout l’été. Ce soir-là, dès le soleil couché et la nuit tombée, à 22 heures, après des klaxons d’applaudissement à l’égard du fondateur de Cap’Ciné, Philippe Dejust et du président du Conseil départemental, Nicolas Perruchot, le film « Bohemian Rhapsody » – retraçant, tel un biopic, la légende du groupe Queen et de son chanteur star, Freddy Mercury – a pu être diffusé sur un écran géant engoncé dans une imposante structure gonflable, gratifié d’un son amplifié via des autoradios invités à se connecter sur la fréquence 103.1 réservée pour la soirée.

Apprendre à danser, au ciné…
Petit bémol, les nuages chargés de pluie et les averses orageuses successives qui auront baptisé de glaise bien collante les chaussures (qui s’en souviendront) et rendu un peu glissant le chemin d’accès au site de l’aérodrome du Breuil qui d’ordinaire voit plutôt les avions voler que les images défiler. Fish and chips, churros et frites made in food-trucks, croqués au rythme des mélodies Queenesques, auront éclipsé le ciel tourmenté. Alors, alors, en dépit d’un tout premier lundi arrosé, la formule n’est pas à bouder, à tenter ne serait-ce qu’une fois, en famille, en duo, entre amis ou pourquoi pas, en solitaire. De petits détails demeurent à ajuster (comme les citadines à placer devant les cross-over et pick-up pour une égalité de visibilité; c’est d’ailleurs déjà envisagé après ce 15 juin ouvrant le bal) mais encore une fois, c’est une première, qui plus est jamais menée auparavant. Et puis, c’est le risque quand on opte pour un ciné champ plutôt qu’un terrain bitumé, comme ce fut le cas en région PACA. Les Loir-et-Chériens ne sont aucunement gênés de marcher dans la boue, pour paraphraser la fameuse chanson de Delpech… Que chacun se rassure, le soleil est commandé pour les séances à venir et l’adage est bien connu : mariage pluvieux, mariage heureux, et cela doit pouvoir s’appliquer au cinéma de plein air au Breuil, fruit de l’union des idées de Cap’Ciné et du département de Loir-et-Cher. Et puis, de toutes les façons, « la vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe mais d’apprendre à danser sous la pluie » (Sénèque), n’est-ce pas ?

Émilie Rencien