Environnement : L’écologie peut-elle encore sauver l’économie ?


Avec une telle accroche, il nous semblait judicieux d’assister à la conférence de Gérard Le Puill journaliste à l’Humanité qui vient de publier son septième livre :
« L’Ecologie peut-elle sauver l’économie ? ». Une quarantaine de personnes avaient fait le déplacement au centre culturel de Graçay et les questions nourries en fin d’intervention situaient bien l’intérêt suscité par cette démarche critique et constructive.
Quelles sont vos convictions et pourquoi ce titre qui  surprend un peu ?
Gérard Le Puill : « Je suis profondément convaincu que si on ne prend pas en compte ces enjeux climatiques et si on ne met pas beaucoup plus d’écologie dans le fonctionnement  de l’économie, d’ici un siècle, ces économies vont s’effondrer parce qu’on aura consommer presque toutes les matières premières. On ne se sera pas adapté à la rareté et on aura amplifié le réchauffement climatique de 3 à 4 degrés. Les experts disent qu’il faut tout faire pour ne pas dépasser 2° par rapport à la période pré industrielle. C’est cela qui a justifié mon choix de titre qui surprend c’est vrai même chez mes amis engagés qui me disent : tu veux sauver le capitalisme ?….J’ai délibérément choisi ce titre pour interpeller et préconiser les solutions : c’est le contenu du livre. »
Venons en aux solutions ?
Gérard Le Puill : « Prenons le cas de l’eau. C’est déjà une denrée rare dans certains pays comme le Maghreb, l’Inde, la Chine, l’Iran, sud de l’Espagne. Avec la fonte des glaciers en altitude, les rivières seront moins alimentées qu’elles ne le sont aujourd’hui tout au long du printemps et de l’été. Si en plus, il y a des périodes de canicule comme cet été par exemple, alors il y aura une perte des récoltes d’où la nécessité de ne pas renoncer à stocker l’eau. Je sais qu’il y a controverse à ce sujet et notamment sur le projet du barrage de Sivens (sur le cours du Tescou affluent du Tarn). Il me semble que le site n’était pas le plus approprié sur un cours d’eau à faible débit pour stocker autant d’eau. Il faudra noyer certaines vallées étroites et encaissées dont l’agriculture ne s’occupe plus. Réguler les cours d’eau à la belle saison, les alimenter et produire un peu d’électricité en alternance avec les éoliennes.
Le nucléaire : Même si je ne suis pas un spécialiste en la matière, ma réflexion part de la réalité qui est que nous sommes dans un pays où 70% de la production électrique est d’origine nucléaire et donc, on ne pas faire le même choix que les Allemands de sortir rapidement du nucléaire. Cela poserait beaucoup de problèmes de production d’électricité par d’autres moyens, comme la relance du charbon et le fioul ; gros producteurs de gaz à effet de serre. Je suis favorable à ce que les centrales soient gardées en exploitation tant quelles présentent des garanties de sécurité optimum. Les nouvelles technologies comme l’EPR sont à exploiter même si leur installation prend du retard mais les experts disent qu’avec l’EPR, on pourrait fonctionner avec 50 ou 100 fois moins d’uranium pour produire autant d’électricité qu’aujourd’hui avec nos centrales. Il ne faut pas fermer la porte à cette technologie et poursuivre les études sur sa fiabilité ».
La COP21 ?
Gérard Le Puill : « Je ne veux pas tirer des conclusions avant la fin de cette conférence, j’espère toutefois qu’il y aura un accord avec des objectifs chiffrés. J’ai remarqué que les décideurs politiques, mesurent mal toutes les décisions qu’il conviendrait de prendre, toutes les modifications qu’il conviendrait de porter dans l’économie toute entière pour avoir une économie faiblement productrice de gaz à effet de serre ; ce qu’on nomme dans un terme que je n’aime pas : une économie décarbonée. »
Valère Straraselski présentait son livre : sur les toits d’Innsbruck, véritable manifeste pour le respect de la nature et de l’humanité. Jean Pierre Gambier de l’Atelier 22 à Genouilly  et Jean Pierre Charles maire de Graçay animaient cette conférence d’une véritable richesse et argumentée.
Jacques Feuillet