L’Indre département pilote pour les bornes de voitures électriques


On n’a pas inventé la borne électrique publique pour l’Indre. En revanche les bornes implantées en 2016 ont une particularité unique en France. Elles fonctionnent avec des cartes bancaires sans contact.
Jean-Louis Camus et Michel Lion avaient le sourire lors de la soirée du Beaujolais nouveau. Ce n’est pas la dégustation de vin qui était la cause de cette gaité, mais l’arrivée d’une information qu’ils attendaient depuis quelques semaines. L’Indre allait expérimenter des bornes publiques de rechargement des voitures électriques équipées d’un système de paiement par carte sans contact. Les deux hommes sont respectivement président et premier vice-président du syndicat départemental d’énergies de l’Indre (SDEI) et c’est leur organisme qui va mettre en place un réseau de 77 bornes dans tout le département.
« Nous avions prévu d’en installer dès cette année dans le département, reconnaît Michel Lion, mais il n’était pas question de faire une distribution gratuite qui nous aurait mis dans l’illégalité, ni de recourir aux monnayeurs que l’on nous aurait régulièrement vandalisé. Il a donc fallu obtenir du constructeur ce système de carte que l’on passera deux fois devant l’appareil : une fois pour déverrouiller la trappe d’accès au câble d’alimentation et la deuxième fois pour déclencher la livraison ».
Première borne rue Jean-Jaurès à Châteauroux   
La première borne de cette nouvelle génération sera installée sur le parking Jean-Jacques Rousseau dans le courant du mois de décembre. Elle sera équipée d’un paiement par carte sans contact. Pour 2 € ou 2,50 € les automobilistes pourront recharger leurs batteries. Les cyclistes ou les handicapés circulant en fauteuil électrique bénéficieront eux aussi d’un branchement adapté à leur véhicule, mais gratuitement cette fois, il faudra qu’ils disposent d’une carte de crédit, mais ils la passeront une seule fois devant l’appareil pour provoquer l’ouverture de la trappe.
On estime à quatre-vingt véhicules le parc départemental actuel, hors véhicules des administrations. C’est infinitésimal mais leur développement se heurte à la faiblesse de leur rayon d’action. Les 77 bornes qui seront déployées dans le département (une cinquantaine en 2016 et le reste en 2017) selon la carte ci-jointe sont une réponse à ce handicap.
«Nous voulons faire en sorte, annonce Michel Lion, qu’aucun utilisateur n’ait à parcourir plus de quinze kilomètres pour trouver une borne. Actuellement vous ne pouvez pas faire un Sainte-Sévère / Châteauroux aller et retour en autonomie. Avec un rechargement, même partiel cet obstacle est levé». Le rechargement total d’un véhicule type Zoé prend entre deux heures et deux heures trente, chaque borne permet de recharger deux véhicules simultanément. Le prix de ce chargement n’est pas lié à la durée de stationnement. Par ailleurs la gratuité est de règle pour les véhicules électriques dans les zones payantes. Les utilisateurs de ces bornes auront un logiciel sur leur smartphone leur indiquant les bornes les plus proches et leur permettront de savoir si elles sont disponibles ou non.
Bornes rechargement voitures electriques_1
Combien ça coûte ?
Le coût d’une borne est de 17 à 20.000 euros auxquels il faut ajouter les travaux de voirie en fonction de l’endroit où elle doit être implantée. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) finance cinquante pour cent du prix des bornes, la commune verse 2.000 €, le reste est à la charge du SDEI. « Le paiement par les automobilistes ne suffira pas pour rembourser cet investissement mais il s’agit d’un service offert aux usagers, pas d’une exploitation commerciale ». Les bornes appartiendront aux communes, comme tous les équipements électriques publics qui se trouvent sur leur territoire.
Pour Michel Lion ce déploiement des bornes va marquer le coup d’envoi de la voiture électrique. « Y compris en zone rurale où les automobilistes n’ont aucun problème pour installer un chargeur à leur domicile et où ils ne sont plus dépendants des stations-services qui se raréfient. Un automobiliste parcourt  en moyenne 43 km par jour. Ce système couvre donc, avec cette possibilité de recharger hors de chez soi, une bonne partie des besoins. Enfin la puissance de ces bornes est bien supérieure à celles des installations individuelles. La notre délivre du 22 kw/h alors qu’à domicile vous avez du 6 kw/h qui permet de recharger la nuit, pendant les heures creuses ».
La Zoé de Renault risque d’avoir beaucoup de cousins dans l’Indre en 2016.
Pierre Belsoeur