Gièvres : Des panneaux solaires, source de crispations


Dans nos colonnes, nous évoquons régulièrement l’engrillagement de la Sologne. D’autres combats parallèles existent et la création de collectifs est à la mode. Les raisons de protestations sont variées : pollution au plomb, plateformes logistiques… La dernière en date concerne une ferme photovoltaïque à Gièvres prête à s’implanter sur une ancienne carrière.
Un tract distribué sur le marché de Romorantin a été transmis à notre rédaction, alertée. Un flyer signé par un collectif récemment né. Six habitants le composent. Une simple adresse mail y est indiquée pour contact : collectifpv41@gmail.com. Le texte d’une feuille indique le motif courroucé : “un projet photovoltaïque de 65 ha à Gièvres, réagissons et mobilisons-nous. À la place des bois, aujourd’hui, la zone est défigurée. Et bientôt, une forêt de panneaux photovoltaïques.” Il est possible de penser que ce genre d’installation, contrairement aux éoliennes, provoque peu de nuisances, hormis la perturbation lumineuse et / ou visuelle, qui transforme les paysages. Inquiétude irrationnelle ou justifiée ? Au sein de ce collectif citoyen, Pascale Miton, ancienne conseillère municipale qui réside dans la zone impactée, au lieu-dit “Les Tribaleaux”, argumente et déplore “un projet pharaonique sous mes fenêtres, de l’électricité verte mais des arbres arrachés, de l’eau gaspillée pour arroser d’autres arbres replantés ! Où est l’écologie ? Et le prix de nos maisons ? Cela va les dévaluer. Nous avons remué ciel et terre, contacté tout le monde mais malheureusement, cela va se faire. Nous sommes bien ici, avec cette nature environnante. » Nous entendons en effet le chant des oiseaux en fond sonore lors de notre échange téléphonique. Catherine Léoment, autre membre, fustige et confie par mail “essayer de limiter cette folie de panneaux sur notre commune et surtout dans notre hameau, près de nos maisons, site très agréable et boisé et non zone sinistrée ! Notre environnement est fragile, c’est pourquoi nous sommes atterrés de constater ce déboisement massif près de chez nous et dans notre région.” Des pins “à l’intérêt écologique réduit” vont en effet être “sacrifiés”, selon la confirmation à nos confrères de La Nouvelle République de Quentin Hamon, responsable du dossier, avec la promesse d’un arbre coupé ici égale un arbre replanté ailleurs.

Des objectifs carbone par département d’ici 2030
Jointe également, la maire, Françoise Gilot-Leclerc, un peu agacée, assure que ce dernier projet est bien lancé, dans les règles (après enquête publique, l’avis émis a été favorable en mars. Enquête publique pendant laquelle les riverains avaient été rencontrés, ndrl), porté par la société Baywa r.e, leader mondial du secteur des énergies renouvelables. En plus de celui-ci, trois autres chantiers de ce type, menés par d’autres entreprises au total sont comptabilisés sur la commune, dont certains ont été déjà engagés sous la mandature de l’édile précédent, Robert Mougne. Mme Gilot-Leclerc indique que “le porteur de projet va planter une haie pour masquer l’installation des habitations.” Par ailleurs, le préfet de Loir-et-Cher, François Pesneau, s’est montré à plusieurs reprises lors de petit-déjeuners avec la presse plutôt favorable au photovoltaïque, puisque d’après ses dires, “il y a des friches d’anciennes activités qui ne peuvent pas être cultivées et réutilisées, et qui peuvent accueillir ces fermes solaires. Je rappelle que nous avons l’obligation par département d’atteindre les objectifs carbone fixés à 2030.” Soit la réduction de l’ordre de 40% de la consommation française d’énergies fossiles. Ce qui n’empêche pas qu’après Gièvres, c’est au tour d’habitants de Valencisse, au nord du Loir-et-Cher (près d’Herbault), de s’indigner contre l’étude d’un parc cette fois éolien…
É.R.

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Chez SNE, ça grince également
Le combat n’est pas le même mais les esprits sont également raidis chez Sologne Nature Environnement (SNE). L’association de protection de la nature et de défense de l’environnement, sise à Romorantin, connaît quelques soubresauts déplaisants en ce moment. Une poignée d‘adhérents, qui se disent “épuisés” et “en souffrance”, accuse pêle-mêle : “absence de démocratie”, “trop de mélange politique qui n’a rien à faire là”, “propagande déplacée sur la page Facebook de l’association devenue trop militante avec notamment le relai d’un post d’Alain Péréa”. Ce dernier est le député LREM de l’Aude, co-président du groupe “chasse, pêche et territoires” à l’Assemblée nationale, et cette dernière publication Facebook a depuis été retirée. Dans cette ambiance délétère, c’est la nouvelle présidente, Danielle Attia-Schussler, qui semble avoir été prise en grippe. Personne n’ignorait son engagement politisé (elle fut active dans un comité LREM en 2017, candidate aux élections municipales de 2020 sur Lassay-sur-Croisne, ndrl) alors pourquoi tant de haine maintenant ? Une lettre ouverte plutôt virulente a en avril accru le trait énervé, publiée sur Facebook, sous l’intitulé “Sauvons Sologne Nature Environnement”, supprimée aussi depuis. L’assemblée générale de SNE, qui devait initialement avoir lieu en mai, se tiendra le 11 juin et dissipera peut-être les tensions ? Pas du tout certain. Le vice-président Emmanuel Régent a récemment quitté ses fonctions et au niveau direction il se murmure l’arrivée d’une écharpe politique aux responsabilités ici aussi… Sur le site web de SNE, Isabelle Gasselin, maire de la Ferte-Imbault est confirmée au poste de nouvelle directrice.
É.R.