Hisse et hauts les D


Dantesque. Un air de Croisette politisée sans les palmiers ni la mer, mais avec la vague Covid-19. Défilé de « stars » au gouvernail, avec Diligence. Dément. À Blois, les ministres, actuels et anciens, étaient en nombre au mètre carré et en goguette masquée du 9 au 11 octobre 2020. Défrisant et rien d’étonnant, le thème des Rendez-Vous de l’Histoire s’articulant autour du verbe « gouverner ». Certes, la blague est aisée, mais pas de Déluge pour François Hollande à la Maison de la magie à Blois le 10 octobre dans ce cadre ligérien. Exit les parapluies et oubliés les quolibets, à l’instar de sa conférence sur le modèle français il y a deux ans lors de ces mêmes RDVH, n’en déplaise, l’ex-président n’est ni niais ni bâté. Avant qu’il ne déjeune au restaurant l’Orangerie, au pied du château royal, puis qu’il ne Déambule au salon du livre de la Halle aux Grains, François Hollande, sous le soleil, aura exposé sa pensée, lors d’une conversation initiée par la Fondation Jean Jaurès sur « la gauche au pouvoir ». Détonnant. Ainsi, selon l’Elyséen, toujours pourvu de pinces acérées d’humour avisé, « Il existe une sorte de fatalité quand la gauche accède au pouvoir. C’est un peu comme une histoire d’amour : cela se passe bien au début avant que l’épreuve du quotidien maintienne le lien ou l’éloigne. Mais la gauche suscite encore et toujours des espoirs. Elle représente nécessairement une rupture, parce qu’elle n’arrive jamais au pouvoir lors de temps limpides à la météo clémente. Elle paie le prix de ses divisions. Il ne peut y avoir pour moi de victoire à venir sans un programme commun et une gauche centrale. Sinon, la Démocratie sera en difficulté. » D’ailleurs, pas un mot sur son absence à l’Université d’été du PS à Blois fin août 2020 (il était bien invité). Par contre, plus que la cible Olivier Faure, sans jamais le citer, des constats tirés sur la Macronie. Pas du tout Dithyrambiques. «Son élection a confirmé la décomposition des grands partis. Toutefois, aujourd’hui, LREM est un tout tout petit parti qui ne gagne pas les élections et qui se trouve sans appui politique réel. Il a tenté la verticalité qui se révèle coûteuse, avec une vindicte d’élus exclus et de Gilets jaunes. Le risque quand on choisit d’être monarque, et l’Histoire l’a démontré, c’est de se voir couper la tête. Ferais-je les choix à l’identique ? Ce n’est pas moi qu’il a trahi, finalement, mais bien les Français… ». Ça valait le Détour et dans ce jeu des 7 familles, au milieu des Jean-Marc Ayrault, Bernard Cazeneuve, Clément Beaune, Geneviève Darrieussecq, et consorts croisés dans les allées, une « étoile » se hissait à Blois, Décacère, à constater tous les médias scotchés à chacun de ses pas, bien qu’il soit resté mutique. Édouard superstar… Édouard Ier, ce passionné de Sicile et d’Alexandre Le Grand, romancier (re)devenu maire du Havre, peut-être se verrait à nouveau en haut du firmament ? Car effectivement, à 49 ans, il n’est pas encore trop tard pour peser politiquement. Un autre poids, celui de l’affiche des RVDH 2020, aura sonné somme une prémonition avec son pont d’embarcation secoué par les vagues ! Au regard de l’image imprimée, la maxime d’Adolphe Thiers, « gouverner, c’est prévoir » revêt la sonorité d’un glas covidique. Et en somme, dans la tempête, chacun à sa manière aura démontré sa façon de tenir la barre depuis Blois et le Loir-et-Cher. Alors après les sirènes de la représentation, maintenant au travail ? Une sage décision, puisque c’est la thématique des Rendez-Vous de l’Histoire 2021. Et en suivant le vent, dites 33… pour tous ces D semés dans ces lignes en préambule, pour la transition facilitée. Passées les paillettes, en effet, la loi 3D s’invite sur l’ouvrage, et il y a là du boulot. Ce n’est aucunement une nouvelle règle de geek supraconnecté mais un texte législatif en préparation aux sommets. Les ministres Jacqueline Gourault et Marc Fesneau étaient à Blois lundi 12 octobre pour gérer la com ‘ et consigner les doléances locales avant l’inscription dans le marbre national. “Du bon sens”, auront harangué les six départements du Centre-Val de Loire et leurs représentants officiels (président d’association de maires, président de Conseil départemental, président d’intercommunalité, etc.), en présentiel à Blois ou en visio depuis Bourges, Orléans, Villedieu, Tours, et l’Eure-et-Loir. C’est à un vrai Défi que se confronte l’État engouffré dans une sorte d’exercice de rétropédalage aux 3D de « décentralisation, différenciation et déconcentration ». Les provinces, dorénavant dénommées territoires au grand dam de Francis Cabrel en interview sur France 2, n’ont cessé depuis 2017 de clamer leur sentiment d’abandon. Alors, c’est “stop or go” et justement, la loi 3D affiche l’ambition « de transformer les relations entre l’État et les collectivités territoriales (…), partant des projets et des besoins plutôt que d’une solution définie d’en haut et administrée de manière indifférenciée », à en croire le descriptif rédigé par le Ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales. Pour corroborer la jolie version papier, Jacqueline Gourault et Marc Fesneau confirment « une consultation dans un esprit de co-construction dans toutes les régions de France où parfois, sont saisies de petites musiques différentes. » Toutes ces mélodies devront être harmonisées en concorde par l’orchestre républicain car si, par exemple, le Centre-Val de Loire réfute l’idée d’un « big-bang », il jette au pilori parmi la longue liste Dacryopée, l’ARS et l’ADEME. A contrario, le couple maire-préfet est porté aux nues comme fusible plus adapté en termes de proximité et d’efficacité. La France en définitive doit “pour gouverner, résoudre des questions de plomberie”, dixit la prix Nobel d’économie, Esther Duflo. Marc Fesneau préfère le terme “tuyauterie”. En bref, la marche sur deux jambes s’avère encore endolorie, d’autant plus dans un Hexagone ébréché où des professeurs sont indiciblement décapités. Mission impossible que de réparer les morceaux d’un vase cassé.
En escomptant qu’il ne surgisse davantage de D … ésappointements. Hisse et ho !

Émilie Rencien