L214 vole dans les plumes des élevages en cage, depuis Blois



Depuis plusieurs semaines, un petit groupe s’est constitué localement, représentant l’association nationale de protection animale, bien connue pour ses vidéos choc. En mars, les élus du territoire ont ainsi été interpellés sur la question des poules pondeuses entravées.
#stopcages. Le slogan est limpide tandis que les chiffres sont sans appel : près de 32 millions de poules en France vivent dans des élevages en cage où elles sont entassées jusqu’à 16 par m2. Elles n’ont souvent pas plus d’une feuille A4 pour se mouvoir, sans jamais voir la lumière du jour ni pouvoir se dégourdir les pattes et déployer leurs ailes. Ne parlons pas non plus des becs coupés et autres infamies sanitaires. L’américain John Safran Foer avait déjà dénoncé ces pratiques outre-Atlantique dans son livre « faut-il manger les animaux ? ». Le même traitement existe en France et l’association L214 a décidé à son tour de monter au créneau pour faire cesser ces conditions de vie (ou faudrait-il dire, de détention) plus que cruelles dont le degré de férocité est traduit sur les oeufs achetés dans les grandes surfaces par des codes lisiblement notifiés, allant de 0-1 (signifiant plein air, bio), à 2 (voulant dire au sol) et 3 (soit en cage). « 90 % des Français souhaitent l’interdiction de la ponte en cage, » ont détaillé Sylvain Dibiane, chargé d’affaires publiques, et Cédric Perly, en charge du groupe L214 de Blois. « Nous, nous préconisons une interdiction d’ici 2025, nous attendons une loi, c’est pourquoi nous interpellons les députés comme Marc Fesneau à Blois par exemple. Des pays tels que l’Allemagne et la Suède ont sauté le pas. Il faut bien évidemment veiller à trouver des solutions qui satisfassent à la fois le producteur et le consommateur, en termes de revenus pour les uns et de prix pour les autres, mais des alternatives existent. »

Ils et elles donnent l’exemple
Le président de la République, Emmanuel Macron, s’était lui-meme engagé pendant sa campagne à ce que les oeufs vendus aux consommateurs soient issus d’élevages en plein air à terme et des entreprises agro-alimentaires comme St-Michel à Contres surfent déjà sur la vague de coquilles sans souffrance. Un collectif d’artistes, d’universitaires et de personnalités – parmi lesquels Stéphane Bern, Alain Bougrain-Dubourg, Laurence Parisot, Véronique Sanson, Guillaume Maurice, Lolita Lempicka, Jeff Panacloc, Mathieu Vidard, Corine Pelluchon ou encore Jean-Marc Pons – s’est de surcroît constitué pour appuyer sur le fait qu’une loi d’interdiction doit être présentée au Parlement. Produire à tout prix, à tout va, sans prendre en compte la sensibilité de l’animal, s’avère de moins en moins toléré par la population. Plus largement, hors poules pondeuses, même les héritiers d’une grande lignée de circassiens, à l’instar d’André-Joseph Bouglione, osent jeter un pavé dans la mare à force d’article de presse et de livres dénonçant l’exploitation animale. « On perçoit parfois L214 juste comme une entité qui dénonce, mais l’association propose aussi, le dialogue est possible, » a reconnu Yves Bachevillier, collaborateur parlementaire de Marc Fesneau. « Il faut réfléchir, tout en préservant la filière et les emplois ; il est certain que personne ne peut cautionner ce genre d’élevages. » En attendant une efficiente levée de boucliers politiques, le maire de Blois, Marc Gricourt, donne l’exemple (Cf. notre photo) et s’est pour sa part prononcé favorablement sur le papier pour ce mouvement de libération et de prise de conscience. En faveur de « cot cot codec » non étranglés.
Emilie Rencien