Le domaine national de Chambord s’apprête à fêter ses 500 ans


Le programme des célébrations dévoilé

En 2019 sera célébré le demi-millénaire du début de la construction, en 1519, du plus grand château de la Renaissance dans le monde. Placé sur la première liste des Monuments historiques en France en 1840 au même titre que le Louvre ou Versailles, patrimoine mondial de l’Unesco, Chambord est le plus mystérieux des palais royaux, jouant de la fausse symétrie et de plusieurs inconnues. La question de la relecture d’un monument énigmatique et celle de la conservation d’un vaste domaine se conjuguent à l’approche des cinq siècles du lancement de la construction.

500 ans plus tard, Chambord suscite toujours admiration et fascination. L’objectif de ces célébrations est d’offrir les clés de lecture d’un Chambord tel qu’il a été pensé par son fondateur, François Ier et l’architecte inspirateur, Léonard de Vinci. Il s’agit de donner à voir la matrice originelle de Chambord, l’une matérielle, la construction, l’autre immatérielle, ses symboles, dans le cadre d’un riche programme de restaurations, associé à une exposition retraçant précisément cette genèse de Chambord.

« L’interprétation de Chambord est l’enjeu essentiel de ces 500 ans : contribuer à faire changer le regard porté sur Chambord en France et à travers le monde, faire comprendre que nous sommes en présence d’un lieu à la singularité radicale, une œuvre de génie, l’un des monuments les plus importants de l’humanité. Les 500 ans doivent nous permettre d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion, ils sont un investissement pour l’avenir. Sous l’apparence d’une diversité qui recoupe la distinction entre nature et architecture, tous les projets se relient dans la notion d’utopie à l’œuvre, dans l’idée d’une cité idéale. » explique Jean d’Haussonville, Directeur général du Domaine national de Chambord.

Le programme de célébration : les neuf projets de 2019, une cité idéale au XXIe siècle

– Dans le château, un triptyque de la Renaissance

La restitution des plombs et dorures des lanternons de Chambord, signe le plus visible, le plus accessible au plus grand nombre, d’une poésie de l’utopie.

L’objectif pour 2019 est de restituer les ornements de plombs et de redorer le sommet des lanternons. Dès 1539 sous François Ier, la dorure à la feuille des lanternons de Chambord est attestée par plusieurs témoignages. Au décor de pierres de Chambord, s’ajoutaient des ornements de plomb richement ouvragés qui ont disparu après la Révolution. Ils ont été en grande partie rétablis au XIXe siècle et à nouveau supprimés dans les années 1950. Leur restauration, puis la dorure des lanternons, modifiera de façon spectaculaire la perception de Chambord. (Maître d’œuvre, Philippe Villeneuve, Architecte des monuments historiques, en charge également de la cathédrale Notre-Dame de Paris.)

– A l’intérieur du château, la mise en scène d’un décor de la Cour itinérante de François Ier

Après la restauration de ses jardins à la française en 2017, Chambord entend recréer l’atmosphère qui régnait à l’intérieur du château à l’époque de François Ier. À ce jour, aucun décor textile de la Renaissance n’est présenté à grande échelle ni de manière pérenne en France. (Concepteur de ce projet, Jacques Garcia, décorateur et scénographe, agit en mécénat de compétences.)

– La mise en perspective scientifique de Chambord, l’exposition « Chambord, 1519-2019 : l’utopie à l’œuvre »

L’exposition « L’utopie à l’œuvre » est placée sous le double commissariat de l’architecte Dominique Perrault et du philosophe Roland Schaer. C’est la première exposition jamais réalisée à Chambord qui traite de l’architecture du château et de l’implication de Léonard de Vinci, dans l’élaboration des plans d’origine. L’exposition se décline en deux temps, le premier se consacre à l’histoire de la construction de Chambord, le second imagine Chambord inachevé, un Chambord qui aurait vu sa construction poursuivie au XXIe siècle.

– Dans le domaine, une trilogie de la terre

Les murs du paradis terrestre : la restauration de l’enceinte par un chantier d’insertion.

Ce mur constitue un monument à lui seul. Il n’existe pas de clôture de propriété équi­valente en France et dans le monde. Si la clôture de pierre qui entoure Chambord sur 32 kilomètres avait une fonction très pratique de réserve de chasse et de limite de propriété, elle était dès l’origine, comme une clôture monas­tique douée d’une fonction symbolique élevée, établir les limites de la Cité idéale, du territoire de l’utopie, du paradis terrestre.

Ce chantier de qualification et d’insertion, qui devra rendre possible la restauration des 32 kilomètres de mur de Chambord, est pris en charge par l’entreprise Lefèvre et l’association d’insertion GEIQ 41 (Groupement d’employeurs pour l’Insertion et la Qualification). Il s’agira de restaurer une dizaine de kilomètres de mur sur six ans en formant près de trente personnes par an. Les 500 ans de Chambord sont ainsi orientés vers un projet social utile au territoire.

– Le cycle du vin, la vendange des 500 ans, le cépage de François Ier, un chai d’architecte

À un peu plus d’un kilomètre du château, au lieu-dit « l’Ormetrou », 14 hectares de vignes biologiques sont progressivement plantés depuis juin 2015. Afin de vinifier ce vin dans les meilleures conditions, la construction d’un chai a été confiée à l’architecte Jean-Michel Willmotte ; il s’agit du premier chai d’architecte du Val de Loire.

La priorité portera sur l’intégration dans le site, la végétalisation des espaces extérieurs, le choix des matériaux et la sobriété énergétique.

À l’issue des premières vendanges en septembre 2018, les premières bouteilles seront vendues en mars 2019 et formeront donc la cuvée des 500 ans de Chambord. Ces vignes biologiques produiront environ 70 000 bouteilles et devraient rapporter un million d’euros de revenu net par an.

– Le cycle de la nature, le potager de permaculture, le village-verger

Le potager sera aménagé à Chambord au sein même des écuries du Maréchal de Saxe comme c’était le cas du XIXe siècle jusqu’en 1976. Soigneusement dessiné, ce jardin comestible sera composé d’un dédale organisé de cultures maraîchères sur buttes permanentes. La parcelle des casernes, qui constituait l’aire maraîchère de Chambord depuis Louis XIV sera remise en verger et des cultures en espalier seront installées dans le village le long des maisons. L’objectif est de créer un écosystème basé sur une mosaïque de niches écologiques qui permettent de produire intensément des légumes, des fruits et des herbes aromatiques sur une petite surface, en se passant le plus possible d’énergie fossile.

Ce projet s’appuiera sur l’expertise de Charles-Hervé Gruyer, de la ferme du Bec Hellouin et les compétences de Rémi Algis, paysagiste spécialisé en permaculture.

– Une ouverture internationale, l’inscription territoriale

Parmi les nombreux événements qui rythmeront l’année (500 cavaliers pour les 500 ans de Chambord, festival des 500 ans, dialogues des humanités, caravanes de Léonard de Vinci…), trois méritent d’être signalés.

– Colloque de l’UNESCO Chambord/Mossoul, « la beauté sauvera le monde »

L’écrivain Daniel Rondeau a reçu mission de l’UNESCO et l’Université des Nations Unies pour concevoir ce colloque, qui se déroulera en présence d’Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, avec les ambassadeurs accrédités. A partir de la reconstruction de Mossoul et les restaurations qui font suite aux conflits armés – sujets qui continuent d’interroger le continent européen – l’enjeu de ce colloque est de rappeler l’importance du patrimoine dans la capacité à faire vivre ensemble des communautés. Contrairement à ce qu’on peut croire, la préservation du patrimoine ne se fait pas dans un repli sur soi mais compose bien l’ouverture au monde.

– Les illuminations circadiennes du monument

L’illumination des façades achèvera la restitution des abords et des jardins à la française. Magnifiant le château, elle diffusera, tel un décor de théâtre romantique, un éclairage mouvant similaire à l’éclairage naturel du soleil et de la lune. Ce projet verra le jour grâce à un mécénat de compétence.

– Et pour clôturer les célébrations, le voyage de la pierre sur la Loire (6 septembre 2019)

Chambord organisera, en clôture des 500 ans, un accueil symbolique des pierres ayant voyagé depuis les carrières de tuffeau de la région, avec au programme un grand spectacle numérique itinérant offert par la Région ou encore un concert avec l’orchestre de la Garde Républicaine.