« Les Anglais ? Parlons-en ! »


Ouf ! Cette fois, ils se sont barrés. Depuis, le 31 janvier dernier, le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne après avoir voté, par référendum -et c’était le 23 juin 2016 – le trop fameux « Brexit ». Les citoyens britanniques – oh, pardon ! sur les terres de la perfide Albion, le citoyen n’existe pas, il n’y a, très officiellement, que des sujets de sa majesté la Reine ! – en tout cas ces derniers peuvent maintenant pavaner. Ils sont redevenus ce qu’ils ont toujours été : des emmielleurs, un vocable choisi pour éviter la vulgarité linguistique. Mais admettons-le, depuis trois ans, après mille et une tergiversations sur le « Brexit » nos amis ou plutôt nos copains anglais ont mis une belle pagaille dans l’Union européenne. Et maintenant, comble de la prétention, ils se félicitent aussi d’avoir remis en cause l’idée même d’une existence possible et pérenne d’une Europe politique. De Gaulle avait raison ! Souvenons-nous, dans une conférence de presse datée du 14 janvier 1963, le général et chef de l’État avait mis un terme (qu’il voulait définitif) au désir des Anglais d’entrer dans le marché commun. Et ils étaient têtus les « Britishs ». En effet, quatre ans plus tard, de nouveau, ils tentaient de séduire le vieux Charles afin de rejoindre les cinq états de la C.E.E. En vain. Le général de Gaulle réaffirma en ces termes et publiquement qu’il ne voulait pas des anglais dans l’Europe en construction « Pour que les îles britanniques puissent réellement s’amarrer au continent, c’est encore d’une très vaste et très profonde mutation qu’il s’agit ». Et, pour argumenter sa décision, il rappelle « les volte-face successives et nombreuses des britanniques face à la construction de l’Europe depuis 1958, année du « Traité de Rome ». Cela est bien connu : on « a souvent tort d’avoir raison trop tôt ». En effet, le 13 janvier 1973, les Anglais forcent la porte et entrent de plain-pied dans la « Communauté Économique et Européenne » (C.E.E.) devenue depuis l’Union européenne. Et déjà, ils se font agaçants les Britanniques ! Ils veulent bien avoir les avantages de l’U.E. mais refusent, avec véhémence, l’Euro, la monnaie commune et ce, pour garder la Livre Sterling. Bienveillantes et sachant qu’avant tout le « business is business », les nations européennes acceptent le dictat anglais. Cette vieille histoire du refus de l’Euro est l’une des premières tracasseries des gouvernements successifs de sa majesté auprès des instances bruxelloises. La suite ? Nous la connaissons. Faut-il, aujourd’hui, s’en étonner. Certainement pas. L’Histoire de la France et de l’Angleterre démontre, depuis des siècles que nos relations ont toujours été mouvementées et guerrières. Il a fallu connaître le drame de la Première Guerre mondiale pour qu’une alliance franco-britannique puisse exister. Avant, et pour le démontrer, on peut fouiller la mémoire collective et ce, jusqu’au règne de César sur nos deux pays, pour constater que nos copains anglais qui nous appellent les « frog eaters » (les mangeurs de grenouilles) prennent, au mieux, un malin plaisir à nous taquiner, au pire, à nous persécuter. Ne soyons pas indécents et rancuniers en rappelant que ces foutus anglais se sont acharnés à nous faire des misères. N’ont-ils pas voulu, très souvent, occuper les terres de France ? Pour y arriver, n’ont-ils pas, en passant près d’Abbeville (Somme) pris plaisir à nous filer une sacrée déculottée à la bataille de Crécy ? Une défaite française qui a eu pour conséquence, de 1337 à 1453, c’est à dire pendant cent ans, une guerre quasi-ininterrompue ? Et notre Jeanne d’Arc… qui nous l’a brûlée ? Et Azincourt ? C’était bien les Anglais qui voulaient rejoindre Calais et qui en passant du côté d’Harfleur (Seine-Maritime) ont mis en déroute l’armée de Charles VI en massacrant 6000 de nos preux chevaliers. Ils se sont acharnés sur la France ces Anglais, tout de même ! Et ce n’est pas tout. Mais taisons-nous et oublions Trafalgar et autres mésaventures napoléoniennes. Ce sont là d’anciennes histoires. Vivons demain, sans les Anglais car, après tout, si « les Français et les Anglais, a dit Peter Ustinov, « sont de si bons ennemis, c’est qu’ils ne peuvent s’empêcher d’être des amis ». Et si, malgré tout, nous en voulons toujours un peu à ce peuple excentrique qui a désiré, par les armes et la guerre, s’implanter un peu partout en Europe et ailleurs, pardonnons-leur un peu cette folle ambition car, pour les comprendre il faut nous intéresser à leur gastronomie. Ne sont-ils pas les seuls, sur cette planète, à se coltiner, chaque matin, au petit déjeuner, des « baked beans », ce machin composé de haricots blancs cuits dans une sauce tomate sucrée et à se satisfaire à midi d’un « haggis », plat composé, de foie, de poumons et de cœur de mouton, un tout assaisonné d’oignons et de flocons d’avoine enfermé dans un estomac de mouton ou dans un boyau artificiel ? Évidemment, ces mœurs culinaires ont, selon une certaine Martha Harrison, femme d’affaires du Royaume Uni, « motivé les Anglais à coloniser la moitié du monde, pour chercher juste un repas décent ». Pauvre Angleterre !

Éric Yung