Les étudiants en médecine francophones courtisés en Roumanie


Jean-Luc Brault au centre, Philippe Sartori, François Coulon et Jacques Paolletti en compagnie des étudiants de Iasi.

Entre 2007 et 2016, le nombre de généralistes en France a diminué de près de 10 %. Un grand nombre de nos concitoyens peine désormais à trouver un médecin traitant. D’abord apparu dans les campagnes, ce problème touche désormais de petites villes, voire certaines villes moyennes.

Ce manque dans de nombreuses communes françaises résulte d’un recrutement trop restreint et d’une concentration dans les zones les plus riches et les plus attractives. Aujourd’hui, la liberté d’installation ne permet plus de rapprocher l’offre de la demande. Et c’est dans les territoires où la part de la population âgée est la plus élevée que la densité de médecins est la plus faible. L’accès aux soins spécialisés renforce encore cette impression d’inégalités entre centres et périphéries. Les délais pour obtenir un rendez-vous ou la distance à parcourir pour consulter un ophtalmologiste, un gynécologue, un dentiste, un dermatologue ou un psychiatre ne cessent de s’allonger. Il n’est désormais pas rare de se voir répondre lors d’une demande de rendez-vous chez un généraliste ou un spécialiste : « le docteur ne prend plus de nouveaux patients ». Réduit drastiquement dans les années 1980, le numerus clausus (quota d’admission d’étudiants en seconde année de médecine) a été réévalué dans les années 2000. Cela ne suffit pas, il faut compter avec l’inertie du phénomène liée au temps de formation et le niveau actuel de recrutement ne permettra pas de répondre aux besoins croissants liés au vieillissement de la population. Il ne permet déjà plus de compenser les départs à la retraite, bien que de nombreux médecins poursuivent leur activité bien au-delà de 60 ans.

La région Centre-Val de Loire, certainement la plus touchée en France, souffre de plus en plus de de cette pénurie d’offre médicale, non seulement en milieu rural, mais aussi dans certains quartiers urbains et ce fléau du désert médical ne cesse de s’aggraver. En moyenne, on compte moins de 80 médecins généralistes pour 100 000 habitants, soit un médecin pour 750 habitants. Que faire pour lutter contre l’abandon de certaines régions par les médecins ? Favoriser l’implantation de jeunes médecins par des incitations financières : prime à l’installation, attribution de bourses, voire fourniture d’un local dans des conditions avantageuses… Mais si ces mesures peuvent parfois convaincre, elles ne permettent pas d’enrayer le phénomène dans sa globalité. Certains essaient de faciliter le quotidien des médecins en créant des maisons de santé, en favorisant le temps partiel… Il y a certes quelques résultats mais cela reste insuffisant et souvent coûteux. Si actuellement le problème de la désertification médicale ne se pose pas avec la même acuité dans chaque Communauté de communes, il n’en demeure pas qu’il existe et la Communauté de communes Val de Cher Controis a décidé de tenter autre chose.

Un voyage d’espoir en Roumaine

La ville de Lasi, en Roumanie, accueille des étudiants français et francophones dans ses universités de médecine générale, dentaire, pharmacie et de médecine vétérinaire. Plus d’un millier de Français poursuivent aujourd’hui des études de médecine au sein des universités roumaines, à Cluj, Iasi ou Timisoara. Ces étudiants peuvent revenir effectuer leur internat en France et passer l’Examen Classant National.

Le samedi 12 mai dernier, une délégation du Val de Cher Controis, emmené par Jean-Luc Brault, maire de Contres et président de la Communauté de communes, et de Philippe Sartori, maire de Noyers-sur-Cher et médecin, est partie à Iasi pour une rencontre avec les étudiants en section francophone de I’UMF roumaine.

« Cet échange avait pour but de créer un partenariat entre cette délégation et les étudiants, explique Jean-Luc Brault. Le problème de la désertification est déjà prégnant mais quand sera-t-il dans les dix ans qui viennent. Nous avons besoin d’une dizaine de médecins généralistes mais aussi de spécialistes : dentiste, ophtalmologiste, etc. L’objectif premier du voyage est de nouer des contacts avec ces futurs médecins pour évaluer leurs attentes et imaginer des solutions qui leur permettraient de venir s’installer en France. Nous avons pris l’exemple du département de la Sarthe qui a déjà signé plusieurs contrats avec des jeunes partis étudier en Roumanie. Jean-Luc Brault poursuit : nous avons évoqué, dans un climat attentif et intéressé, la possible création d’une aide financière de la collectivité pour financer les études en Roumanie de ces étudiants en échange d’une l’obligation de s’installer ensuite pendant au moins cinq ans sur le territoire. »

Si rien n’est encore acté, le chemin est pris et la prochaine étape est l’élaboration d’un contrat prévoyant l’instauration d’une bourse pour les étudiants des sections dentaire et médecine visant une spécialité clinique et non chirurgicale. La contrepartie étant que l’étudiant devra exercer cinq années ou plus suivant la spécialisation sur le territoire du Val de Cher Controis. Ce contrat s’appliquera pour les étudiants à partir de la 3e année, y compris les internes.

« Nous sommes en train de peaufiner ce contrat, ajoute
J. L Brault, mais nous prévoyons d’ores et déjà, devant le grand intérêt porté par ces étudiants, d’organiser des stages de découverte afin de leur faire découvrir la région. »
A suivre !

Gérard Bardon