L’été, c’est lecture et pis c’est tout !


Sur la plage, sans pass-sanitaire, avec pass-sanitaire aussi, vaccination à jour ou pas, que l’on soit pour lui ou contre elle, le sable s’écoule entre les doigts de pieds. Pendant que l’on sort du monde du complot des réseaux asociaux, ce foutu sable s’infiltre aussi dans le moindre interstice. On profite, même si le maillot de bain n’est pas exempt des quelques grains, et les Iphone n’ont plus. Finalement si on peut accepter que ça gratte avec l’un, on peut laisser l’autre au bungalow… L’été, les vacances, tout ça, on croit que ce sera suffisant pour faire une pause anti Covid, un moment de mise en sommeil de la connerie humaine, des virus, des experts, des pas experts, des spécialistes auto-proclamés, de leurs disciples, de leurs con-disciples itou. Comme un temps mort demandé à la manière d’une partie de beach-volley. Et pis, au bout du compte, non !
Il faut l’avouer, ce n’est parce que le classement de Shanghai place l’université Paris-Sarclay (Paris Sciences & Lettres) à la 13e position mondiale que l’ensemble de la population française peut prétendre à un prix Nobel ou à la médaille Fiels. Dès lors, il n’est pas anormal que des lecteurs de Voilu, Ici Match ou autres aient des difficultés de compréhension. Souvent limités dans l’expression orale, ils n’ont, parfois, pas validé l’option explication de texte. On ne peut pas tout avoir : la science infuse comme le thé, la spécialisation Facebook et Twitter, la validation comptoir du bar-tabac de la rue d’en face et, en même temps, l’esprit d’analyse, ou la lucidité quant à ses propres compétences. Donc, l’été on tourne les pages de bouquins qui sont faits pour se reposer les neurones, enfin pour ceux qui comprennent ce qu’ils lisent. Allongé sur une serviette posée sur le sable chaud qui sentirait bon le légionnaire, ou l’inverse, on oublie les tracas du quotidien. Une certitude, si on veut sortir de l’environnement virologique du moment, on oublie les présentoirs estivaux d’une grande chaîne de magasin dit culturel qui commence par un F, se termine par un C, avec un A et un N dedans. Le rayon des livres d’actualité pourrait vous envoyer l’araignée au plafond d’une force… Entre les bouquins plus ou moins complotistes, les enquêtes étayées, ou pas, les études et les ressentis de divers auteurs, on peut continuer à ne pas lâcher prise. Sans juger, les avis de Christian Perronne, professeur et résistant en carton dont les interviews sont relayées par Sputniknews.com ou Égalité et Réconciliation, le site créé par Alain Soral, ne sont pas fait pour remettre l’église au milieu du village. Le dernier Raoult non plus. À la limite, pour s’instruire, on peut jeter son dévolu sur le Manifeste pour une maladie oubliée, la drépanocytose, écrit par l’ancien rocker Robert Hue. Ça changera au moins de la maladie ou du massacre de l’hôpital public !
L’année prochaine, on pourra, peut-être, lire les manuscrits récemment retrouvés de Louis-Ferdinand Céline. Un mètre cube de papiers personnels, de manuscrits et de textes inédits, pour le coup, on va bien arriver à dissocier l’homme de son œuvre, différencier l’écrivain et le pamphlétaire. L’antisémitisme, et autres peccadilles comme écrire des lettres de dénonciation (selon Wikipédia, mais peut-on faire confiance à Internet ?) ce n’est pas comme si Polanski était plus un ancien violeur qu’un ancien réalisateur pour Adèle Haenel et une partie du monde du cinéma.
S’il vous reste quelques heures de farniente, sortez un vieux San Antonio. Pour le politiquement correct ça peut piquer les yeux. Comme le sable quoi. Les philosophes en manque peuvent assurer avec les deux Pierre, Desproges ou Dac. À en juger des exemples récents, ça vaut autant que du Nietzsche et ça rend moins populiste, pour ne pas dire un gros mot.
Surtout ne vous faîtes pas de mal avec des trucs compliqués. Pensez qu’a la télé, après Angélique, Marquise des anges, on est toujours sur le cycle des Sous- doués. La preuve que, même avec l’entrée des talibans à Kaboul, c’est encore les vacances, non ?

Fabrice Simoes