L’Indre se donne six ans pour rebondir et devenir attractif


TERRITOIRE La démographie de l’Indre touche le fond. Avec l’énergie du nageur, Serge Descout donnera le 29 le coup de pied qu’il espère salvateur. En six ans l’Indre peut refaire surface, le président a de bons exemples pour étayer son optimisme.

Pierre Belsoeur

Le centre national de tir sportif, dernier exemple d’investissement
public-privé pour l’attractivité de l’Indre.

Les caisses du département sont pleines, mais l’Indre perd 500 habitants par an. Année après année, le président du conseil départemental écoute son opposition (dans l’Indre où les us et coutumes sont policés, ce qui est une bonne chose, on parle de minorité) regretter, au moment de la présentation du budget, sa frilosité à investir dans de grands projets. Reconnaissons que l’investissement dans la rocade destinée à desservir la zone d’Ozans n’a pas (encore) été couronné du succès qui aurait redonné le sourire à tous les élus.

Ces remarques successives, où les réflexions personnelles du président, l’ont conduit à faire appel à toutes les bonnes volontés du département pour participer à une opération permettant de doper l’attractivité du territoire.

Pour ce faire il a engagé un directeur de la communication au curriculum vitae musclé : Christophe Dupas, ancien patron de Puzzle Centre, société de communication qu’il a spectaculairement développée en quinze ans, et revendue au groupe Nouvelle République. Il s’est aussi appuyé sur un cabinet conseil pour répondre à une question lancinante : pourquoi l’Indre, malgré ses multiples atouts géographiques, culturels et économiques n’arrive pas à attirer investisseurs et jeunes ménages ?

Le Centre sportif de tir, le bon choix

Première bonne surprise pour Emmanuel Renard, directeur exécutif d’Edater, bureau d’études, en lien avec Foutourism, destiné à dynamiser le pilotage de l’action publique, la réactivité des décideurs de l’Indre. Emmanuel Renard a mené des actions similaires dans la Manche et en Auvergne notamment, avec succès, ce qui donne de l’espoir à Serge Descout, mais nul part le taux de réponse de la part des élus et chefs d’entreprises n’a été aussi massif que dans l’Indre.

Le « Tous ensemble » ne serait donc pas un vain mot, mais pour faire quoi ? Un forum de lancement qui aura lieu le 29 novembre au Centre National de Tir Sportif, à la Martinerie. L’endroit n’est pas mal choisi : une réalisation où institutionnels et privés ont oeuvré main dans la main pour faire sortir de terre une réalisation qui, en terme d’attractivité, donne déjà des retombées non négligeables.

En revanche ce forum donne aux observateurs que nous sommes, depuis quelques décades, l’impression d’une « grand messe » au risque de gâcher l’effet du président départemental. Serge Descout l’a bien senti et démine immédiatement. « Attention ce n’est pas un coup de communication, on s’engage pour six ans, pas pour six mois. » Pour démontrer qu’il est possible de contrarier le cours du destin le président prend l’exemple de la courbe des médecins « Jusqu’à 2016 on a perdu 15 médecins par an. Depuis 2017 les médecins qui arrêtent leur activité sont remplacés. Dix-sept nouveau médecins se sont installés entre le 1er janvier 2017 et novembre 2018 et nous demeurons à 147 médecins. Si nous n’avions rien fait nous étions à 120 en 2021. On m’a pris pour un illuminé lorsque j’ai présenté le dossier d’aide à l’installation. Pourtant ça marche et ce sera inclus dans le projet d’attractivité. »

Emmanuel Renard, Delphine Raymond, Serge Descout et Christophe Dupas lors de la présentation de l’opération.

Une grande enquête qui vous concerne

Pratiquement le calendrier est établi jusqu’en 2021. Un comité de pilotage de 36 membres (bien entendu) a été installé en septembre. Un questionnaire destiné à tous les habitants de l’Indre a été élaboré. Il sera mis en ligne au lendemain de son lancement, le 29 novembre. Mille deux cents invitations ont été adressées aux forces vives du département afin d’obtenir la présence de trois-cents personnes. « Ceux qui ne pourront pas venir, précise Christophe Dupas, ne se désintéressent pas pour autant du projet, dans leur réponse ils nous adressent leurs encouragements. »

Au cours de cette réunion à laquelle assistera Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, des représentants des départements qui ont suivi une telle démarche viendront témoigner des gains d’attractivité réalisés.

Ensuite les habitants de l’Indre seront invités à répondre le plus nombreux possible à l’enquête du 29 novembre au 15 décembre sur www.indre.fr/attractivité. Cinq questionnaires s’adressant aux élus, chefs d’entreprises, visiteurs, étudiants et habitants seront mis en ligne(1). « Plus le nombre de réponses sera important, insiste Christophe Dupas, plus notre analyse de la situation sera fine. Les résultats de cette enquête seront proclamés début mars, ainsi que les pistes stratégiques définies par le comité d’attractivité qui aura travaillé au sein de différentes « fabriques ». Et c’est en juin 2019 que sera élaboré le plan d’action général. Un troisième forum en octobre 2019 permettra de faire le point des actions en cours d’engagement. La mise en œuvre opérationnelle est programmée pour 2020.


LE QUESTIONNAIRE ▶

Promis juré, il ne faut pas plus de deux minutes pour répondre à l’enquête. Pour les enquêteurs, le questionnaire doit permettre d’apprécier le regard porté par les habitants sur les performances et la réputation de leur territoire.

– Estimer l’attente et les besoins en matière de marketing territorial des chefs d’entreprises.

– Avoir le regard extérieur des visiteurs sur l’image de marque du département.

– Interroger les élus sur les forces et faiblesses du territoire et les enjeux de gouvernance.

– Apprécier la vision qu’ont les étudiants de l’avenir de l’Indre et leur satisfaction d’étudier ici.


LE COÛT ▶

Un budget de 450 000€ a été dégagé pour financer la première année d’exercice de l’opération « L’attractivité du Territoire, un enjeu majeur pour l’avenir » qui outre la machinerie décrite plus haut comporte aussi un hastag : #36raisonsdevivredanslindre pour que chacun donne au moins une bonne raison de venir vivre dans notre département dont Serge Descout souhaite que nous soyons tous les ambassadeurs.