Loiret : faire toujours plus avec moins…


AU PROGRAMME Le conseil départemental de Loiret était en session les 17, 18 et 19 octobre. Parmi les sujets débattus, les jeunes, la fibre et l’accompagnement social.
Stéphane de Laage

Fibre ou radio ?
Le très haut débit ne se décrète pas, il se construit au fil des ans, et doit s’adapter à sa propre progression. Autrement dit, le temps de finir la construction, il faut déjà faire évoluer les technologies. Raison pour laquelle, le Département, qui est acteur de ce déploiement du haut débit, a choisi de signer une nouvelle délégation de service publique (la troisième depuis 2004), pour que bientôt tous les foyers soient éligibles. Y compris les plus isolés, grâce à un système de transmission radio, là où la fibre n’aura pas d’accès terrestre.

Jeunes et citoyens
« Il est important que les jeunes soient sensibles aux choses de la vie qui ont fondé notre société ». Marc Gaudet, président du Département y tient, et insiste pour que le plan Jeunesse soit un véritable accompagnement citoyen. La politique votée renforce son soutien aux actions locales en terme de citoyenneté, de réussite éducative, épanouissement personnel, valeur de la République, découverte des métiers, innovation…
« L’un des objets, détaille Gérard Malbo, vice-président en charge de l’éducation, est de favoriser la réussite éducative et lutter contre le décrochage scolaire ».

Le « social », victime des technologies
Les politiques sociales, dont les départements ont la charge, sont une charge qui augmente sensiblement. Outre le versement de prestations nouvelles, le Loiret a dû ajouter 8M€ à son budget de fonctionnement, dédiés aux services sociaux et aux mineurs non accompagnés en particuliers. La décision modificative votée fait passer la capacité d’autofinancement du département de 70 à 60M€. « La situation financière est fragile » reconnaissent les élus.
Le nombre de bénéficiaires du RSA est passé de 13.000 en 2015 à 15.000 en 2018. Les élus aimeraient faire baisser ces chiffres mais la politique nationale d’accompagnement et les technologies ne les y aident pas (+15/mois en 2018). L’inscription au RSA par téléprocédure n’impose plus aux bénéficiaires de se rendre dans les bureaux d’accueil, et grâce au « datamining » (gestion croisée des fichiers), la CAF va chercher des ayants-droits qui ne faisaient pas la demande.
Ajoutons l’incompatibilité des logiciels de la CAF et des services sociaux du Département, qui fait bondir le président Marc Gaudet.

MNA, les filières changent
La question des MNA, mineurs non accompagnés, demeure la principale difficulté des départements, qui tous accueillent des migrants. Le Loiret n’échappe pas à la règle. Les services sociaux dédiés en reçoivent près de 400 chaque année.
« Parmi la quinzaine de migrants qui se présentent chaque jour à nos services, 20% sont a priori mineurs », explique Alexandrine Leclerc, vice-présidente en charge de la question. La difficulté est en effet de savoir les identifier et prouver leur âge, pour savoir comment les orienter et les héberger. En moyenne huit heures entre les mains de sociologues et d’interprètes, de médecins et de spécialistes à l’écoute. Tout cela a un coût, cette année, quatre « équivalents temps plein » ont renforcé une équipe qui compte désormais douze personnes. « Si la décision n’est pas tranchée au terme des entretiens, le doute profite au jeune qui sera dirigé vers la maison d’enfants à caractère social » poursuit Alexandrine Leclerc.
Financièrement, la charge est extrêmement lourde pour la collectivité, qui est certes dédommagée par l’État à hauteur de 250€/Jour et par jeune durant cinq jours, mais qui a vu une augmentation de près de 20% des arrivées en un an, passant de 1.000 à 1.200.
« Les filières changent, remarquent les élus, l’Italie il y a deux ans, maintenant l’Espagne. On note que les migrants sont parfaitement renseignés et savent très bien où trouver les services sociaux, qui pourtant n’ont pas pignon sur rue. Ils viennent principalement de Guinée et de Côte d’Ivoire, il y a deux ans du Mali et du Congo. Ce sont des hommes à 80% ». Si la majorité est logé par le Département dans des hôtels de la Métropole, la solution atteint ses limites. « Nous cherchons d’autres solutions sur le territoire. Quant à leur formations, nous essayons de leur apprendre la langue et des savoir de base, mais le plus souvent, à 18 ans révolus, ils nous échappent et abandonnent »…