Marc Gricourt, à maire ouvert


Le maire PS sortant, également vice-président du conseil régional, délégué aux finances, aux fonds européens et au personnel, est candidat à sa propre succession. Force tranquille pour paraphraser le slogan mitterrandien de Jacques Séguéla en 1981 ? À l’approche des échéances électorales, l’édile dresse le bilan avant la balance des urnes.

Avant toute chose, vous confirmez votre posture pour 2020 ?

« Je vais faire du François Mitterrand : sauf situation particulière, je serai candidat ! Plus sérieusement, oui, je suis candidat parce que j’ai la même motivation, la même pugnacité. J’ai aussi lancé dans ces deux mandatures de grands projets d’aménagements essentiels pour l’avenir du territoire, de la ville et de l’agglomération. Du premier mandat, la plupart d’entre eux sont réalisés. Je vous les remémore, quartier gare, extension du centre ville commerçant et projets dans sa conception avec l’action Coeur de ville… Tout cela pour envisager l’avenir démographique, économique, touristique, culturel et aussi environnemental. Je pense pouvoir encore apporter à Blois et à mes concitoyens,  une ambition pour la ville et l’agglomération, toujours en oeuvrant pour plus d’égalité, de solidarité, de fraternité et de développement de la ville. »

Pourtant, vos détracteurs trouvent que Blois se meurt sous votre municipalité… Oui, non ?

« Blois se dépeuple. C’est une réalité concernant la démographie sur le dernier recensement. Même si je fais partie des élus qui sont nombreux en France à contester les modalités de ce recensement INSEE car c’est effectué par fragments, avec une proportionnalité. Mais je rappelle toujours qu’on a eu, depuis dix ans, 500 enfants blésois supplémentaires, sans dérogation supplémentaire accordée, dans les écoles, enfants qui ont a priori des parents. De plus, le taux de natalité n’a pas augmenté, donc nous disposons de ces autres indications. Le dernier recensement s’est arrêté en 2016 et lors de différents conseils municipaux, nous avons pu constater une augmentation des bases fiscales depuis 2016, en 2017 et c’est confirmé pour 2018. Nous pouvons par conséquent nous attendre, en tout cas je l’espère, à constater au pire une stabilisation de la population, au mieux un frémissement. J’ai initié des démarches, en partenariat avec l’agglomération et engagées sur la ville, afin de mieux répondre aux attentes des habitants et des personnes venant de l’extérieur, notamment en termes d’accession à la propriété. Cela s’est traduit par des opérations que j’ai impulsées avec des partenaires privés, on peut citer l’une d’elles qui date déjà de plusieurs années, je pense à Florimond Robertet et aussi celle avec la CCI sur l’immeuble de la CCI, sans compter d’autre opérations ici et là : gare, caserne Maurice de Saxe, et demain, l’Hôtel-Dieu… »

Là encore, un Hôtel-Dieu qu’il faut « sauver » selon certains de vos adversaires…

« Une raison de plus d’avancer sur ce bâtiment patrimonial et l’appel à projets pour sa mise en vente (NDRL. Loué par la ville aux services de l’Etat jusqu’en décembre 2020). Imaginez qu’il reste vide pendant un ou deux ans, il se détériorerait. Ma volonté, qui est la mienne, est de repartir sur des propositions innovantes, ambitieuses, en matière de politiques publiques face aux enjeux auxquels nous sommes confrontés, notamment environnementaux et de solidarité, pour mieux accompagner toutes les générations, pour le vivre ensemble. Sur un plan plus politique, à travers ce que j’ai pu démontrer à la fois dans ma façon de porter l’ambition pour le territoire et de mener ma responsabilité de premier magistrat de la ville, je suis toujours à la recherche d’une adhésion du plus grand nombre. Ecoute, respect des oppositions. Vous savez, on a  connu d‘autres périodes à Blois où les observateurs de la question politique  n’étaient quand même pas dans cette démarche. »

Ville, agglomération, ville, agglomération … Votre liste serait-elle déjà dessinée, avec des noms bien arrêtés ?

« Pas encore mais j’y travaille en permanence. En fait, dès le lendemain d’une élection, on réfléchit déjà à l’échéance suivante. Je l’ai toujours dit à mes collègues, même si ce n’est pas facile à entendre, je suis pour un renouvellement d’un tiers. C’est le minimum que j’imposerai. »

Depuis plusieurs mois, le style Gricourt est fortement contesté. Comme une sorte de Vendetta lancée ?

« C’est ma lecture mais les gens, qui trouvent que cela ne va pas, ne disent pas que le maire n’a pas fait ou qu’il a menti. Non, ils ne sont juste pas d’accord avec mes choix car ils disent qu’ils auraient fait autrement ou ailleurs, etc. Et c’est bien car c’est ça, le débat démocratique. Tout ne va pas bien, tout n’est pas rose, et justement, j’attends les propositions en face. J’ai presque hâte. J’adore la période de confrontation d’idées. A voir ce que mes concurrents sont en capacité de critiquer … et en face, de proposer. »

Vous êtes serein pour résumer  ?

« Oui. Ce qui ne veut pas dire serein face à l’élection. Une élection, ce n’est jamais gagné. Par contre, serein face à notre bilan qui est le nôtre, je le présente ainsi car c’est un travail collectif dont je suis le chef d’orchestre. C’est regarder les engagements pris envers les Blésois et Blésoises, et ce qui a été réalisé. C’est aussi, et ce n’est pas neutre dans un contexte national actuellement difficile, regarder nos finances. Blois est une collectivité bien gérée, avec une diminution de la dette de dix millions d’euros en douze ans, des efforts de gestion qui seront confirmés encore cette année. Ce qui n’a pas empêché de l’ambition, des actions et des investissements. »

Et le projet commercial St-Vincent, ça se discute toujours ?

«Quand un conseil municipal vote un projet, celui de St-Vincent, exceptés les élus RN qui s’abstiennent, c’est l’expression d’une légitimité électorale issue du scrutin, censée représenter l’ensemble des Blésois. Idem sur l’Hôtel-Dieu, avec 2 abstentions. Je suis très respectueux des avis différents à condition qu’ils soient expliqués et argumentés. »

Et si vous perdiez en 2020 ?

« Je suis là pour travailler jusqu’au jour du scrutin qui donnera une nouvelle majorité, je serai dans ma responsabilité. Je suis profondément républicain, y compris dans l’hypothèse où je serais battu et à ce moment-là, je me ferais fort de passer la main de façon républicaine. J’ai trop été surpris de la manière dont ça s’est passé quand je suis arrivé… Mais cela ne se passerait plus comme ça maintenant, mon prédécesseur (Nicolas Perruchot) a évolué, nous avons appris à nous connaître. Je suis démocrate; les Blésois et Blésoises feront leur choix en conscience. »

Parlons de votre livre « aventures en territoire humain » paru chez Plume d’Eléphant, bon timing ?

«Je suis conscient que ce livre peut faire pencher la balance, d’un côté comme de l’autre.  J’ai eu ce besoin d’écrire il y a deux ans. Et dans la discussion avec l’éditeur, sur la date de validation de la publication, ce fut selon mes disponibilités à finaliser le texte. Sinon, cela aurait été après les municipales, le calendrier l’imposant pour ne pas rentrer dans les comptes de campagne.Je suis authentique et les premiers retours de lecteurs sont positifs, appréciant cette franchise. »

Et pour terminer, quid du parti politique « Place Publique » qui semblait vous attirer ?

« J’ai trouvé la démarche de Raphaël Glucksmann, personnalité hors formation politique mais toutefois à gauche, digne d’intérêt. Bien que l’objectif de Place Publique ne soit pas atteint, c’est-à-dire le voeu de réunir toute la gauche, progressiste, démocratique, dans un élan commun pour les élections européennes. Benoît Hamon ? Oui, il a essayé également mais il a surtout refusé la main tendue par Raphaël Glucksmann et le Parti socialiste ! Or, si tout le monde refuse, c’est compliqué. Certains expliquent qu’on est sur un scrutin proportionnel qui ne mérite pas l’union, c’est un point de vue. Quand on a des forces fortes en présence, pourquoi pas, mais quand on est tous faibles, c’est regrettable. »

Toujours maire PS en conclusion ?

«Je suis toujours adhérent au PS, je laisse passer les élections européennes. Dans l’immédiat, personne ne connaît la plateforme programmatique de Glucksmann. Et, pour revenir aux municipales, ce qui est intéressant, c’est que tout le monde sera bientôt au centre … du débat ! »

Propos recueillis par Émilie Rencien