Matra : game over pour Lagardère


Libérés, délivrés. Ou quasi. Une partie des anciens salariés de Matra Automobiles voit le bout du tunnel et du bras de fer engagé depuis l’annonce brutale de la fermeture de l’usine le 26 février 2003. Mercredi 14 octobre, la CGT a distribué les chèques aux intéressés dans la salle Sudexpo.
Certains visages étaient impassibles mercredi 14 octobre. Pas forcément de sourires mais un chèque en poche après le séisme industriel Matra. Dix-sept ans après cette fermeture, les 296 anciens salariés de Matra ont reçu de la main de la CGT leurs indemnités allant de 9000 à 26000 euros, suivant leurs anciennetés, après la confirmation de la condamnation du groupe Lagardère par la Chambre sociale de Bourges pour licenciement sans cause réelle et sérieuse. Alors, « heureux ? » À cette question, Régis Barboux, le secrétaire général de l’Union locale CGT de Romorantin, manifeste évidemment son contentement mais demeure mi-figue mi-raisin. «C’est une victoire, oui et non. Ce fut long et il reste des ex-salariés dans la précarité ou dans la maladie car l’amiante était partout alors qu’elle est déjà reconnue au début des années 1990 dangereuse. Je ne parle pas non plus des divorces, des cancers, des morts depuis. On en parle peu aussi mais des entreprises sous-traitantes ont également pâti de cette fermeture. Et quand on est licencié et qu’on n’a plus d’argent, on ne consomme plus dans les commerces et c’est un cercle vicieux. Nous sommes toutefois satisfaits de cette issue face à un groupe comme Lagardère dont la dernière vacherie fut la vente de la voiture de Pescarolo MS 670 exposée au musée Matra de Romorantin.» Alain Lebert, ancien ouvrier de fabrication, recruté dès 1986, qui n’a jamais lâché au fil des procès, savoure également. «Depuis 17 ans, vous vous imaginez ! Nous sommes partis de rien et nous avons réussi face à Lagardère, ce n’est pas rien ! » Le chapitre est donc clos, mais les traces indélébiles de meurtrissures professionnelles et familiales, elles, ne s’effaceront jamais malgré le jackpot tombé dans l’escarcelle.
É.R.