Pierre Bouffart : L’ONM pour le taxi de Sologne…


Celles et ceux qui étaient présents, en ce premier vendredi du mois de décembre, à la préfecture de Loir-et-Cher, se souviendront que le ministre Alain Griset, délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des petites et moyennes entreprises, y aura effectué l’une de ses dernières sorties officielles avant de quitter le Gouvernement.
Parrain de Pierre Bouffart, vice-président de la Chambre de Métiers et d’Apprentissage de Loir-et-Cher, président du syndicat des taxis de Loir-et-Cher et trésorier du syndicat national, Alain Griset lui a remis, en présence notamment de Marc Fesneau, ministre chargé des relations avec le Parlement ; François Pesneau, préfet de Loir-et-Cher ; François Bonneau, président du Conseil régional Centre-Val de Loire ; Marc Gricourt, premier vice-président régional et maire de Blois ; Tania André, vice-présidente du Conseil départemental ; Willy Spitz, vice-président de l’Ordre national du Mérite de Loir-et-Cher ; Stéphane Buret, président de la CMA41 ; plusieurs conseillers régionaux ou départementaux ; des maires du département et des élus de tous bords politiques et consulaires, ainsi que des membres de sa famille, la croix de chevalier dans l’Ordre national du Mérite (ONM), après avoir vanté ses qualités tant professionnelles qu’humaines, toujours au service des autres. Le ministre Griset rappela la naissance picarde de son filleul, pas loin de Luxies-Doulens où Louis XI créa le transport du courrier à cheval avec relais tous les quatre km, soit La Poste assise, et le métier d’ambulancière de sa mère qui ont dû influencer l’attrait de Pierre Bouffart vers les véhicules motorisés. De conducteur d’engins, très jeune, il se convertit au taxi et s’installa, à 22 ans, comme artisan à son compte, «l’un des plus jeunes de France», en employant, alors sa mère comme salariée, puis comme associée !

Distingué à 38 ans
Alain Griset salua l’engagement de Pierre Bouffart et de ses amis-taxis, en Loir-et-Cher, dès l’annonce de l’arrivée de la Covid-19. «Vous avez assuré, certes, le transport des personnes en respectant les barrières de sécurité et avez, surtout, pris en charge la logistique des équipements de protection en les transportant vers leurs destinations et en en assurant la distribution, avec humanité, respect des autres, en mettant avant tout autre chose le sens inné des relations humaines, votre abnégation et, aussi, celle de vos confrères que vous avez su mobiliser et convaincre. «Même à 38 ans, vous pouvez être fier de votre parcours dont je suis fier aussi tout comme d’être votre parrain. Cette médaille vous honore et honore votre métier au service des autres». Visiblement ému après avoir été épinglé par son ministre, Pierre Bouffart eut du mal à suivre le fil de son allocution, appréciant un verre d’eau salvateur avant de perdre sa médaille que le ministre lui épingla, à nouveau, sous les applaudissements complices de l’assistance… Se reprenant rapidement, Pierre Bouffart compara alors les taxis Renault, pour la plupart, réquisitionnés en septembre 1914 pour transporter plus de 6 000 hommes pour la première bataille de La Marne, aux taxis des années 2020 engagés pour combattre le général Covid! La bataille fut difficile, rude, impitoyable tant sur le plan humain que financier, pour certains.

Deux en France
«Cette médaille n’est pas la mienne, mais celle de toutes ces femmes et tous ces hommes qui, par vocation de leur métier, ou par leur action dans un mandat professionnel, sont, quotidiennement, au service de leurs concitoyens. Je mesure l’honneur qui m’est fait en recevant cette croix de l’ONM, ce qui est extrêmement rare pour un artisan-taxi. Nous ne sommes que deux en France avec mon collègue-président du Rhône, même si d’aucuns diront que je suis bien trop jeune pour cet honneur…» Citant une phrase souvent répétée par son père «Les médailles ne doivent pas changer l’homme», Pierre Bouffart salua toutes celles et tous ceux qui l’avaient accompagné, jusqu’à ce jour, dans sa carrière, bien loin d’être arrivée à son apogée, et il termina sur une citation de Philippe Pollet-Villard qui est son credo quotidien dès qu’il attaque une course «Dans un voyage, ce n’est pas la destination qui compte, mais toujours le chemin parcouru». Nul doute que le sien, celui parcouru par Pierre, le taxi solognot, n’est qu’au début de la longue ligne droite qu’il suivra, sans excès de vitesse, pour son métier, ses collègues et le Loir-et-Cher. Cet homme ira loin et il continuera, tous les jours, à apprendre, car il en a soif. Que sa route soit la plus longue possible! Lancez le compteur, accrochez vos ceintures, on démarre.

Jules Zérizer