« Qui en juin se porte bien, au temps chaud ne craindra rien. » Et si seulement le dicton pouvait dire vrai, ce serait plus gai, après qu’un ciel de coronavirus nous soit tombé sur la tête l’an dernier. Le passé meurtrier serait derrière nous, et chacun croit en un été davantage enjoué, la vaccination cheminant. Premiers signes de frétillement, le Loir-et-Cher continue son show à rebondissements, braquant de façon persistante le feu des projecteurs sur son territoire. Les candidat(e)s aux élections (départementales et régionales) des 20 et 27 juin braillent toujours autant. Plus guillerettes, les cigales de TF1 ont, elles, cymbalisé des “Chansons de l’année” au château de Chambord le 5 juin avec Nikos Aliagas à la présentation. En coulisses, ce dernier s’est assurément régalé car il s’avère être un photographe passionné ; nous avions admiré certains de ses clichés, exposés en grand format sur la Croisette en août 2020. En touriste, nous avons dû par contre nous déplacer, au château de feu François Ier car l’accès TF1 était limité, sauf si on cochait la case “Le Parisien”, “journal quotidien” et “TF1”. En novice, nous n’avons pas fredonné car de toute évidence, notre âge est passé et certains visages nous auront échappé. “Qui, vous dites ? Tayc ? Amir ? Plaît-il?” Mais parfois, le mauvais goût musical et la mauvaise foi électorale finalement peuvent être rassurants, telle une madeleine de Proust rappelant le temps d’antan avec ses repères, travers et voluptés. Mais c’est omettre un micro-détail angoissant qui hèle de manière récidivante le changement viral enclenché, perdurant depuis un an : ainsi, vous avez chanté ? J’en suis fort aise, vaccinez-vous maintenant ! Pour changer des sujets habituels, ma plume va narrer une virée de juin, un jour particulier. “Vis ma vie”… Particulier parce que j’allais être non pas tatouée, mais piquée contre le virus Covid-19. C’est moins fun que de l’encre noire mais sanitairement très tendance. Un créneau réservé sur Doctolib, et hop là. Enfin, hop… Cela ne se passe pas vraiment comme une lettre à La Poste, bien que la catégorie des plus de 18 ans-moins de 40 ans soit enfin accessible. Il faut trouver un centre, une date, et parfois ce n’est pas à côté, lorsque vous n’habitez ni à Paris ni à Nantes, mais en ruralité. Cette piqûre-là, de rappel, est sans appel concernant la désertification médicale du Centre-Val de Loire. Des dards d’incohérences également : à Blois, un rendez-vous est possible … uniquement pour une deuxième dose ! L’amuse-bouche au goût d’interrogations m’embarque donc vers le Nord, direction Vendôme. Une poignée de kilomètres très développement durable plus tard, le vaccinodrome est devant, le grand jour pour la bétaillère est survenu. In situ, malgré des préliminaires laborieux, le menu se déroule parfaitement, de l’entrée au dessert. L’organisation est rodée, militaire, superbement orchestrée. Certains bénévoles dérident malgré eux (“non, pas cette chaise, celle-ci, ici ! ce sont les derniers mètres de couloir si vous souhaitez faire demi-tour”, etc.), permettant involontairement de détendre les volontaires en attente de la piquouse d’un nouveau genre sur une chaise au milieu d’un hangar au plafond haut garni de boxes et quelques photos égayant. Le médecin rencontré nous aura impulsé un second temps de légèreté, en insistant particulièrement sur une question : “êtes-vous enceinte ? Non. Ok. Sûre ? Ok. Vraiment? ” Une interrogation en chassant une autre : “ vous prenez des traitements ? Une contraception, si oui, évidemment, donc vous ne pouvez être enceinte. ” CQFD. Même si on ne sait jamais. Bref, une esquisse de sourire masqué, sans temps pour penser. Le rythme est millimétré, votre bras tendu (lequel ? vous choisissez), et vous êtes vaccinée en moins de temps que de le prononcer. Moins d’une heure et voilà, c’est fait. Plusieurs papiers en poche (fiche d’effets indésirables à ne pas trop faire lire aux hypocondriaques, données transmises à l’Assurance maladie et attestation de vaccination provisoire à QR Code d’ici la seconde rasade), libérée, délivrée. Une épaule un brin endolorie mais en vie. Un ou deux cachets de paracétamol avant-après, même si l’effet n’est pas scientifiquement certifié. La suite mi-juillet. Circulez, le premier acte est terminé. Le questionnement peut perdurer avec tout ce qui est ici et là rapporté : “ suis-je un mouton ayant cédé aux sirènes? ”. Ce n’est pas complotiste, il n’y a pas non plus de somme promise pour un buzz anti. Il s’agit simplement d’un retour d’expérience, un parler vrai et des émotions sûrement ressenties par beaucoup face à un passeport de liberté inconnue, tantôt décrié, tantôt adoubé par les médias, réseaux sociaux et experts, Et puis… Si vous n’êtes pas encore vacciné(e), si ça ne va pas tarder ou si vous hésitez, prière de stopper votre lecture ou de sauter ce passage. Et puis, lever de rideau, un peu plus de 12 heures environ après ma première dose, la journaliste guerrière est fugacement tombée en pâmoison, y laissant un verre de lunettes. La violence est définitivement partout ! L’effet kiss cool ? Un lien avec le vaccin ou uniquement le fait d’un milkshake de circonstances (fatigue et angoisse mêlées) ? Ou sinon, possiblement, je capte désormais la 5G et cela nécessitait ce petit ajustement de réseau post-injection. Allez, rassurez-vous, seulement une seringue d’humour pour faire passer le Pfizer ! Les réactions du corps sont si diverses et variées, au même titre que l’humanité. Pique-moi si tu peux, si tu veux. Et tout de même, en amont de ma seconde inoculation : y-aurait-il un médecin dans la salle pour m’expliquer? Piquez encore, vous avez quatre heures et autant de feuilles de brouillon vaccinal à m’envoyer. Et j’oubliais : sérieusement, pensez à voter les 20 et 27 juin, avant ou après votre vaccin, hein !
Émilie Rencien