Pluie, sexe et politique


«Sea, sex and sun. » D’un coup (de gueule) d’un seul, la formule consacrée nous aura inspiré ce pastiche de saison, loin des actualités automnales, pas toujours bienheureuses, qui ne manquent pas (voile, Brexit, offensive turque en Syrie, taxe GAFA, etc.). L’été s’est en effet distancié, tout comme son soleil au zénith et les vacances sur la Côte d’Azur, pour laisser place aux feuilles mortes chutant au sol, accompagnées dans leur ballet virevoltant par un ciel chargé de grisaille. Nous revient alors en mémoire ce poème de Paul Verlaine que nous aimions inlassablement lire dans un recueil de poèmes aux pages jaunies par le temps qui inexorablement passe,lorsque nous étions encore en culottes courtes. « Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville… » Un changement de températures annonciateur d’un autre spectacle, brûlant pour sa part , celui des élections municipales à venir les 15 et 22 mars 2020. Il y a une poignée de mois, nombreuses furent les voix à se passer la rate au court-bouillon face au manque supposé de candidatures d’édiles. Fake news, à observer les postulants se précipiter massivement devant le jugement des urnes. Constat avéré dans le Loir-et-Cher, à Blois, Romorantin, Selles-sur-Cher, Mur-de-Sologne… Méthode Coué ? Ce qui est davantage inédit (quoique), ce sont les rumeurs qui accompagnent cette campagne 2019-2020. Non pas tant sur les candidats (quoique) mais plutôt sur la presse locale. Ainsi, nous avons eu l’ahurissante chance de voir nous parvenir ces bruits (plus que) de couloir, persistants, accusant ici une journaliste d’être estampillée « de droite, faisant la communication de ses copains »; incriminant là cette même journaliste d’être « amoureuse » (carrément, et encore, c’est la version prude rapportée) d’un élu volontaire au trône municipal. Inutile de préciser l’identité de cette journaliste, étant donné qu’elle écrit ces lignes. Nous ne remettrons pas sur le tapis déjà déployé dans ce même espace de libre expression, la main subtilement glissée au creux de nos reins, le furtif chatouillement de hanche au détour d’une conversation comme pour indiquer qu’on est inclus dans les familiers, la remarque s’enquiérant gentiment de « oui on non, en tant que jolie femme, jouez-vous de vos charmes pour obtenir des confidences? », ou encore le « je ne vous espionne pas sur les réseaux sociaux mais on me rapporte que… ». Nous avons omis le fameux « bonne soirée ma chérie » qui aura récolté notre stupéfaction, gratifiée d’un naturel « mais non, mais si, c’est normal ». Nous nous abstiendrons de pointer du stylo sur la place publique les auteurs de cette élégante et raffinée poésie. Et, si certains sont sans doute « trop lourds » pour s’asseoir sur les genoux de la presse, ces mêmes s’avèrent sans aucun doute de surcroît trop lourds, tout court. « C’est parce que c’est la province, c’est affectueux comme sa fille, » expliciteront d’aucuns. Hum… Bien évidemment, nous préférons nous en esclaffer plutôt que larmoyer -cela peut être amusant de prime abord – y compris avec les intéressés, bien que nous ne savons pas toujours où nous situer lorsque l’équivoque survient et pire, s’invite par récurrence : répondre avec acerbité ou simuler l’indifférence ? Nous réitérons la question maintes fois soulevée dans ces colonnes : toutes ces allusions parfois teintées de semonces déguisées seraient-elles assénées si nous étions dotés d’attributs masculins ? Et est-ce un crime d’avoir des amis de longue date qui, parfois, au hasard de la vie professionnelle et des circonstances, côtoient un milieu politisé ? Le raccourci est parfois cursif. Certes, ces « attentions » sont flatteuses et lorsqu’il arrivera le moment où nous n’en recevrons plus de cet acabit, nous pourrons nous interroger sur notre sex-appeal. Nous ne sommes pas non plus chastes au point de ne plus accepter aucun compliment à faire rougir, de renoncer à porter une robe seyante; notre volonté n’est pas non plus de châtrer. Nous aussi, nous avons été dotées d’une paire d’yeux pour noter un regard bleu outremer ou bien un torse musclé. «It’s raining men, alleluia » ! Néanmoins, nous avons en sus des oreilles pour entendre les boniments des langues déliées, alors trêve d’ironie et de plaisanteries provocatrices, messieurs, soyons plus sérieux et moins graveleux, et préférons les idées politiques aux considérations érotiques et égotiques. L’ensemble dépeint est de manière déplorable un peu (beaucoup, à la folie) à l’image de la campagne électorale locale, au niveau du caniveau. Un peu de légèreté dans ce monde de brutes ne mange pas de pain mais ne doutons pas que de bonne guerre, le débat avant le scrutin s’élèvera incessamment. Au-dessus de la ceinture, de préférence, quand il cessera de pleuvoir des hallebardes sexuées.