Politique : À gauche, Blois, base forte de préparation élyséenne


Pour la deuxième année, le Parti socialiste a amorcé sa rentrée dans le Loir-et-Cher, dans la ville préfecture, avec un Campus d’été, du 27 au 29 août. Sur place, la grande invitée, Anne Hidalgo, maire de Paris, qui n’a pas réalisé d’annonce officielle, fut adoubée par les siens, apparaissant parée pour un sprint présidentiel.
«Dans un an, nous nous retrouverons à Blois, avec Mme la Présidente de la République !». Comprenez derrière les masques, Anne Hidalgo. Bien que de temps à autre décriée par sa capitale, l’édile parisienne a nourri à Blois applaudissements d’espoir et sourires appuyés fin août lors du Campus PS d’été blésois. Évidemment, il convient de ne pas mettre les éléphants avant les boeufs. Il faudra attendre le vote des militants, soit une primaire fermée et interne, pour savoir quel ou quelle candidat(e) pourrait faire entrer en 2022 les socialistes à l’Elysée. Le Premier secrétaire du parti, Olivier Faure, qui a précisé ne pas “avoir entamé une carrière de dictateur”, a qualifié d’« usine à désillusions » toute primaire dite classique et ouverte. Par ailleurs, l’harmonie unanime était relative car à l’extérieur de la Halle aux grains de Blois où était présenté le projet présidentiel socialiste (articulé autour de la justice sociale, démocratique et écologiste), l’édile du Mans, Stéphane Le Foll criait à l’envi ses regrets autant que ses velléités, déplorant une absence de débats tout en vantant sa propre candidature qu’il estime « de clarification » Un caillou dans la chaussure ? En point presse, Anne Hidalgo aux nues, aux côtés de Marc Gricourt, maire de Blois aux anges, entourés du président de région Centre-Val de Loire, François Bonneau, s’est contentée d’affirmer « laisser la comédie du pouvoir aux autres ». Olivier Faure, qui avait pourtant spécifié vouloir « accorder du temps à la presse locale », a amorcé une réaction mais à l’évocation du patronyme, a rapidement refermé l’entretien face visiblement à une question fâcheuse. Il faut dire que l’élu sarthois précité,en 2020, affirmait haut et fort la mort du PS, gênant… Inutile de parler non plus des écolos se sentant parfois mis de côté. Pendant son discours 2021 à Blois, Olivier Faure, haranguant l’universalisme républicain rose, s’est montré d’ailleurs peu tendre avec la vague verte. «Les écologistes ont incontestablement émergé. Mais la vérité électorale n’est pas celle d’une submersion verte. Aujourd’hui, la principale force à gauche, ce sont les socialistes !»

Retrouver le souffle mitterrandien de 1981 ?
En définitive, le “X” de l’équation réside dans les voix du premier parti de France, l’abstention qui ne veut plus de nuits sans lendemains… Quoiqu’il advienne, au milieu des discordes et batailles d’egos, ici comme ailleurs, l’ennemi juré est Emmanuel Macron. Le PS envisage donc de « porter une alternance qui soit une alternative pour un 2022 qui résonne comme un nouveau 10 mai 81 ». La barre est haute, et une main de fer dans un gant de velours assurera-t-elle cette force de frappe, sans les épines ? «Le socialisme, c’est forcément être féministe. Les femmes ne peuvent plus être juste considérées comme supplétifs des hommes, » avait martelé Olivier Faure à Blois en 2020 lors du “Rendez-vous de la gauche d’après”, toujours à Blois. Une figure féminine, Anne Hidalgo, est justement sortie du bois et la messe fut à nouveau dite à Blois. Ils et elles l’auront assuré, avant leur Congrès de Villeurbanne, dans le Rhône, prévu mi-septembre. «Notre renaissance passe par les territoires. Et vraiment, quelque chose s’est passé cet été dans la ville de Marc Gricourt.» L’an 2022 dira si le frémissement local deviendra un éléphantesque national. Voire européen : le PS a souhaité dans le Loir-et-Cher sa future victoire, et plus largement celle de sa voisine, l’Allemagne, avec l’espoir nourri par l’arrivée escomptée du social-démocrate Olaf Scholz dans le fauteuil de chancelier, après l’arrêt annoncé d’Angela Merkel.
Émilie Rencien