Romorantin : Colonna, la CGT locale « inquiète »


Des licenciements sont attendus à Romorantin (80 au moins) d’ici la fin janvier, suite à la résiliation d’un important contrat de prévoyance de la branche HCR (cafés-hôtels-restaurants) qui liait le courtier Colonna aux instituts Klesia et Malakoff Humanis À force de l’écrire, personne ne l’ignore plus. Fin 2023, des salariées ont pris la parole dans la presse, interpellant ces mutuelles pour qu’elles leur soumettent des propositions d’emplois et de reclassement, et déplorant également une absence d’action du syndicat CGT. Ce dernier répond.
L’Union locale CGT de Romorantin avait pointé en 2023 de son curseur “l’inaction de l’entreprise Colonna” et deux salariées, elles, Patricia Maligne et Sylvestre Figea, lui ont retourné le compliment réciproquement, depuis, dans nos pages (www.lepetitsolognot.fr/romorantin-licenciements-chez-colonna-ou-en-est-lentreprise). Cette même CGT se défend par conséquent en ce début 2024 en retour. « Nous ne sommes pas des menteurs, nous avons reçu des salariés ! Colonna nous a rencontré en mars 2023. Nous avons mis en place des relations, nous avons rencontré les membres du collectif constitué (et dissous depuis, ndlr) à ce moment-là ! Nous avons tenté de négocier, localement, mais la porte du patronat était fermée. Sans oublier que depuis 2020, tout le monde savait, y compris les élus. Avait été organisée une réunion en mairie,» affirme Pierre Bertoux. Sii les salariés semblent satisfaits de l’accord PSE (plan de sauvegarde pour l’emploi) conclu, la CGT ne l’est pas. «Ce n’est pas convenable, le PDG Xavier Colonna n’a pas pris son sac à dos pour dénicher de nouveaux marchés après la perte du contrat HCR avec les mutuelles Klesia-Malakoff qui ont réattribué le dossier à Dioti-Siaci » déplore Pierre Bertoux et martèle. « Pendant six ans, ces deux institutions ont fait passer à la société Colonna de multiples offres, bien supérieures à celles du marché, mais toujours refusées. Et depuis 2020, c’est un règlement de comptes en mode OK Corral entre la famille Colonna et un ancien collaborateur devenu courtier… Mais personne n’ose le dire, alors que chacun sait. On signe et persiste dans notre pensée, nous disons que c’est pour ça qu’on en arrive à cette situation de licenciements aujourd’hui. » Le directeur de Colonna Romorantin, Mathieu Naquin, a toujours démenti ces différentes informations. Après recherches, un article de presse de l’Argus de l’assurance (https://www.argusdelassurance.com/), daté du 10 novembre 2020, relate pourtant ce premier bras de fer. Est-ce vraiment lié ? Pierre Bertoux le croit, maintient.

 » Tout le monde ferme les yeux « 
Quoiqu’il en soit, quoiqu’on en pense, de toutes les manières, les licenciements sont actés chez Colonna et les salariés vont payer la facture. Le Cgtiste insiste encore : «Klesia et Malakoff ont proposé des offres de reclassement. » Cependant, Colonna a démenti, tandis que ces mêmes Klesia et Malakoff n’ont pas souhaité répondre à notre question. L’essentiel du sujet, encore une fois, n’est-il pas au final, plutôt que les bisbilles en coulisses qui existent ici comme ailleurs, celui des postes supprimés ? Là aussi, M. Bertoux, ancien de chez Matra, dénonce « d’autres solutions possibles que licencier, la réduction du temps de travail par exemple,» ainsi que, selon lui, « un plan de sauvegarde négocié a minima qui va fragiliser l’entreprise ». Le délégué syndical dresse un parallèle avec la fin de Philips à Lamotte-Beuvron. « Ça a commencé comme ça, plusieurs plans avant la fermeture définitive. Nous craignons surtout le risque d’une fusion-absorption des divers groupes, puisque le nouveau directeur développement de Colonna vient de chez Diot-Siaci, le concurrent qui a récupéré le contrat perdu par l’entreprise de Romorantin,» et appelle donc « les salariés de Colonna à se mobiliser car il n’est jamais trop tard pour contester». M. Bertoux ajoute : « outre Colonna, au total, ce sont environ cent emplois qui vont être perdus sur ce bassin d’emploi déjà sinistré et tout le monde ferme les yeux ! ”, énumérant la casse à venir chez Stal industries et Velecta à Romorantin, Leda à Selles-sur-Cher et Painsol à Salbris. “Nous émettons donc le voeu de continuer en 2024, de nous battre pour les questions de salariat et les privés d’emploi. La transformation de Pôle emploi en France Travail fait partie de nos autres préoccupations de début d’année.»
É.R.