Romorantin : La plateforme Catella expliquée, avant enquête publique


C’est une conférence de presse bien préparée qui était organisée le 8 novembre dans la salle du conseil de la mairie de Romorantin. Le projet a été détaillé en long, large et travers, pour « donner la vérité », selon son maire.
Depuis trois ans et un compromis de vente signé en juillet 2019, le dossier SoLog, porté par l’investisseur Catella Logistic Europe (filiale de l’aménageur suédois du même nom), nourrit les ambitions d’avenir de la communauté de communes du Romorantinais et du Monestois, en termes d’emploi et d’attractivité notamment. « Un projet logistique innovant et durable, à rayonnement régional et national”, annonce d’ailleurs d’emblée le nouveau dossier de presse 2022. Après une première présentation en janvier 2020 plantant le décor, la deuxième conférence du 8 novembre 2022 s’est voulue plus précise. Le cheminement juridique et urbanistique, les emplois et les compétences recherchées, ainsi que la préservation de la biodiversité ont en effet été abordés ce jour-là. En résumé, sur une parcelle de 18 ha ouverte et ne nécessitant pas de déboisement, sur la zone d’activités des Grandes Bruyères, à la sortie autoroutière A85, sur les communes de Romorantin et de Villefranche-sur-Cher, Catella, qui veut y investir environ 50 millions d’euros, prévoit toujours l’installation de deux plateformes, A et B (l’une de 44 265 m2 et l’autre de 27 915 m2). Qui les occupera ? Toujours pas de noms. “Il est difficile de dire pour le moment, car il reste encore du temps pour avoir des engagements fermes, mais oui, des intérêts se sont manifestés. Elles seront multi-utilisateurs, les surfaces seront divisibles en fonction des besoins. Pourquoi ces plateformes maintenant ? Il y a 20 ou 30 ans, il était possible de stocker sur des lieux de production. Ce n’est plus le cas depuis l’évolution de la réglementation.Il faut donc penser des infrastructures qui permettent ce stockage dans de très bonnes conditions. Et puis, la position géographique au barycentre, du Centre-Val de Loire, est intéressante pour les distributeurs, » a indiqué Catherine Savart, directrice de développement Catella Logistic Europe. “Cela va rapporter 2,2 M€ à notre collectivité (le montant acté lors du compromis de vente, ndrl). C’est une plateforme nouvelle génération et Catella finance 500 000 euros de compensation environnementale, avec un engagement de 30 ans. C’est un projet ambitieux, avec 250 embauches en 5 ans a minima, selon l’estimation actuelle globale (préparateur de commande, magasinier, cariste, data-miner, RH, etc.), avec des perspectives d’évolution et de formation,” a insisté le maire de Romorantin et président de l’intercommunalité, Jeanny Lorgeoux. Un espoir en somme de renaissance industrielle et économique très attendue par un territoire solognot qui est soutenu par l’État depuis 2018 dans le cadre du plan « Territoires d’industrie », après les cendres du chapitre Matra clos au début des années 2000.

L’élu Lorgeoux entend « gagner cette bataille-là”
Pour convaincre les sceptiques, écologistes et anti-plateformes, Mme Savart a en sus longuement détaillé les attentions accordées à l’environnement : entre autres, panneaux photovoltaïques sur les bâtiments pour une production d’énergie locale, bosquets et haies vives pour favoriser la fréquentation de la faune, arbres et espèces locales qui résistent au réchauffement climatique et la sécheresse, réutilisation des eaux pluviales, merlons pour atténuer le bruit pour deux habitations à proximité. “Nous voulons nous inscrire de façon durable et positive dans les territoires, » a martelé la directrice de développement pour Catella qui a donc par ailleurs signé une convention tripartite avec le syndicat d’aménagement du bassin de la Sauldre et la ville de Romorantin pour soutenir le projet de reconquête écologique des prairies de l’Arche, dans la vallée de la Nasse, au nord de Romorantin (le projet d’un nouveau E. Leclerc n’avait pas, il y a plusieurs années à l’arrière, abouti sur cet endroit pour ces raisons évidentes de nature biodiverse, ndrl). Si tout se passe bien, l’ensemble de deux plateformes, sera opérationnel sur site, en 2024, après un an de travaux, et aussi et surtout une enquête publique d’un mois en 2023, comme le veut la procédure de ce type de dossiers. La plateforme Idec prévue à Lamotte-Beuvron ayant rencontré un récent stop (Cf. page 10), celle de Romorantin y échappera-t-elle ? La configuration n’est sans doute pas la même, bien qu’il existe ici aussi des opposants à ce genre de structures,en témoigne une réunion de fin octobre à l’initiative de l’association Romo citoyenne, en présence d’élus (LFI et DVD), et du collectif militant Luttes Locales Centre. «Nous tenons à l’équilibre de notre zone d’activités : il y aura Catella, mais aussi des entreprises industrielles (dans un secteur de tradition de mécanique de précision), et nous songeons également à une implantation touristique. Notre projet est vertueux, spécifique à notre territoire, ce sera la seule plateforme comme ça et ce sera à Romorantin. Mon bureau est ouvert; tous ceux, toutes celles qui veulent avoir des informations, qu’ils viennent me voir. Il faut argumenter sur le fond, regarder le dossier, les faits et les volontés pour ne pas s’opposer systématiquement; tous ceux, toutes celles qui sont dans l’anathème, ce n’est pas sérieux. Il y a aura un temps de débat, démocratique, et c’est normal, mais je ne vois pas comment on pourrait avoir un avis négatif. Si nous avons des recours, nous serons là. Je suis sûr que cette bataille-là, je la gagnerai cette fois !» a conclu Jeanny Lorgeoux, faisant sans doute allusion à la sortie de terre avortée d’un Carré des marques, esquissé en 2007 pour déjà revitaliser la Sologne en difficulté. En insistant. «C’est un projet spécifique qui concilie l’activité humaine et l’exigence environnementale. »
É. Rencien